Dominique Fernandez, l’académicien et militant homosexuel couronné par le jury du prix Mauriac.


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 22/11/2009 PAR Joël AUBERT

Ce prix réhabilite aussi l’ami de Mauriac, Ramon Fernandez, ce père intellectuel de gauche de l’entre-deux-guerres, puis « collabo » durant l’occupation; d’abordadmiré, ensuite méprisé.

« Un intellectuel engagé dans son siècle »
«Mesdames et Messieurs de l’Académie, je vous demande d’accueillir avec moi l’ombre de quelqu’un qui avait plus de titres à prendre ma place, et à qui je dois d’être celui que je suis: Ramon Fernandez, mon père. »
En étant élu à l’Académie française, Dominique Fernandez avait voulu, selon ses mots, faire retentir sous la coupole, à côté de celui de Richelieu, le nom de son père, Ramon Fernandez. Aussi, être le premier militant homosexuel à occuper un fauteuil à l’Académie française, « même si il y en a toujours eu… », ajoute t’il, elliptique. Dès 1978, Gaston Deferre lit L’étoile rose. « C’est le livre qu’il avait sur sa table de chevet lorsqu’il mourut, nous confie t’il; j’ai influencé, ajoute-t-il, les lois qui ont interdit que l’on puisse tabasser des pédés… Mais aujourd’hui, la gauche a bien changé, le procès qu’ils ont intenté à Frédéric Mitterrand m’a définitivement dégoûté de voter socialiste.»
Le prétendu « devoir de réserve » ne le concerne pas plus qu’il ne concerne Marie N’Diaye, « Mauriac aurait été scandalisé », déclare t’il à la tribune, en recevant son prix.

Ramon et Mauriac, des destins croisés.
Ramon Fernandez était un modèle d’intellectuel de gauche, beau et cultivé, danseur de tango et pilote de Bugatti, écrivain, essayiste, critique littéraire et lecteur chez Gallimard. Dandy d’origine mexicaine qui aimait les femmes et ne détestait pas les hommes, Il avait épousé « une femme rigide, d’un autre milieu, qui ne le laissait pas respirer, qui l’étouffait », rappelle Dominique Fernandez, rompant un long silence. Mauriac disait d’elle, « c’est Venus sous le casque de Minerve ».
Au cours des années 1936, il divorce et rejoint le PPF, le Parti Populaire Français, pour devenir la plume de Jacques Doriot. Du communisme au fascisme, jusqu’au naufrage de son père dans l’alcool, Dominique Fernandez avoue être incapable de comprendre le chagrin qui l’habitait.
François Mauriac a suivi le chemin inverse de Ramon Fernandez. Ils ne se voyaient plus depuis 1936. Leurs destins se sont croisés. Pourtant, en 1944, à l’enterrement de Ramon, Mauriac était présent, et entre les collabos et les nazis, il risqua de se faire prendre. Pour Dominique Fernandez, au-delàdes idées politiques, c’est l’œuvre qui reste.

Olivier Darrioumerle

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