Décembre à lire et à offrir : « Les Landes, une forêt dévastée », photographies de Jean Hincker, Le Bord de l’Eau éditions.


Le Bord de l'Eau éditions
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 03/12/2010 PAR Anne Duprez

 » Les Landes, une forêt dévastée  » est un livre de force
Certaines photos de Jean Hincker évoquent les champs de bataille, les tranchées de 14, disparues dans la brume épaisse des combats, d’où émergent les ombres des armes sans soldat. Certaines montrent les troncs ouverts, comme broyés par une main invisible, et soudain déchus, courbés, la cime contre la terre. D’autres enfin fixent l’espoir inattendu d’une branche malgré tout restée tendue vers le ciel. Ceux que François Mauriac nommait « les armées noires », ces pins maritimes fraternellement serrés les uns contre les autres, se sont battus comme des héros, lorsqu’en cette nuit du 23 au 24 janvier 2009, le vent les a repris à la terre où, il y a 150 ans, l’homme les avaient plantés, suivant une loi du pouvoir impérial.  « Ils me saluent, rescapés du dernier assaut. Ils sont calmes, graves, presque froids. Je ne peux dire avec des mots l’immense noblesse dont ils font preuve. » écrit l’écrivain Allain Glykos dans «  Des pluies d’arc en ciel, après la tempête » un des textes qui appuient les photos de Jean Hincker.

Les Landes, une forêt dévastée
Acheter ce livre chez Mollat.com

 » Les Landes, une forêt dévastée  » est un livre de lumières.
L’homme n’est pas le maître du temps. La lumière s’insinue au cœur de l’ombre, «  comme un feu qui couve sous la brande », dangereuse parfois,  mais aussi libératrice. L’œil du photographe nous donne à voir, isole pour nous l’éclat de beauté du nœud du pathétique. Fougères soudain rendues au jour ; racines arrachées mêlées d’alios, la terre des ancêtres.

 » Les Landes, une forêt dévastée  » est un livre de réflexion.
Car la forêt des Landes est un paradoxe, que révèle en lui-même son nom où se mêlent deux paysages antinomiques. Comment une forêt peut-elle pousser sur la Lande, cette « vaste étendue de terre inculte couverte de bruyère, de genêts, de fougères… » ? Cette tempête n’a -t-elle pas rappelé les droits de la nature avant l’intervention de l’ingénieur, faisant, d’un souffle dévastateur, table rase de 150 ans d’exploitation industrielle ? L’homme n’est pas le maître du temps, et il ne peut impunément tenter de changer la face de sa terre. « La tempête ce n’est pas que du vent, c’est aussi une tempête sensorielle et émotionnelle qui agite des sentiments violents et ambivalents », comme le rappelle ici l’anthropologue Marie-Dominique Ribereau-Gayon. Doit-on et, même, pourra-t-on, reboiser ? L’homme s’interroge, se désespère, tandis que le bois coupé, imprime en sa chair la couleur de la peur : il bleuit, sous l’action d’un des parasites qui, depuis la colère de « Klaus », attaquent les pins déjà meurtris.

Triste constat ? Et pourtant non, pas seulement. Un ouvrage très complet qui donne à voir, contre vents et marées,  une beauté véritable, aux travers des photos de Jean Hincker, ainsi que des textes de Philippe Dubourg, Hervé Goulaze et André Bordes-Vidal, Allain Glykos, Marie-Dominique Ribereau-Gayon et Marie Weber. Une fresque de vie avec ses blessures, ses accidents, et ses fulgurances. A lire et à offrir.

Photo: Jean Hincker, Le Bord de l’Eau éditions, tous droits réservés.

 Anne DUPREZ

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles