Et si demain on lisait sans papier avec l’ e-book


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/03/2008 PAR Joël AUBERT

La quatrième Journée Couperin, à Bordeaux, aura pour thème « L’e-book en action(s) : de l’acquisition à la diffusion ». Cette association regroupant des universités, écoles et organismes de recherche de toute la France, propose aux professionnels de la documentation de parler du livre numérique. Le sujet est à la mode. Un espace, intitulé « Lectures de dem@in », lui était consacré lors de la dernière édition du Salon du Livre, du 14 au 19 mars derniers. L’e-book séduit de plus en plus de lecteurs.
Le livre numérique permet de lire partout et à tout moment. A peine plus grand qu’un livre de poche et pesant autour de 200 grammes, l’e-book peut stocker 10.000 livres sur une carte mémoire. Il est doté d’une grande autonomie : près de 48 heures pour le « Kindle » d’Amazon, qui se connecte aussi à Internet par wifi ; l’équivalent du temps de lecture de 8 000 pages pour les appareils non communicants.
La qualité de lecture est proche du papier grâce à une nouvelle technologie, l’encre électronique. Elle est utilisé par le « Cybook » de Brokeen, une PME du 13e arrondissement de Paris. Le procédé fait l’unanimité chez les fabricants d’e-books : il a été adopté notamment par Amazon et Sony, deux géants du secteurs. L’écran du « Cybook » est une surface mate composée de millions de microcapsules de couleur noire et blanche. Résultat : L’appareil peut être employé des heures entières sans fatigue oculaire ni risque pour la rétine, et en plein soleil, sans réverbération. Bref comme un livre normal. Aujourd’hui en noir et blanc, le livre électronique devrait passer à la couleur « d’ici trois ou quatre ans », selon Michaël Dahan, fondateur de Bookeen. Et son prix, entre 200 et 600 euros selon les marques, devrait baisser.

Télécharger ses livres sur Internet

Le cybookAvec un livre numérique, le lecteur peut télécharger ses œuvres ou journaux de son choix. Le « Kindle », « éveiller » en anglais, a été lancé par Amazon en novembre 2007. Il permet de télécharger le livre de son choix, après l’avoir acheté sur l’Internet. Les sites gutenberg.org ou ebooksgratuits.com proposent des œuvres, essentiellement des classiques, gratuitement. Le « Kindle » offre quelque 88 000 livres, en anglais, journaux et blogs à ses clients. Les nouveautés, dont très peu de livres français, sont disponibles sur mobipocket.com ou numilog.com.
L’offre de livres numériques en français est très réduite. Seuls 500 à 700 ouvrages sont disponibles aujourd’hui et à un prix proche du livre papier. « L’élégance du hérisson, » best-seller de Muriel Barbery, se vend à 19 euros, quand le prix éditeur est de 20. En règle générale, les versions pour e-books coûtent « 20 à 30% de moins qu’un livre papier », précise Michaël Dahan.
Initiée par Google en 2004, la numérisation des livres a été accueillie avec réticence par les éditeurs français. Google Print, devenu Google Book Search, s’est lancé dans un énorme programme de numérisation de livres, notamment des bibliothèques, avec un objectif de 15 millions d’ouvrages. Seul problème, la société ne respecte pas le copyright, ce qui provoque des conflits avec les éditeurs. La Bibliothèque Nationale de France (BNF) veut éviter cet écueil. « Gallica », sa bibliothèque numérique en ligne est ouverte depuis 1997. Elle propose quelque 90 000 ouvrages, appartenant au domaine public. Objectif pour 2008 selon le président de la BNF, Bruno Racine : « numériser 18 millions de pages dans l’année ».Au-delà de la conservation des œuvres, la BNF souhaite mettre en place un même portail pour consulter ses archives et les nouveaux romans, le tout numérisé.

Le numérique, un défi pour le livre

L’imposition de l’e-book comme avenir du livre pose un certains nombre de questions. Les éditeurs doivent répondre à la demande de livres numériques, vendus moins chers, tout en préservant leurs profits. Pour Stéphanie Van Duit, directrice du développement chez Hachette Livres, le livre numérique est un défi : « Le numérique fait partie de nos priorités mais il va nous obliger à repenser la création de tous nos produits. »
Le respect de la législation des droits d’auteurs promet aussi de beaux débats. Les artistes tiennent à protéger leurs œuvre intellectuelle. Si elle passe en numérique, elle pourra être facilement « copier-coller » ou pillée. Contrôle de l’œuvre, rémunération de son créateur, gratuité ou non de la version numérique, autant d’inconnues pour le moment.
Internet et le numérique bousculent les références. « Avec le papier, les encyclopédies faisaient autorités. Depuis l’émergence d’Internet, les spécialistes sont sur la toile parfois, encore dans le papier d’autres fois », explique la responsable d’Hachette. Serge Tisseron, psychiatre, psychanalyste est l’auteur de Virtuel mon amour, Penser, aimer, souffrir à l’ère des nouvelles technologies, analyse les conséquences sur les modes de penser de la lecture sur écran. Une consultation par pages, non chronologique, qui joue sur l’hypertextualité rend difficile une pensée cohérente et linéaire. C’est peut-être là que se situe la révolution.

Estelle Maussion

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