Entre fierté et émotions pour Jean-Noël Pancrazi, lauréat 2012 du Prix François Mauriac


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/10/2012 PAR Laura Jarry

En introduction de cette remise du Prix François Mauriac, grand prix littéraire, était prévu un petit concert de deux sœurs jumelles d’origine argentine, l’une au violoncelle et l’autre à la clarinette, et les deux ensembles pour chanter des airs étrangers et familiers, avec une mélancolie et une fraîcheur saisissante. Une première passerelle culturelle qu’elles ouvraient avec grand plaisir, laissant place à un évènement plus formel certes, mais augurant des multiples rencontres littéraires mauraciennes à venir (voir au bas de l’article).

« Cet enfant, c’est vous. »Puis Jean Rigaud, président du Jury du Prix François Mauriac, fit son entrée sur scène et conta avec justesse le livre qui devait ce soir être mis en pleine lumière : « La montagne. Un lieu mystérieux et inaccessible que les enfants imaginaient avec des ravins pleins de scarabées et de trésors. En ce jour de juin 1960, […] on avait envie de se promener à nouveau, hors de la ville. C’est ainsi que des garçons de huit ans, qui jouaient dans la cour d’une minoterie, se virent proposer par un frère […] d’aller y faire un tour, dans cette montagne. Ils acceptèrent avec joie. A l’exception d’un seul qui préféra rester là. On ne revit plus les enfants. La nuit venue, les patrouilleurs firent un branle-bas de combat dans la montagne et découvrirent les huit, égorgés. Celui qui avait échappé au massacre devait porter toute sa vie le souvenir de cette tragédie. Cet enfant, c’est vous. »
Pour autant, le massacre des enfants, qui est le cœur même du livre, n’est évoqué, et brièvement, que dans les trois premières pages et le livre décrit les ravages causés par cette tragédie, et le remord engendré par le fait d’y avoir survécu.

« La culpabilité du petit survivant »Pour Jean Rigaud,  « cette chance est votre croix, que vous avez dû porter longtemps, jusqu’à ce livre ; puisse sa publication vous soulager. » De même pour Alain Rousset, président du Conseil Régional d’Aquitaine, Jean-Noël Pancrazi qui se laissa aller en mars 1962 à « une dernière contemplation de cette montagne des secrets » avant de partir d’Algérie, porte à jamais « la culpabilité du petit survivant qui veut aussi disparaître dans la montagne ».
Ce texte historique, assourdi par l’émotion de cet évènement cruel, est ainsi honoré du Prix François Mauriac, et son auteur, qui considère l’Aquitaine « comme une terre d’accueil que je n’ai jamais eu », ne sut cacher sa fierté de le recevoir, admirant depuis toujours l’écrivain girondin, rêvant « d’atteindre l’intensité absolue de François Mauriac ». Pour lui, l’hôte de Malagar « était une lumière, dont on aurait bien besoin aujourd’hui », et se voir décerner un prix portant l’aura de cet auteur, était un honneur, qu’il prenait avec gravité mais également l’intention d’en être digne.

Autour du Prix François Mauriac : Carte blanche à Jean-Pierre Milovanoff, lauréat du Prix en 2011.
Rencontre avec Alain Veinstein, le 12 octobre à 18h, au Château Mauriac de Langon.
Rencontre avec Franck Pavloff, le 13 octobre à 17h, au Chalet Mauriac de Saint-Symphorien.
Rencontre avec Véronique Olmi et Jean Rouaud, le 14 octobre à 17h, au Domaine de Malagar.

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