Entre les Lignes: Bordeaux, l’Architecture et son double, Marc Saboya.


Le Festin
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 16/02/2014 PAR Anne Duprez

Quand Marc Saboya se promène dans la ville, il la regarde droit dans les yeux. Elle lui révèle alors ses vérités, ses splendeurs mais aussi ses plaies, ses bosses, ses cicatrices, en même temps que ses sourires en coin, ses pieds de nez, sa malice ! Dans son parcours tout autant temporel que géographique, au travers des rues et des siècles, mêlant émotion et érudition, il dévoile les liens qui unissent un homme avec l’endroit où il vit. Car la ville est avant tout un endroit où l’on vit avant d’être un plan, ou un répertoire d’époques historiques. Comme un arbre dont la spécificité ne peut se dissocier de la terre dans laquelle il a grandi et s’est façonné. Là où l’historien d’art théorise parfois à tout prix, Marc Saboya ravive la dimension humaine de l’Architecture, se laissant aller au revigorant « frisson de la confusion », hors des  sentiers battus et des balises de la connaissance.

 

Alors au-delà du monumental  devenu parfois trop conventionnel, malgré les indéniables chefs d’œuvres dont la légitimité n’est pas remise en cause, on apprend de la dissonance, de l’incongru, du décalé. « Bordeaux, l’Architecture et son double » est  un hymne à la ville et à l’art dans ce qu’il a de plus noble car de plus libre. « Bordeaux, l’Architecture et son double » devrait être le livre de chevet de beaucoup, et surtout de ceux dont le snobisme et le savoir de façade les font s’écrier, dans un « OH ! » de dégoût : « Mais comment a-t-on pu laisser faire ça ?! » devant la maison qui n’est pas comme les autres, le style inattendu d’un cube de béton et de verre au pays du classicisme. Non la beauté n’est pas un dogme, elle est suggestive et elle réside parfois bien plus dans ce qui bouscule et donne à s’interroger, donc dans ce qui permet d’avancer. La beauté réside dans l’acte créatif ! Quel qu’il soit.

 

Marc Saboya nous offre un voyage dans la ville, dont il donne les clés, celles d’en apprendre certains caprices des temps : la « fabrique », tour minuscule, à l’angle du cours de la Somme et de la rue Pierre-de-Ladime ; un immeuble de 1891, rue de Lyon, haut et fier au milieu des rasantes échoppes, mais en même temps un peu perdu comme un courageux soudain timide après s’être dressé dans une assemblée sans que personne ne suive cet élan… ; la maison faussement ancienne d’un descendant de Mansart ; la maison d’Yves Salier, à nouveau rue de Lyon… On comprend alors que la ville grandit et embellit au rythme de l’humain et que si parfois cette dimension humaine engendre des erreurs, celles -ci portent aussi les ferments de la création. Elle en constituent les avancées possibles, inenvisageables parfois, mais surtout porteuses de l’espoir « fou » de l’inenvisagé.

Un itinéraire qui donne à voir et à penser différemment, qui ouvre les voies de l’acceptation, loin du rejet systématique de ce « qui n’est pas comme » et trop rapidement jugé préjudiciable, voire dangereux. Une philosophie de la ville pas loin d’être une philosophie de vie. On y apprend beaucoup. Et en plus c’est passionnant, ce qui ne gâche rien!

www.lefestin.net

 

 

 

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