Entretien avec Marion Duclos et Gaia Guasti après leurs résidences au Chalet Mauriac à Saint-Symphorien


Gilbert Alban et Loïc Le Loët/ Ecla Aquitaine
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 13/11/2014 PAR Lise Gallitre

Marion Duclos, illustratrice et auteur de bande dessinée, a séjourné au Chalet Mauriac au printemps dernier, en avril et mai. Pour Gaia Guasti, scénariste et auteur, l’immersion à Saint-Symphorien  est plus récente puisqu’elle s’est achevée le 10 novembre après deux mois de travail (les résidences concernant le domaine du livre sont, quel que soit le projet, d’une durée de deux mois). Après avoir répondu à un appel à projet thématique, la première en bande dessinée et la seconde en littérature jeunesse, chacune a donc posé ses valises au Chalet pour se consacrer entièrement à son travail, l’avancer ou l’achever. Avril/mai, septembre/octobre, deux sessions de travail distinctes et différées, cela va sans dire. Un décalage du calendrier qui était sans compter sur le flair d’Aimée Ardouin, en charge de la programmation et de la coordination du Chalet Mauriac, qui a eu l’idée et l’intuition de réunir les deux femmes pour une lecture dessinée en octobre dernier à la médiathèque de Bazas. Leur rencontre, leurs résidences successives, leur travail… Marion Duclos et Gaia Guasti ont répondu aux questions d’Aqui!.

« Profiter du calme et du cadre de Saint-Symphorien »

Marion Duclos, illustratrice et auteur de bande dessinée

@qui!: Au printemps dernier pour vous Marion et cet automne pour vous Gaia, comment se sont passées vos résidences au Chalet Mauriac?
Marion Duclos
: Très bien! Ce type de résidences permet d’être entièrement concentré sur son travail, sur son projet. Avant mes deux mois en avril/mai, j’avais déjà passé dix jours à Saint-Symphorien et profité également d’un mois à Bologne pour une résidence jeunesse (Albert et Clint). Pour celle-ci, le fait de rester deux mois au même endroit, de profiter du calme et du cadre  de Saint-Symphorien, m’a permis de me consacrer entièrement à mon travail, de ne pas être parasitée par d’autres choses, un luxe!

Gaia Guasti: Même ressenti pour moi. Je ne connaissais pas le Chalet Mauriac, c’était ma première résidence et j’en espère d’autres de ce genre tant le travail réalisé là-bas a été efficace! Loin de chez soi, et des préoccupations diverses (Gaia vit à Paris), on est libéré du quotidien, complètement disposé à réfléchir, à écrire et comme le dit Marion, c’est vraiment un luxe! Les journées sont longues et pleines, le temps ne nous fait pas défaut et la dynamique de travail est très bonne, si bien que j’ai fini le travail prévu une semaine avant la fin de ma résidence et me suis lancée dans un autre projet, deux mois d’écriture au-delà de mes espérances!

@!: Parlez-nous des projets sur lesquels vous avez travaillé pendant vos deux mois de résidence?
M.D
: Je suis allée à Saint-Symphorien pour avancer sur Ernesto, une histoire sur laquelle je travaille depuis longtemps déjà et ces deux mois ont été plutôt fructueux, j’ai pu me consacrer à fond à ce travail, préciser les illustrations, fignoler les dialogues… Prépublié en 2010 sur Coconino-World (portail de bande dessinée), ce projet entamé en 2008 évoque les enfants et petits-enfants de réfugiés espagnols, des souvenirs croisés d’amis très proches de ma famille mais aussi de gens que je ne connaissais pas et que j’ai écouté parler de leurs histoires personnelles et familiales pour étoffer mon travail, notamment des personnes de Saint-Symphorien , où la communauté espagnole est importante, rencontrées en 2013 lors de mon premier passage au Chalet. J’enrichis et travaille sur Ernesto depuis bientôt sept ans, c’est long mais j’avais besoin de ce temps là pour aller là où je voulais et j’y arrive, enfin!

