Journaliste pigiste pour une rédaction locale, Daniel, alcoolo à tendance dépressive, traîne depuis vingt ans, ses galères professionnelles, ses échecs sentimentaux et une mésestime de soi plus tenace et destructrice que le pire des virus. Plombé par une mère qui le ramène sans cesse à sa propre fragilité, un frère qui lui, a « réussi » et l’image d’un ami qu’il pense avoir abandonné au pire moment, il s’apitoie vaillamment sur lui-même, se soignant à l’occasion au pastis et aux antidépresseurs. Une petite existence « tranquille » que vient bientôt bousculer l’émergence soudaine d’une septicémie particulièrement coriace. Cloué sur un lit d’hôpital et contraint à l’immobilisme, il voit alors remonter les principaux événements qui ont marqué sa vie. De son arrivée en Béarn, durant la guerre d’Algérie, à ses premiers engagements politiques et sentimentaux, en passant par la découverte des mouvements basques indépendantistes dans le milieu étudiant palois des années 70. Fataliste et résigné, il se lance malgré tout dans une introspection que, tel un testament, il va finalement coucher sur le papier dans la perspective d’une fin peut-être imminente.
Avec « Viral », son premier roman en français après « L’Ora de partir » et « Tranga & Tempèstas », Serge Javaloyès, également chroniqueur pour la République des Pyrénées, entraîne le lecteur dans la spirale de la vie ; celle des rencontres magiques mais aussi des actes manqués, des doutes et du passé sur lequel on ne peut revenir. Librement inspiré d’une des propres expériences de l’auteur, « Viral » aborde aussi les thèmes qui lui sont chers : l’exil, les langues régionales et la question des minorités. Un livre qui traite de l’enfermement, du repli sur soi, mais aussi du droit au pardon auquel tout un chacun devrait pouvoir prétendre.
« Viral », Éditions In8, 236 pages, 17€