Dans les coulisses de L’Alhambra, unique studio de post-production cinéma de la région


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/12/2019 PAR Anne-Lise Durif

« Lorsqu’on a ouvert la porte de L’Alhambra, on a eu l’impression que les derniers spectateurs étaient partis la veille », se souvient le producteur et fondateur de Cristal Groupe Eric Debegue, « il y avait une acoustique et une atmosphère incroyable ». A l’époque, il cherche simplement un lieu d’enregistrement avec son acolyte et ingénieur du son François Gaucher, après avoir été obligé de quitté leur studio à Fouras. Le maire d’alors, Jean-Louis Frot (1931-2018), leur laisse temporairement et à titre gracieux les clés de l’ancien cinéma désaffecté. « Au début, c’était un prêt de 15 jours. Finalement, on est resté ! », s’en amuse encore Eric Debègue. Les deux comparses finissent par racheter le site à la Ville, en 2005. Ils l’aménagent progressivement, tout en gardant les éléments architecturaux du cinéma, le cinéma étant classé à l’inventaire des Monuments Historiques pour son design 1950. Des studios d’enregistrements sont créés de part et d’autres de la scène, sous le grand rideau à réclames de l’écran. Les sièges rouges sont enlevés pour faire un parterre, mais quelques-uns laissés ça et là rappellent comme des clins d’œil le passé des lieux.

La salle de cinema a été aménagée en studios d'enregistrement

Rideau, sièges, moulures, spots, déco… Les anciennes traces de l’ancien cinéma sont toujours là.

Ensemble, les deux acolytes font de L’Alhambra un studio d’enregistrement de musique, d’où sont lancés différents labels musicaux, comme Cristal Records, 10h10 et BOriginal.  Aujourd’hui encore, les artistes de variétés françaises, de Christophe à Véronique Sanson, mais aussi des grands noms du jazz français et international, viennent y enregistrer tout ou partie de leur album, attirés par l’acoustique des lieux.  Des acteurs comme Pierre Arditi ou Antoni Cavada viennent également prêter leur voix de narrateur, pour des audio-livres notamment. Marie-Christine Barrault est ainsi venue immortaliser une soixantaine de « Martine ». « Depuis, c’est un peu la marraine des lieux », souffle François Gaucher. 

L'ingénieur du son François Gaucher, co-fondateur du studio

François Gaucher, ingénieur du son et co-fondateur des studios de L’Alhambra avec Eric Debegue.

Dans les années 2000, la crise du disque n’épargne pas Cristal Groupe. Eric Debègue ne voit pas d’autre alternative : « il fallait se diversifier tout en restant dans notre domaine de compétence ». Divers services sont développés, comme la mise à disposition d’un orchestre et l’enregistrement de musiques dédié à l’image. Progressivement, Cristal Groupe se fait une place dans le milieu du cinéma pour ses enregistrements de bandes originales. Depuis, les studios rochefortais mettent en musique une centaine de fictions et une quinzaine de long-métrages chaque année, comme L’Amant Double, en 2018, ou des séries comme les « Boulevard du Palais », « Julie Lescaut », « Clem » et, dernièrement, tous les «Meurtres à… » de France.

Poursuivant la diversification de ses services, Eric Debègue décide en 2016 d’adjoindre à L’Alhambra des studios de postproduction images et son à l’actuel studio d’enregistrement de musique.  Ca tombe bien, parce que la région Nouvelle-Aquitaine cherche à développer la filière cinéma sur son territoire. Elle apportera donc sa contribution financière (133 000€) à la refonte du studio en 2017, en complément du Fonds européens de développement régional (FEDER) et du CNC.

Eric Debègue (au centre) avait fait visiter à Alain Rousset les nouveaux studios en juin 2018, suite à l'aide de la Région

En juin 2018, Eric Debegue (au centre) avait fait visiter les studios agrandis et refaits à neuf à Alain Rousset.

Après un agrandissement et huit mois de travaux entre 2017 et 2018, L’Alhambra devient le premier studio régional de postproduction image et son, capable d’offrir sur un même site l’ensemble des équipements et des compétences nécessaires à toutes les opérations de post-production. Il est composé d’un auditorium de mixage cinéma, d’une salle d’étalonnage, d’un studio post-synchro et de 5 salles de montage image ou son. L’Alhambra assure désormais aussi bien l’enregistrement des musiques, sons et bruitages de films que le suivi et traitement des rushs, le montage des images et du son, le mixage, la conformation, l’étalonnage et le mastering. De quoi réaliser l’intégralité du montage d’un film une fois tourné. Pour les producteurs et les réalisateurs, passer par L’Alhambra est aussi un bon moyen de bénéficier des dispositifs d’aide à la production cinéma et audiovisuel portés par la Région et le Département. Depuis son inauguration en juin 2018, L’Alhambra a déjà accueilli plusieurs post-productions de documentaires, de bandes annonces (festival du film d’aventure de La Rochelle, l’expo Climat-Océan) et de longs-métrages, dont un tourné en Charente-Maritime, Les Mystères du bois galant, de Lorenzo Gabriele (France 3, 2019). Dernier en date : l’enregistrement et le mixage de la musique de Petit Pays, d’Eric Barbier, avec Jean-Paul Rouve, d’après le roman de Gaël Faye (sortie en mars 2020).

Note/ L’Alhambra ouvre de temps en temps ses portes au public, dont le samedi 7 décembre de 14h à 18h (gratuit). Marché de Noël de CD. Adresse : 77 avenue Jean-Jaurès à Rochefort. www.studioalhambra.com.

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