Assia Djebar est venue rencontrer ses lecteurs à la médiathèque de blanquefort


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 03/02/2008 PAR Joël AUBERT


Max Véga-Ritter,professeur à l’Université de Clermont-Ferrand, écrit à propos de ce livre :
« Le dernier roman d’Assia Djebar, où le lecteur trouvera de nombreuses pages de sublime beauté, est un diamant aux mille facettes qui brillent de tous leurs feux, modestement, dans la pénombre d’une intimité algérienne. Loin des fracas et des fureurs du présent. Et pourtant, il recèle plus de vérité profonde qu’eux tous confondus. »

Nulle part dans la maison de mon père
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« Nulle part dans la maison de mon père » semble, à priori, très différent des précédents livres d’Assia Djebar, par son sujet, son écriture ; mais pourtant il s’inscrit dans l’oeuvre de l’écrivain du fait des thèmes qu’il aborde : être fille, être femme, dans un pays, l’Algérie, dont l’histoire, ancienne et contemporaine, est traversée de ruptures, de violences, de luttes.
Une histoire, la sienne, croisée à celle du pays, entre deux langues, deux cultures, deux moments, la colonisation et l’avènement de l’indépendance. Ce roman, puisqu’il se présente comme tel, Assia Djebar y livre une part intime d’elle-même, enfouie, mais dans laquelle on peut lire la genèse de l’oeuvre, de l’entrée en écriture, et qui éclaire le processus d’écriture.
Récit d’auto-fiction loin des auto-fictions françaises en vogue aujourd’hui, où l’écriture et la mémoire se nourrissent l’une l’autre. On a le sentiment à la lecture de ce récit, que l’écriture fait advenir, ressurgir la mémoire, la mémoire induisant elle-même une écriture qui s’élabore, se construit comme par vagues, comme le ressac de cette mer si proche, si tentante. Comme si la nécessité d’écrire cette histoire là, ce commencement là, était venue après avoir consacré des années d’écriture aux portraits multiples de femmes célèbres ou anonymes, mais toutes ayant partie liée avec l’Histoire, souvent tragique, d’un pays d’origine, aujourd’hui devenu lointain.

Quand la mémoire enfouie resurgit

Il y a le temps du récit mémoriel, avec les moments de l’enfance et de l’adolescence, du lycée, de l’avènement du drame qui constituera le point de rupture comme, peut-être, le point de départ de l’écriture.
Et il y a le temps, contemporain de l’écriture du récit, du questionnement sur cette mémoire enfouie qui ressurgit. Ces pages, magnifiques, lumineuses et sombres à la fois, sont comme une chambre d’écho du souvenir délivré, comme un prolongement du travail de mémoire, étiré jusqu’à rejoindre le présent dans une lecture, parfois douloureuse, de la vie passée.

L’écriture est comme tissée, cousue, et les évocations des personnages comme des lieux, sont autant de points qui ponctuent, articulent, dessinent les moments essentiels d’une vie restituée avec une sincérité profondément attachante, et dont l’écho se prolonge longtemps une fois le livre refermé.

Assia Djebar a comblé le public venu à sa rencontre en cette soirée hivernale, par sa présence généreuse, par l’universalité de ses propos, et par la lecture d’extraits de son livre qui n’a pu que susciter le désir de le lire chez ceux qui ne l’avaient déjà fait.

Hélène Rio

Fayard, novembre 2007.

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