Design et antiquités au Parc des Expositions de Bordeaux


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 29/01/2019 PAR Sybille Rousseau

En 2009, Françoise Tallec, antiquaire et passionnée d’objets en tout genre, décide de reprendre les rênes du Salon des antiquités de Bordeaux. C’est en binôme, avec un autre antiquaire de renom, Jacques Dubourg, qu’elle se lance dans l’aventure et ouvre cet événement à l’art contemporain et au design. « Aujourd’hui, il n’est pas rare d’observer dans les intérieurs du mobilier contemporain adossé à des antiquités », se justifie-t-elle. Ainsi, en se promenant dans ce salon, le visiteur aura tout loisir de considérer des objets design XXème trôner au côté de mobilier XVIIème.

Objets d'art Salon Antiquités Art Contemporain


Ce salon est aussi l’occasion pour les antiquaires de se remettre en question. « A nous, professionnels de la discipline de conseiller notre clientèle, de lui redonner espoir et de prouver que les antiquités ont de beaux jours devant elles », spécifie Françoise Tallec. Pour cette dernière, les antiquaires ont un rôle à jouer dans la perduration des objets d’art. « Je vis pour mon métier et pour cette destinée, tout comme Jacques (Dubourg ndlr) trop tôt disparu, en mai dernier », précise-t-elle, les yeux emplis d’émotions.

Objets d'art Salon Antiquités Art Contemporain


Cette année donc près de 90 exposants de France et de l’étranger sont présents. « Chaque année, un noyau dur de fidèles antiquaires érigent leur stand et transmettent leur passion. Nous accueillons également de nouveaux professionnels que nous choisissons car nous connaissons leur travail et la qualité de leurs marchandises. » De jeunes antiquaires grossissent les rangs de ce salon d’année en année. « Nous sommes très heureux de voir la jeune génération s’investir comme nous. Et du reste, dans notre clientèle les 30-45 ans sont de plus en plus nombreux car apprécient de mêler chez eux le moderne et l’ancien ».

Objets d'art Salon Antiquités Art Contemporain


A l’entrée du salon, sur le stand 401, une rétrospective des œuvres céramiques de René Buthaud offre au visiteur la possibilité de se plonger dans l’univers de cet artiste que « je m’attelle aujourd’hui à réhabiliter », confie France Cruège de Forceville, l’unique experte agréée de l’œuvre de René Buthaud. Du reste, en 2017, elle a été agréée par la CNE, la Compagnie nationale experts. René Buthaud c’est un peu « un grand-père spirituel pour moi », raconte-t-elle. En effet, en 1930, alors que ses parents étudiaient aux Beaux-Arts de Bordeaux, ils eurent comme « maître » René Buthaud. « Entre mon père et l’artiste, l’entente est immédiate. Mon père dont son père disparut jeune, le prit comme son père spirituel ». A la mort de l’artiste, c’est tout naturellement donc que son père hérite de ses archives.

Oeuvres de Buthaud


Antiquaire de formation, France Cruège de Forceville travaille depuis quinze ans à faire connaître l’œuvre de Buthaud. « Je ne veux pas qu’il soit oublié ! C’est un artiste complet ! Dessinateur, peintre, verrier, graveur, il savait tout faire de ses dix doigts et reste l’un des plus grands contributeurs de l’art déco. »
La réhabilitation de Buthaud : le combat d’une vie
Cette réhabilitation passe par une traque acharnée. En effet, France parcourt les salles de ventes, les salons d’antiquaires et bien d’autres lieux encore à l’affût de faux, « des œuvres qui ne sont pas originales mais attribuées à Buthaud de façon contrefaite », précise-t-elle. Du reste, aujourd’hui, beaucoup moins de faux circulent. En un coup d’œil, l’experte peut dire si c’est une copie. « Buthaud usait d’une technique bien particulière et très difficile pour peindre sur ses céramiques. En reprenant la façon des anciens, ses peintures reprennent la forme du vase comme la majolique italienne des XVIème et XVIIème siècle. Le trait chez lui domine. Il est souple et précis et retrouve tout naturellement les vertus des grands céramistes de tous les temps. »

Oeuvres de Buthaud


Au fil des années, l’experte acquiert des œuvres de son grand-père spirituel. 33 de ses céramiques sont ainsi exposées au sein de ce salon. « Je me ruine pour ça du reste ! », souligne-t-elle ironiquement. Dernièrement, un de ses confrères a vendu une céramique de Buthaud au Metropolitan Museum of Art pour 100 000 €… « Non ! Buthaud n’est pas qu’un quelconque céramiste bordelais ! C’est un artiste complet qui a grandement contribué à l’art déco ! » conclut cette passionnée.
45ème Salon Antiquités Art Contemporain, Parc des Expositions de Bordeaux Lac, jusqu’au 6 février.

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