Entre les lignes : Apologie de la viande, Régis Clinquart aux éditions Stéphane Million


Régis Clinquart
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 05/01/2013 PAR Olivier Darrioumerle
Apologie de la viande - Régis Clinquart
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Apologie de la viande n’est pas la nouvelle recette miracle contre le chagrin d’amour et Régis Clinquart n’est pas l’espèce de romancier dépressif qui se soigne en écrivant. C’est un homme qui s’est senti le droit d’exister par la littérature. Antonin Artaud expliquait sobrement la différence à Jacques Rivière au cours de leur correspondance : « Je suis un homme qui a beaucoup souffert de l’esprit, et à ce titre j’ai le droit de parler.»

Régis Clinquart a choisi d’exister en littérature en saucissonnant son gros malaise en tranche. La présence d’une absence. Une salope non-substituable. Et la réalité lui rappelle sans cesse qu’ELLE n’est plus là, pourtant l’absence d’ELLE est bien là, partout. Et après mille tours du carrousel infernal  l’auteur de l’Apologie de la viande se demande si « l’absence de sentiment rend moins con ? » Recette miracle, certainement pas…

La mort n’est pas violente à côté de ce que vit ce jeune homme largué en terra incognita, à la limite entre le monde et l’immonde, étymologiquement mundus / lavé, propre, en ordre, et ce qui ne l’est pas : terres inconnues où patauge l’auteur toujours poussé par de nouveaux délires. Territoires interdits que peu d’individus ont eu la possibilité de découvrir. La littérature permet le voyage hors des sentiers éclairés, il suffit de suivre les lignes.

Une littérature qui cloue au murÀ l’origine il y a la douleur. L’enfantement et le premier meurtre. Dans sa posture sacrificielle face à la littérature ( et elle dont on ignore le nom?) Clinquart dépoussière les vestiges de notre civilisation sado-masochiste tout en bottant le cul de la bien bien-pensance. « Il n’y a que les noirs pour rire vraiment, longtemps, sans arrière pensée ni rien (…) Les blancs ils ne savent que ricaner, faut toujours qu’ils rient de quelqu’un, il leur faut une cible – c’est notre sale race qui veut ça. » On retrouve l’influence de L.F Céline et son apôtre contemporain M.E Nabe. Céline qui révélait un secret de son écriture dans une interview à la RTF en 59 :

« J’ai mis ma peau sur la table, parce que, n’oubliez pas une chose, c’est que la grande inspiratrice, c’est la mort. Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n’avez rien. Il faut payer ! »

Jesus cloué sur la croix, la tête auréolée d’une couronne d’épines, écorché vif dans un bain de citron, Régis Clinquart témoigne d’une souffrance insoutenable aussi bien que de son rôle d’écrivain. Tout est sens dessus dessous. Le making off de son roman montre comment il réussit à tout remettre à l’endroit : en clouant sa peau sur la table. Chez Régis Clinquart ça saigne, ça sue, ça bave, ça mouille, ça éjacule, ça cautérise et ça pique, ça gratte, ça brûle, ça pleure et ça saigne. Et ça écrit, ça gribouille, ça rature des milliers de pages. Vous pensez peut-être que dans ce cas de figure, il ne faut pas déranger, que l’auteur coagule ? Rassurez-vous, il est en vente chez votre libraire préféré.  

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