G.G: C’est pour finir le troisième tome de ma trilogie La voix de la meute (éditions Thierry Magnier) que j’ai répondu à l’appel à projet littérature jeunesse lancé par Ecla pour cette résidence. C’est la première fois que j’allais au Chalet Mauriac et je suis ravie de cette expérience. J’ai beaucoup travaillé là-bas et suis parvenue à achever ce troisième tome qui devrait sortir en mars prochain sous le titre Les origines (les deux précédents s’intitulent Les remplaçants et Les prédateurs). C’est drôle comme le lieu est important quand on écrit du fantastique. Ici, dans la campagne de Saint-Symphorien, l’atmosphère calme mais parfois inquiétante a influencé mon texte, les aventures des pesonnages, l’ambiance… c’était le cas dans les précédents tomes que j’ai écrit dans des lieux différents mais là, je l’ai vraiment ressenti et ça a bien fonctionné, la version à laquelle je suis arrivée me satisfait et je ne pense pas qu’elle évolue trop jusqu’à la publication prévue en mars 2015.

« Voir mon texte avec un autre regard »

Gaia Guasti, scénariste et auteur

@!: Au-delà du travail personnel que vous avez effectué là-bas, parlez-nous de votre rencontre et du travail réalisé ensemble?
G.G
: Nous ne nous connaissions pas avant et pourtant, les choses se sont faites très simplement, très naturellement. Marion avait fini sa résidence au printemps, j’allais entamer la mienne en septembre et c’est Aimée Ardouin, connaissant notre travail et nos sensibilités, qui a eu l’intuition qu’on pourrait faire quelque-chose ensemble et elle a bien fait! On s’est très bien entendues et la lecture dessinée organisée à la médiathèque de Bazas nous a permis de faire se rencontrer nos oeuvres, nos sensibilités, c’était vraiment une bonne idée, d’autant plus que je n’avais jamais fait de lecture dessinée mais heureusement, Marion m’a beaucoup guidée. Nous avons travaillé deux ou trois fois ensemble en septembre au Chalet pour préparer la lecture prévue en octobre à Bazas et une fois encore, la dynamique de travail du Chalet a fonctionné!

M.D: Je suis assez d’accord! J’ai trouvé l’idée d’Aimée très stimulante et trois mois après la fin de ma résidence, je suis en effet revenue au Chalet pour d’une part rencontrer Gaia que je ne connaissais pas, et d’autre part pour travailler bien-sûr! Comme j’avais déjà fait des lectures dessinées, j’ai présenté l’exercice à Gaia et nous nous avons convenu ensemble des extraits à lire et à dessiner, des différentes interprétations possibles, du rythme… Notre travail reposait sur des textes de Gaia, des extraits des Remplaçants, le premier tome de La Voix de la Meute.

@!: Comment s’est passée cette lecture dessinée? Un travail d’équipe réussi?
G.G:
 Je crois qu’on peut dire ça oui! La présentation au public a eu lieu en octobre à la médiathèque de Bazas avec deux lectures dessinées, l’une ouverte au public et l’autre à destination des scolaires, chacune durant une quarantaine de minutes. C’était une très bonne expérience pour moi, c’est un exercice que je ne connaissais pas et je dois dire que ça m’a permis de voir mon texte avec un autre regard, d’y voir des choses que je n’avais pas vu ou auxquelles je n’avais pas prêté attention mais qui, une fois dessinées et rendues visibles, m’ont fait ressentir l’histoire parfois différemment. Le trait de Marion sur mes mots m’a beaucoup plu et l’interprétation qu’elle a pu donner de ce que je lisais a rendu l’histoire que j’avais imaginée plus riche, plus vivante.

M.D: Une très bonne expérience pour moi aussi. les spectateurs étaient attentifs, enthousiastes, ce qui nous  a motivé pour rendre au mieux le travail préparé ensemble à Saint-Symphorien! J’ai beaucoup aimé dessiner à partir du texte de Gaia, c’était très inspirant. Les extraits que nous avions sélectionné lors de nos séances de travail au Chalet ont bien fonctionné, aussi bien en lecture qu’en dessin donc oui, je crois qu’on peut parler d’un travail d’équipe plutôt réussi.

@!: Retravailler ensemble vous tente?
G.G:
Oui, ce serait super! Il faut que nous parvenions chacune à arriver au bout de nos projets respectifs mais si je reviens en Aquitaine, avec plaisir!

M.D: Une fois que j’aurais enfin fini mon travail et dès que l’occasion se présentera, retravailler avec Gaia me plairait beaucoup oui.

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