Cairn : le Palois qui stimule notre mémoire


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 22/04/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette

 » Notre revendication est régionale, avec l’ambition d’amener le local à se tourner vers le global. Il ne s’agit pas de pratiquer du régionalisme étriqué  » explique cet éditeur, dont le regard s’enflamme dans un visage taillé à la serpe. Un curieux qui aime également dénicher les pépites.

Voyages dans les Pyrénées  » L’année dernière, nous avons par exemple fait paraître un texte que Victor Hugo a consacré à un voyage aux Pyrénées, de Bordeaux au Pays Basque, en passant par Gavarnie. Nous y avons ajouté un texte de Juliette Drouet, sa maitresse, qui l’accompagnait et qui écrivait, elle aussi. Celui-ci n’avait jamais été édité. Il était intéressant de réunir les deux documents. Car cela permet une nouvelle lecture de ces écrits « . Cairn s’est de même intéressé à un texte d’Alexandre Dumas sur le Gers.  » A l’époque, il était paru dans une revue. Mais, depuis, rien ne s’était passé « .

Dans un registre beaucoup plus contemporain, la maison d’édition va ressortir le récit que notre confrère Jean Eimer a consacré au voyage avec un âne dans les Pyrénées. Un clin d’œil à la truculente narration que Stevenson a fait au 19e siècle de son périple dans les Cévennes, aux côtés de l’obstinée Modestine. « Il s’agit de récits qui se déroulent dans notre région mais qui, par leur écriture, ont une dimension plus générale. Je ne veux pas m’enfermer dans une démarche identitaire communautaire. »

D’une ville et d’une histoire à l’autreLe terreau est riche, reconnaît-il. Cela n’empêche pas Jean-Luc Kerebel et ses collaborateurs d’aborder des genres très différents, tel le polar. La collection «  Du noir au sud » a ainsi été lancée, avec des titres cocasses du genre : « De la blanche sur le Somport », « Coup tordu à Sokoburu ».

Cairn, c’est également une grosse production d’ouvrages historiques, déclinés en plusieurs collections. Que ce soit pour raconter les villes (Pau, Tarbes, Lourdes, Bordeaux, Hossegor et l’on en passe), ou bien pour s’intéresser aux pays. La Bigorre a déjà été évoquée de cette manière. Le Pays Basque et le Comminges sont à venir. Sans oublier un thème qui tient à cœur à Jean-Luc Kerebel, celui de la vie quotidienne, telle qu’elle s’est déroulée à une époque donnée. Un chapitre spécial est consacré ici à la mémoire des villes, qu’elle soit ouvrière, militaire ou autre, tout comme à leur description par la photographie.

La boulimie n’est pas forcément un défaut en littérature. Des essais viennent aussi grossir ces bataillons d’ouvrages. Cela a par exemple été le cas avec le texte que José Cubero a consacré au camp de Noé, où des républicains espagnols ont commencé à être entassés, près de Toulouse. Avant que le site recoive les mêmes cohortes de prisonniers, juifs notamment, que le tristement célèbre camp de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques.

 » Mon salut passait par là « Au sommet de la pile, figure enfin ce que Jean-Luc Kerebel appelle les  » beaux livres « , tant par la conception que par le contenu. L’une de ses grandes fiertés a été suscitée par la parution d’un ouvrage consacré aux  » Maisons des Landes « , frère jumeau d’un autre livre réalisé sur le Pays Basque. Un soin jaloux a été apporté à l’impression et à la nature du papier travaillé chez un imprimeur spécialisé, Art & Caractère.  » Il n’y a pas un défaut, pas une pétouille  » s’enthousiasme  cet éditeur issu d’un milieu populaire où, raconte-t-il,  » on ne trouvait pas un bouquin « . La découverte d’une bibliothèque l’avait fasciné dans son enfance. « J’ai très vite compris que mon salut passait par là. »

 » La seule chose que l’on ne fait pas beaucoup, c’est la fiction  » conclut Jean-Luc Kerebel. Non par manque d’intérêt, mais parce que la France est un pays où les étiquettes ont la vie dure.  » Lorsque nous avons édité un livre de Bernado Atxaga, l’un des plus grands écrivains espagnols, traduit dans le monde entier, cela a posé un problème chez les libraires. Car ils nous avaient catalogué Patrimoine « .
Un même constat a été fait pour un texte de Marie Darrieussecq :  » La mer console de toutes les laideurs « .  » Pour nos interlocuteurs, c’était suspect. Ca n’entrait pas dans leurs cases. On n’en sort pas. C’est terrible. »

Pousser la porte des librairesLes libraires, Jean-Luc Kerebel les connaît bien pourtant. En plus de ses activités d’édition, Cairn se charge en effet de distribuer les ouvrages réalisés par une trentaine de ses confrères d’Aquitaine et du Midi-Pyrénées.  » Car les éditeurs savent faire des livres. Mais ils ne savent pas les vendre. J’ai donc souhaité que l’on maîtrise toute la chaîne. « 
Dans un pays où le livre souffre ( » Chaque année, les ventes baissent de 4% alors que la production reste stable « ), cette stratégie a du bon.  » Pousser la porte des librairies permet d’avoir un contact avec les professionnels, de mieux connaître les attentes des lecteurs et d’obtenir un retour immédiat sur le livre « . Sans dialogue, il n’y a pas de salut.

Le site internet des éditions Cairn

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