Exigence poétique et souci du vrai avec Jean-Paul Michel à la Machine à lire


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 25/11/2014 PAR Lise Gallitre

L’édition vécue comme un « art brut involontaire »Disposé devant lui lors de cette rencontre, « Introduire un peu d’art dans nos sentiments », dernier né des éditions William Blake & Co. Ce livre, dont le titre pourrait par ailleurs définir l’exigence éditoriale de la maison, Jean-Paul Michel l’a écrit et l’édite, une double signature que lui considère comme un seul et même acte. Interrogé par Serge Canadas, qui animait cette carte blanche, sur le doublet écrire/éditer, il a évoqué « la nécessité intense qui lie les deux actes, celui d’écrire et celui d’éditer », avançant alors qu’il y a « une pulsion dans le fait de l’écriture qui réclame la lecture, écrire et donner à lire, un acte complet ». Travail quasi-artisanal, « art brut involontaire » comme il le qualifie lui-même, Jean-Paul Michel a bien-sûr évoqué ses débuts d’éditeur et ce premier texte publié, ce texte cher tant il a orienté et guidé son travail passionné et exigeant, celui de Mohammed Khaïr-Eddine, Le Roi, en 1966, violent poème contre le Roi du Maroc « où surgit une énergie desespérée qu’il fallait absolument rendre présente et vivante » . Agé alors de dix-huit ans à peine, le jeune Jean-Paul Michel entreprend l’acte d’éditer comme un travail artisanal, il imprime, relie, met en forme et fait du livre un objet précieux, un « instrument spirituel », une conception totale du livre où l’écriture, l’édition et la lecture ne peuvent exister qu’ensemble, une triple lumière qui éclaire les éditions William Blake & Co depuis bientôt qurante ans.

Une oeuvre tendue, entre vérité et beauté Serge Canadas a ensuite parlé de l’oeuvre de Jean-Paul Michel comme d’une oeuvre nourrie de « paradoxes féconds, un combat entre verité et beauté ». Pour ce dernier, cette idée est un gage de qualité qui exclue le faux et le mensonge, « il faut nécessairement des pages où surgissent des éclats de vérité, sinon  le livre tombe des mains ». Faisant ainsi du souci de vérité une loyauté maximale envers son lecteur, Jean-Paul Michel a alors évoqué Leibniz, Barthes ou encore Mallarmé, faisant de ces références autant d’exemples ilustrant ce combat entre vérité et beauté nécessaire pour « parvenir à dire ce qui est ». C’est ensuite la voix chargée d’émotion que Jean-Paul Michel a lu un poème consacré à Jean-Marie Pontévia qui fut son professeur à l’Université mais surtout son ami, « un poème du frémissement qui laisse une trace de ce qui a été ». Enfin c’est le « pouvoir ultime, quasi-résurectionnel de la littérature » qui a résonné parmi les livres de la Machine à lire, Jean-Paul Michel évoquant alors « le risque terrible de perdre ce qui a été ». Conserver les écrits des hommes, garder en vie ce qui aurait pu se perdre, des témoignages sensibles d’un certain rapport au monde, transmettre aux futurs lecteurs des mots qui comptent, voilà alors « la pulsion d’édition » d’un poète/éditeur/lecteur qui compte et qui, depuis 1976, date de création de sa maison, introduit un peu d’art dans nos sentiments, assurément.

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