Développement de la langue occitane en Aquitaine : l’heure est au bilan


Jules Haverlan / Aqui!
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 22/12/2014 PAR Jules Haverlan

Pour aborder un thème aussi large que celui-ci, le programme a été on ne peut plus rempli : dès l’ouverture de la plénière, David Grosclaude, conseiller régional d’Aquitaine délégué aux langues et cultures régionales, annonce les temps forts de la journée, à commencer par les travaux de quatre commissions thématiques (éducation, enseignement, médias/vie sociale, culture) autour du bilan 2011-2014 sur ce qui est entrepris pour valoriser et encourager la pratique de l’occitan en Aquitaine. « L’objectif ici est moins de faire un bilan que d’entrevoir les 5 années à venir », a précisé David Grosclaude.

Les débats ont duré plus longtemps que prévu, au vu des questions qui se posent pour les quatre domaines exposés ici. Un bilan de chaque commission a été rendu en début d’après-midi. Concernant l’éducation tout d’abord, les discussions auront surtout tourné autour du développement de la pratique de la langue dans les collèges et lycées. Si le nombre d’élèves ayant choisi l’occitan, en deuxième langue, a triplé en dix ans, il n’en reste pas moins que des problèmes restent à résoudre, à commencer par une meilleure visibilité des outils mis en place dans les établissements. La création d’une nouvelle plaquette informative (tirée à 20 000 exemplaires vers les écoles du second degré) dédiée aux enseignants et aux adolescents n’est pas aussi efficace que prévu, faute d’accompagnement, mais aussi d’intérêt chez des personnes visées. Pas facile alors de se faire entendre… D’autres mesures sont sérieusement envisagées pour la rentrée prochaine, comme l’instauration d’une semaine de l’occitan dans un établissement par région, des binômes d’intervenants pour mieux « vendre » les documents informatifs… La possibilité de passer par la culture et le spectacle pour créer un climat favorable à l’émergence des classes bilingues et mettre en place une meilleure communication entre les régions et les associations est revenue plusieurs fois au centre du débat.

Il reste également des progrès à faire dans le domaine de l’enseignement. Le besoin d’une vision stratégique à long terme es fait durement ressentir : les conseillers pédagogiques sont trop peu nombreux en Aquitaine, le recrutement est difficile, et l’utilisation d’Internet pour dialoguer avec les étudiants et les parents livre un bilan disparate… « Il faut proposer une nouvelle convention au recteur de l’Académie de Bordeaux pour faire avancer les choses » assure Sophie Alexandre, de la Fédération régionale des Calendretas (écoles bilingues franco-occitanes) d’Aquitaine.

Enfin, les commissions médias et culture se sont aperçues qu’elles faisaient face à un même manque de moyens humains et financiers, et à un souci de visibilité manifeste. Bien qu’ils soient présents sur Internet, ces associations  ne possèdent pas de véritable stratégie numérique. Les réseaux sociaux ne sont quasiment pas exploités, eux qui sont pourtant un outil formidable pour se mettre en avant et se faire connaître. À elles de mettre en place un plan de communication sur la Toile.

ÒC Tele, la webTV 100% langue d’oc qui gagne du terrain
Cette journée aura été faite de temps forts, parmi lesquels le retour en image de ÒC Tele, la première télévision entièrement en occitan, et diffusée grâce à Internet, jugée plus moderne et résolument moins chère que d’être présent sur la TNT. La grille de ses programmes va des dessins animés aux documentaires, en passant par les chroniques musicales et les magazines d’information. Un an après sa création, le bilan était de mise. Et celui-ci se révèle être très satisfaisant. Elle totalise plus de 500 000 visionnages de vidéos, soit environ 3200 par jour de diffusion. Un taux de pénétration honorable pour une télé qui s’adresse à une cible aussi restreinte. Parmi ses émissions, le Dòc Show (interviews d’hommes politiques, promotion d’artistes, chroniqueurs, etc.) tire son épingle du jeu, avec pas moins de 40 000 vues par diffusion. « La chaîne de production audiovisuelle est quasi inexistante en Occitan, a-t-on rappelé. Cela donne à Òc Tele un poids d’autant plus important. »


« Il ne faut pas se replier sur soi-même »

Les intervenants ont continué à se succéder tout au long de l’après-midi, au rythme des interventions du public., principalement composé de responsables d’associations, d’inspecteurs des écoles et d’enseignants entre autres. En fin de journée Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine, a pris place aux côtés de David Grosclaude pour clôturer la plénière. Il en a profité pour rappeler que la région investit chaque année 1,2 millions d’euros en faveur de l’occitan, et également pour annoncer, dans le cadre d’une politique publique concertée en faveur de l’occitan, la création d’ici 2015 de l’Office Public interrégional de la Langue Occitane, associant les Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées et qui agira dans les domaines de la transmission, de la socialisation et de l’observation de la langue. « Sachez que la région est toujours attentive pour aider la langue occitane à gravir les marches, a-t-il dit en s’adressant à l’audience. Une langue, ce n’est pas juste une façon de communiquer, c’est un patrimoine, une histoire. Il n’est d’ailleurs pas question de la survie d’une langue, mais de celle d’une civilisation toute entière. » Il aura également mentionné le succès d’Òc Tele, les félicitant de mettre en avant, en plus de l’occitan, les dialectes voisins. « Bravo à vous pour mettre en avant d’autres langues que la vôtre. Il ne faut pas se replier sur soi-même. »


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