Arte flamenco: révélation et Révélations jeudi soir au café Cantante


Susana Girón - Oìscar Romero - Alejandro Espadero
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2019 PAR Solène MÉRIC

Maria Moreno, n’est pas de ces artistes flamencos issus de familles de grandes traditions. Mais, de Cadix (ce qui est déjà une bonne base…), la grande famille artistique du Flamenco l’a largement prise sous son aile. C’est le cas notamment d’Eva Yerbabuena, ou encore Andres Marin, les deux « parrains » de la jeune femme dans la création de son premier spectacle « De la concepcion », avec lequel elle a remporté le prix de la révélation (baile) de la Biennale de Séville 2018. Concernant la soirée de jeudi, la révélation de l’artiste auprès du public montois est à entendre au sens le plus religieux du terme, tant la découverte fut grande et belle. Et pour cause, dans ce spectacle la jeune femme se livre entièrement, ne quittant pas la scène durant l’heure et quart que dure la représentation. Même les rapides changements de costumes se font sous l’oeil des spectateurs. Une présence continue de l’artiste sur scène qui est assez rare en matière de baile pour être signalée.

 

Maria Moreno sur tous les cheminements de l’âme

Maria Moreno spectacle ''De concepcion'' sur Arte Flamenco 2019

Un engagement physique quasi non stop impressionnant au service du baile et du public, qui n’enlève rien à la qualité de la proposition. De la première minute, à la dernière seconde, pas une trace de cette chaleur étouffante, qui envahissait la salle, et sans doute plus encore la scène, sous les projecteurs et dans l’effort de la danse.
« De la concepcion », c’est une heure quinze de plaisir et de sentiments mêlés portée par un flamenco convoquant la tradition, mais toujours sous le regard et la pratique d’une jeune femme de son époque. Une certaine forme de contemporanéité est donc bien présente, ne serait-ce que dans les mises en scène, le choix de certaines musiques (tambour tribal se mêlant à des sonorités électroniques en début de spectacle), mais aussi dans son baile, entre poses ou lenteurs quasi méditatives, ou un retour au sol assez régulier. Pour autant, le format du spectacle reste « classique », proposant, en 5 tableaux, un large panel de palmas (rythmes flamencos) des plus graves aux plus légers. La danseuse passe en effet par tous les cheminement de l’âme entraînant avec elle et sans mal le public. De la gravité jusqu’à une certaine furie, de la séduction légère à la provocation aguicheuse, mais aussi la légèreté, la douceur, voire la candeur et une pointe d’humour sont de la partie.
Outre son baile irréprochable sachant manier les extrêmes autant que la gracieuse nuance, Maria Moreno possède une expression et un sens de la dramaturgie sans pareil. Mais peut-être tient-elle cela de la Yerbabuna dont elle a fait partie de la compagnie, avant de se lancer en solo. Empruntant un chemin de plus en plus lumineux au fil de son spectacle, celui-ci se termine par une démonstration à la fois légère et rayonnante d’un baile alliant bata de cola et châle de couleur pâle qu’elle manie avec dextérité et élégance sous les projecteurs, offrant la vision d’un papillon de lumière. Une Révélation, comme on se les imagine, nimbée de lumière à la fois humble, et fière.

José Valencia: don de soi, Révélation, Duende peut-être… 

José Valencia

Humilité mais aussi fierté typiquement flamenca, c’est également l’image que donnait à voir le cantaor maestro José Valencia, que Mont-de-Marsan et Arte Flamenco connaissent déjà très bien, et accueillent toujours avec enthousiasme. Et pour cause, par sa voix et son coffre puissants, José Valencia dans sa recherche éternelle de fidélité au cante jondo, atteint les âmes, rien de moins. Quant à sa fidélité à la tradition, son dernier spectacle, « Con jerarquia » ne la dément pas. Bien au contraire, les racines gitanes sont là, entre puissance donc, volupté et grande technicité sur les traces de l’histoire de sa propre famille et du peuple gitan. De quoi couper le souffle aux spectateurs pour un artiste impressionnant par sa capacité à toujours prolonger la force et l’intensité de son chant, repousant toujours un peu plus tard, le moment de reprendre sa respriration. Car lorsque José Valencia chante comme il l’a fait hier soir pour le public d’Arte Flamenco, chemise ouverte, et trempé de sueur, s’est véritablement corps et âme qu’il se livre. Un don de soi c’est certain, une Révélation sans doute, l’indicible Duende peut-être… Un connexion en tout cas partagée, entre l’artiste et le public, l’un et l’autre ayant du mal à se quitter même une fois le récital terminé et la lumière de la salle rallumée.

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