Entre les lignes:  » L’arrachoir » de Françoise Favretto.


Editions Atelier de l'Agneau
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 28/10/2012 PAR Anne Duprez

Françoise Favretto accorde des circonstances atténuantes aux choses, elle en atténue la neutralité, en exalte l’âme muette, attentive en toute circonstance et entière générosité à l’inattendu.

Il y a une grande poésie dans son écriture qui révèle ce qu’elle est : attentive et créative. Un mélange de sérénité et d’éveil, sans cesse en effervescence. On sent qu’elle aime les mots, les gens, le monde, tour à tour sorcière malicieuse ou fée ravivant les instants qui, si l’on n’y prend pas garde, disparaissent comme des étoiles filantes. Françoise Favretto soulève alors le tapis de mousse pour découvrir des lucioles timides qui, au-delà d’elles−mêmes, donnent l’illusion que « la voie lactée est tombée dans le pré » (Chroniques errantes). Dans «  c’est rien un cousin germain », quand renaissent ses souvenirs d’enfance à l’encre indélébile des serments éternels, entre un cousin et une cousine quasi frère et sœur, c’est comme si on entendait les grillons dans l’apaisement du soir, on ressent vraiment la fraîcheur humide de l’herbe dans la nuit, on imagine la flaque de lune, la loupiote falote de la porte ouverte vers le noir et puis tout ce qui n’est pas dit, mais seulement suggéré par la résonnance des images, elles−mêmes nourries par la justesse des mots. On sourit, ému, car on a tous un instant comme ça au creux du cœur, en attente qu’une fée le déverrouille… « C’est rien un cousin germain » est d’ailleurs le texte où, entre tous – et que Françoise Favretto me pardonne si je me trompe –  se perçoit l’arrachement, la caresse maternelle de l’enfance ressuscitée mêlée à la teinte sourde de la douleur qui affleure, sournoisement  attisée par l’apparent néant des routes disjointes et des destins jumeaux désunis. On a tous des souffrances comme ça au creux du ventre, seulement peu sont ceux qui parviennent à les dire, aussi justement et sans pathos. Pourtant, nul besoin d’emphase vendeuse pour être client. L’écriture de Françoise Favretto, cette « tentative aussi de comprendre le monde par un vouloir inoffensif et vital », ciselée sans en avoir l’air comme le sont les pièces d’art, a beaucoup à dire. On en reçoit en tout cas beaucoup. On imagine : une pierre lisse en apparence, jetée avec précision, volonté et un certain espoir, vers l’eau calme qui se ride soudain et irradie en ondes et ricochets. C’est un peu ça l’écriture de Françoise Favretto, en beaucoup mieux bien entendu parce que le mieux c’est encore de la lire :  c’est « L’Arrachoir », et c’est  à l’Atelier de l’Agneau.      

Anne DUPREZ

 

Françoise Favretto lira la pièce de Ernst Jandl « Les Humanistes » extraite de GROITE ET GAUCHE à la Maison d’Aquitaine, 21 rue des Pyramides 75001 PARIS, le 14 Novembre 2012 à 20H00.


Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles