Cenon: Le Rocher de Palmer un an après, premier bilan entre réussites et attentes nouvelles


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/11/2011 PAR Malika Ouaddah

Avec le Parc des coteaux, on savait la rive droite dotée d’un poumon vert; la voilà désormais pourvue d’un cœur culturel devenu incontournable dans l’agglomération bordelaise. Mais plus d’un an après son ouverture, le bilan est contrasté. Si le lieu se révèle un formidable outil socio-éducatif, une partie de la population n’y trouve pas encore son compte. En cause : des tarifs perçus comme élevés et une programmation jugée « élitiste. »

A 63 ans Marie-Hélène compense une maigre retraite avec un emploi d’auxiliaire de vie. Elle n’a jamais mis les pieds au Rocher. Pourtant ce n’est pas l’envie qui lui manque. Elle explique: « je m’intéresse à la vie culturelle, je m’informe en écoutant la radio mais je n’y suis jamais allée; c’est trop cher ». José a 23 ans, il est commerçant. Lui non plus ne s’y est jamais rendu. Pourquoi ? « Parce qu’il n’y a pas la musique que j’écoute, j’attends que ce soit la catégorie que j’aime ; la musique espagnole andalouse, le flamenco».

Une certaine intimidation sociale est également à l’œuvre  chez des habitants qui n’ont pas tous les clés pour décrypter les lieux. Autant de griefs qui reposent sur un malentendu originel portant sur la vocation du site. Beaucoup d’habitants ont en effet pensé, à tort ou à raison, qu’il leur était exclusivement destiné.

Un coût pour les associations mais des entrées en plus
Idem pour les associations qui se sont heurtées aux réalités économiques d’une salle de grande ampleur et qui ont dû mettre la main au portefeuille pour pouvoir y organiser des événements. Bernard Fabre, le président de la biche d’or, une institution à Cenon, en a fait l’expérience. Son association a dû augmenter les tarifs d’entrée de ses spectacles pour compenser la location de la salle.

Réponse de Patrice Claverie directeur de l’EPLC qui gère l’équipement: « les associations  peuvent s’en sortir avec le nombre d’entrées qu’elles font. Se produire au Rocher leur donne plus de visibilité et les oblige à  présenter des spectacles de qualité ». Un avis partagé par Alain David, le maire de la commune qui qualifie d’excellent le bilan de la salle qui permet selon lui « aux associations de se transcender ».

50 partenariats avec les structures locales

Pour autant, l’équipe du Rocher a su trouvé un compromis en ouvrant ses portes à un public très diversifié pour des usages variés. Depuis son ouverture, le bâtiment rouge et noir a accueilli quelques 100 000 personnes. Un public drainé par les concerts mais pas seulement. Etablissements scolaires, associations, centres sociaux, institutionnels ou encore entreprises ont investi les lieux. Un véritable « pôle de rayonnement culturel qui a rempli ses objectifs en accueillant de nombreux habitants, associations et événements » selon le maire de Cenon.

Pas moins de 50 partenariats ont ainsi été signés avec des structures locales, avec des résultats plutôt encourageants, grâce notamment à un travail d’accompagnement avant les concerts. C’est l’avis de Sophie Petit, animatrice auprès de familles en grandes difficultés au centre social de la Colline à Cenon : «l’atelier de découverte d’instruments africains a été un moment fort pour les familles. Une bouffée d’air frais  qui leur a permis de sortir des problèmes du quotidien. En plus, ce n’est pas juste de la consommation, c’est de l’éducation, le type de partenariat qui se rapproche le plus de notre travail au centre social ». Même son de cloche chez Gérard Clabé enseignant au lycée Elie Faure à Lormont qui salue le volontarisme de l’équipe « qui a permis à  environ 300 élèves d’assister à un spectacle pour seulement 5 euros  avec des effets pédagogiques indéniables ». 

Si ces  professionnels plébiscitent l’outil, pour d’autres en revanche, il est trop tôt pour dire si ces partenariats portent leurs fruits. Car même si le succès dépasse les espérances de Patrick Duval, le directeur artistique du Rocher, il faudra encore du temps pour réussir le pari de la mixité. En attendant, dans un pays où  des décennies de politiques culturelles n’ont pas gagné le pari de la démocratisation, le Rocher de Palmer pourrait tirer son épingle du jeu, car il contribue fortement à dynamiser la rive droite et à la sortir de son ornière.


Malika Ouaddah

1.o2Radio, 91,3 FM, consacrera sa mensuelle des quatre médias ce 10 novembre au Rocher, un an après avec Alain David, Patrick Duval, Patrice Claverie ( diffusion à dix neuf heures)

 

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