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PUBLIÉ LE 05/11/2011 PAR Anne DuprezNous sommes en 1581. Montaigne vient d’être éu maire de Bordeaux par les six jurats de la ville. Il refuserait bien cette distinction qui tombe mal: il est loin de la Guyenne, au propre comme sans doute au figuré. Car même s’il reste attaché à sa terre de Montaigne, en Périgord, reçue en héritage et achetée par son aïeul Ramon Eyquem, au point qu’il écrit à son propos « De Rome en hors, je tiens et régente ma maison, et les commoditez que j’y ay laissé: je voy croistre mes murailles, mes arbres et mes rentes, et descroistre à deux doigts près, comme quand j’y suis. »… il s’est dépuis une dizaine d’années éloigné du bruissement des cours de justice du Parlement de Bordeaux où il était conseiller. La perte de deux piliers de son univers affectif, social et intellectuel – Etienne de la Boétie en 1563 et son père, Pierre Eyquem en 1568 – l’a poussé dans ce retranchement. De là naît sans doute l’image d’un philosophe retiré dans sa tour, rédigeant « Les Essais » sans jamais plus rien voir du monde.
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Mais heureusement intervient l’historienne! Anne-Marie Cocula frappe à la porte, pousse l’huis de la thébaïde et nous donne les vraies clés du cheminement d’un homme, réellement acteur et témoin de son époque. Revenant sur le caractère complexe d’un 16ème siècle bouillonnant, fenêtre sur les temps modernes, elle remet ici en lumière la place qu’occupa Michel Eyquem, en homme ancré dans un temps dont il fut un scrutateur avisé, maillon essentiel d’une chaîne dont il a pu aider à dénouer certains des enchevêtrements cinglants.
Un voile se lève alors sur un personnage au vrai relief, finement roué, parfois perdu, mais surmontant ses plaies secrètes et ses doutes grâce à un regard toujours plus large sur la société et ses multiples. Et, en des temps où la politique s’égare, un esprit citoyen avisé…
Anne DUPREZ
Montaigne, les années politiques. Anne-Marie Cocula, éditions Confluences 2011.
