Dalí à la rencontre de Goya – exposition au Cellier des Chartrons à Bordeaux


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 23/10/2009 PAR Piotr Czarzasty
C’est en 1799 que Goya, alors peintre officiel du roi Charles IV, achève, après trois ans de travail, sa « collection d’Estampes à sujet de Caprices ». Il y dénonce une société espagnole décadente et corrompue sous la forme de 80 gravures mettant en scène des personnages tirés aussi bien de la réalité quotidienne de l’époque que de la pure imagination fantastique et spirituelle. Reposant sur l’ironie et la satyre, les Estampes abordent des thèmes qui demeurent tout de même atemporels, tels: la superstition, l’illusion de l’Amour, l’hypocrisie, la contrebande, la justice, la noblesse…

Les Caprices à la manière de Dalí
Presque 200 ans plus tard, Salvador Dalí, qui ne cachait jamais le fait de s’être souvent réapproprié les oeuvres d’artistes célèbres, décide de revoir les Caprices de Goya à sa façon. La relecture ou plutôt la « dalinisation » des Caprices s’effectue selon une méthode, que l’artiste nomme Paranoïaque Critique. En d’autres termes, une « méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l’interprétation-critique des phénomènes délirants ». Concrètement, Dalí se contente seulement de « coloriser » les gravures noir et blanc de Goya en y ajoutant des formes et personnages surréalistes, tout en gardant les traits des gravures originales.

Dalí à la rencontre de Goya

Pas de création sans imitation
« En même temps, il ne s’agissait pas de détruire l’oeuvre de Goya, mais de la compléter, la réinventer, à la manière dalinienne. », explique Serge Goldenberg. Superposées, les deux collections des Caprices donnent effectivement la sensation d’une certaine complémentarité, les gravures de Goya faisant figure de « croquis » pour celles de Dalí deux siècles plus tard. « Il était intéressant pour nous de mettre en avant cette collaboration inouïe qu’il peut y avoir entre deux artistes séparés par tant d’années. » On pourrait cependant s’interroger si l’on n’a pas affaire à du simple copiage. L’artiste lui-même se défend de manière astucieuse, en déclarant : « Ceux qui ne veulent imiter personne, ne créent jamais rien. »

Outre les Caprices, l’exposition tâche de mettre en valeur l’une des plus belles réalisations de Dalí. Parmi elles les incontournables Montres Molles qui furent, paraît-il, le fruit de l’observation d’un fromage dégoulinant sous la chaleur. On pourra retrouver une dizaine de tableaux « dalinisés » des Songes Drolatiques de Pantagruel, dont les illustrations avaient, pendant des siècles, été faussement attribuées à François Rabelais. L’on aura aussi l’occasion d’admirer les lithographies riches en formes et en couleurs des plâts copieux dépeints dans Les Dîners de Gala ou les nombreux Rois, Reines, Valets et Jokers défigurés dans la série Dalí Playing Cards.

Le règne du subconscient et le discrédit de la réalité
« Ce que je trouve personnellement fascinant chez Dalí, c’est sa qualité d’avoir été un peintre de notre subconscient, de ce qui reste dissimulé dans nos rêves et notre imagination. », avoue M. Goldenberg. « C’est le premier peintre à ne pas s’inscrire dans une continuité, il a sa propre démarche, les images réelles ne l’intéressent pas. C’est un peintre du cerveau. » L’artiste lui-même ne laissait pas de doute à ce sujet. Sa méthode paranoïaque-critique était ainsi censée « contribuer au discrédit total du monde de la réalité ».

Piotr Czarzasty

Informations pratiques

Cellier des Chartrons
41 rue Borie, Bordeaux
Tél : 01 30 27 31 31 ou 06 33 88 25 50
www.artcofrance.fr

Horaires
De 11h à 19h,
tous les jours du 22 octobre au 29 novembre 2009

Plein tarif : 8€
Tarif réduit : 5€
Gratuit pour les moins de 12 ans

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