Arte Flamenco et Maria Pagés content le temps


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Publication PUBLIÉ LE 03/07/2018 PAR Solène MÉRIC

Ils sont nombreux les artistes flamencos à se considérer chez eux, quand ils viennent se produire sur la scène d’Arte Flamenco. Une implantation au fil du temps, des artistes sur scène et en spectacles, immortalisés bien sûr sur les murs du Musée Despiau-Wlérick, jusqu’au 22 juillet. Les plus grands, et les désormais absents (signe de la longévité du festival s’il en est…) sont là. Mais cet enracinement se joue aussi, et peut-être surtout, en dehors de la scène. Regards, sourires ou éclats de rires piégés dans l’objectif des 13 photographe exposés, rappellent aussi qu’en coulisses, lors des stages ou dans les rues montoises, artistes, stagiaires et anonymes, chacun s’approprie et célèbre à sa manière ce Flamenco que Mont-de-Marsan attend chaque première semaine de juillet avec impatience. Des clichés comme autant de sensations et sentiments mêlés dégageant une mémoire diffuse mais commune du Festival.

Exposition ''Instantanés, 30 ans de Festival Arte Flamenco vus par les photographes'' jusqu'au 22 juillet 2018 au musée Despiau wlérick de Mont-de-Marsan


« Je donne au temps une autre interprétation »Au chapitre de la mémoire, la représentation, du spectacle de Maria Pagés, Una Oda al Tiempo, restera sans doute longtemps dans celle des festivaliers présent lundi à l’espace françois Mitterrand. « Il n’y a pas de hasard reconnaît Sandrine Rabassa, la directrice artistique du Festival Arte Flamenco. Ce spectacle, Una Oda al Tiempo (Une Ode au Temps), nous en parlons depuis 2 ans avec Maria Pagès. » Un beau cadeau d’anniversaire pour le Festival et son public de la part de l’artiste internationalement reconnue et très fidèle du Festival. Un cadeau que la chorégraphe et danseuse de 54 ans, offre sous forme de réflexion sur la mémoire et le temps présent. « La question du temps préoccupe l’humanité depuis toujours, et moi avec l’âge avançant, je donne aussi au temps une autre interprétation, je lui sais des limites, je le ressens plus court… », expliquait-t-elle quelques heures avant la représentation. Une réflexion qui embrasse aussi le temps ou plutôt l’air du temps, violent et en perte de sens de la société d’aujourd’hui, sans oublier le temps dans le flamenco. « On évoque toujours le flamenco de la mémoire, le besoin de s’inspirer des grands maîtres avant nous, mais en parallèle il y a une évolution très forte _ qui n’a jamais été aussi forte_ du flamenco contemporain, avec des choses et des mouvements très intéressants », souligne-t-elle.

Una Oda Al Tiempo - Compagnie Maria Pagés - Arte flamenco 2018


Chants primitifs, presque tribauxAutant de réflexions partagées avec l’écrivain marocain, El Arbi El Harti co-directeur artistique du projet au côté de la grande bailaora, qui s’est aussi inspiré de pensées et penseurs philosophiques ou littéraires : Platon, John Cage, Marguerite Yourcenard… Une richesse intellectuelle qui nourrit un spectacle qui ne déçoit pas.
Avec ses excellents partenaires de scènes, 8 danseurs et 7 musiciens, Maria Pagés qui danse avec tout son corps et toute son âme, illumine, une fois encore la scène montoise, le tout dans un décor minimaliste essentiellement composé d’un grand balancier de pendule éclairé à la manière d’un astre tantôt solaire, tantôt lunaire, et parfois éteint. Métaphore en lumière du rythme, du temps, et de la vie de ceux qui le traversent et le subissent. Côté cante, tous les « palos » (rythmes) sont là : solea, seguiriya, taranta, alegrías, tientos, tangos, guajiras… Si une danse et un chant primitifs, presque tribaux ouvrent le spectacle, le mouvement évolue au fil de la soirée incluant les traditionnelles bata de cola (longues traînes de robes flamenca) et castagnettes, jusqu’à un flamenco au baile très contemporain, sans oublier une manipulation du châle impressionnante de rapidité par la Bailaora sur l’Eté des Quatre saisons de Vivaldi. Une des deux intégrations de musique classique du spectacle, qui en soit d’ailleurs, démontre tout l’art de Maria Pagès à savoir faire des pas de côté. Un pas de côté (au milieu de tant d’autres) pourtant si bien intégré à la construction d’ensemble du spectacle et des cantes.
Dans l’histoire flamenca et dans le temps Maria Pagès est une danseuse et chorégraphe majeure du flamenco. Avec son Ode au temps, marquée par des tableaux et des trouvailles chorégraphiques très esthétiques, elle le reste. Définitivement.

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