Claire Gloaguen, trois identités, une seule femme, une seule artiste


Anna Bonnemasou Carrere
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/06/2019 PAR Anna Bonnemasou

Née à Bordeaux, Claire Gloaguen est revenue aux sources, après 17 ans passés dans la capitale. Un retour sur les rives bordelaises de la Garonne nécessaire à son travail d’artiste peintre plasticienne. Ses idées nées dans un espace confiné, avaient besoin d’espace pour prendre forme. C’est de ces apparitions, de la naissance de ses idées dont l’artiste autodidacte s’est entretenue avec les chalands, les amateurs d’arts de passage et les futurs acquéreurs lors du vernissage de l’exposition vendredi 14 et samedi 15 juin. l’artiste est revenue sur le début de sa carrière et l’évolution de son processus créatif. 

« Je n’étais pas sensible à l’art »

Comme pour beaucoup de professionnels reconnus par leurs pairs, c’est la rencontre avec son mentor qui va réveiller l’artiste en sommeil. Dans sa voix, se mêlent émotion et fierté au souvenir de ses débuts. Alors fraîchement diplômée, elle est jeune, belle, intéressée, mais la peinture ne la fait pas encore vibrer comme aujourd’hui. «Je n’étais pas sensible à l’art » assume t-elle. Et devant le travail de Laurent Dorchin, c’est le déclic. Elle rencontre le peintre qui verra en elle un fourmillement d’idées, et surtout, le potentiel pour les réaliser. L’artiste se rappelle encore l’achat de pigments métalliques, et le travail de ses trois premières pièces. «Je me suis lancée, se remémore la plasticienne, bien sûr le soir j’étais prête à tout jeter à la poubelle. Mais Laurent a refusé, et a su trouver comment les encadrer ». À peine exposés, les tableaux se vendent. On est en 2001, pour la jeune femme le changement de millénaire est aussi un changement de vie. C’est en autodidacte qu’elle se forme. Il lui faut donc imaginer, pratiquer, créer. Tout au long de son apprentissage Claire Gloaguen porte un soin particulier à éviter toute influence « Je tiens absolument à ce que mes idées proviennent exclusivement de mon imaginaire ».  

 Portrait évolutif par CG première version

 « Trois identités mais pas de schizophrénie !»

Un imaginaire riche et des idées qui se démultiplient, tout comme ses identités. À chaque nouveau concept elle se glisse derrière un nouveau pseudonyme. Ses premiers coups de pinceaux, ceux qui donnent vie à des œuvres abstraites et colorées, sont signés Clade. Ses gestes sont guidés par un fantasme. Rien de farfelu, mieux encore, c’est l’âme d’une enfant qui guide la femme. L’inspiration de ses premières pièces Clade la tire d’une scène du film Mary Poppins : lors d’une promenade la célèbre nourrice et ses bambins sautent « dans » un tableau peint au sol, et tombent dans un autre univers. Ils s’évadent. C’est cette évasion que la jeune femme souhaite offrir, rendre accessible, aux travers de ses tableaux. Que ses toiles soient une porte d’entrée vers un univers personnel dont tout le monde ne peut pas matérialiser, seul, l’accès. Et Clade est un premier pseudonyme pour son premier concept. Et des concepts l’artiste en développe plusieurs. « Trois identités mais pas de schizophrénie pour autant ! » rit-elle en expliquant ce choix. Tout d’abord « Clade », le nom de ses débuts, de ses toiles abstraites travaillées aux pigments métalliques et à la peinture acrylique. Ensuite elle enfile l’habit de « Cyen », pour le travail à quatre mains réalisé avec son mari Yohann Gloaguen, photographe et réalisateur. Puis enfin « CG » pour Claire Gloaguen, « il était temps d’en finir avec les pseudos » explique-t-elle.  

 Portrait évolutif par CG deuxième version version

« D’acquéreur à artiste »

Pour ce quatrième concept la plasticienne travaille le portrait. Une idée qui suit deux démembrements : un portrait en relief, et un portrait évolutif. Sur le premier l’artiste travaille avec des plaques de médium superposées qui affichent un visage tout en volume. Quand au second il s’agit de planches de palettes aimantées soutenues par deux lattes de bois. Un support particulier pour un portait peint au pochoir qui va pouvoir être déstructuré en décalant les palettes. À chaque fois l’idée est de casser la logique du faciès, tout en conservant l’esthétique du visage. Un concept de tableau évolutif déjà expérimenté par la bordelaise : quatre carrés que l’on pouvait tourner à volonté et qui proposaient au minimum quatre combinaisons différentes. Un défi technique que l’artiste relève sans problèmes : « Le procédé n’est pas facile à mettre en place mais c’est ça que j’aime bien ». Vous l’aurez compris Claire Gloaguen ne va pas à la facilité. Autre mérite à reconnaître à l’artiste, l’attention qu’elle porte à la perception de son travail par le public. Ses œuvres ont un véritable aspect ludique. Avec ces portraits modulables le collectionneur, se rêvant futur artiste, peut, à son tour, créer un nouveau tableau, et s’évader.

 Les œuvres de Claire Gloaguen, Cyen, Clade et Yohann Gloaguen sont exposées jusqu’au 31 juillet dans la galerie Carré d’Artiste, au 66 rue des Remparts à Bordeaux.

  

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