Le Festival BD d’Angoulême : les héros de papier sortent de la page


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 22/01/2019 PAR Anne-Lise Durif

Voilà un peu plus de dix-sept que Samuel Boulesteix revisite l’univers de la bande-dessinée en sculpture. « La Bande-Dessinée a toujours fait partie de mes influences », explique l’artiste, qui s’est lancé en 2001 avec la réalisation de trois premières sculptures inspirées des héros de la série Lanfeust. Leur particularité ? D’être en bronze composite, un mélange de résine et de poudre de métal, conférant l’aspect d’un bronze véritable. « J’aime la patine et l’ambiance particulière que donne le bronze à un personnage », explique le sculpteur, « j’essaye de trouver un équilibre entre cet esprit et celui de l’univers de la bande-dessinée. Je m’attache à respecter à la fois le rendu des volumes en 3D, qu’on n’a pas dans la BD et que permet la sculpture, tout en gardant le dynamisme et la spécificité du personnage ». S’il ne prétend pas reproduire à l’identique les héros de la BD, il en restitue une forme d’essence. Même lorsqu’il traduit les couleurs d’un personnage, la polychromie reste toujours une évocation. « Pour garder l’esprit du bronze et ne pas le couvrir sous des aplats de couleur, je l’applique par foyers résiduels, comme si elle s’était estompée avec le temps ».

Gaston, du dessin préparatoire au plâtre

Dessin préparatoire et plâtre pour une scupture représentant Gaston Lagaffe, sortie à 45 exemplaires en 2015.

 Ce qui n’empêche pas le souci du détail. Obligé de passer par l’aval des ayants droits des personnages de BD,  Samuel Boulesteix se retrouve parfois à débattre longuement sur la place d’un bouton ou de l’exact couleur d’un vêtement. Jusqu’à présent, aucune autorisation ne lui a été refusée. « L’essentiel, c’est que l’ensemble fonctionne », analyse l’artiste. Lui-même perfectionniste, il n’hésite pas à passer des heures sur le rendu d’un détail. « Les mèches folles de Gaston Lagaffe, par exemple, ont été un vrai casse-tête pour moi », se souvient-il amusé, « j’ai essayé différentes choses avant de faire découper de fines lamelles dans des plaques de laiton, que j’ai retravaillées pour retrouver le côté aérien, puis soudées une par une à l’argent ». Le résultat en vallait la peine. Editée à 45 exemplaires en 2015, la sculpture de 50 cm est aujourd’hui très prisée des collectionneurs. Initialement vendue 1900 € l’unité, l’une d’entre elles est partie aux enchères pour cinq fois son prix l’an dernier.

Cultiver beauté et rareté

A la fois créateur, éditeur et vendeurs de ses sculptures, Samuel Boulesteix a fini par s’associer en 2015 à deux professionnels de la BD, Fabien Rondeau, d’Edition Original, et Hervé Le Gall, de BD Flash, pour la partie vente. « Comme ils sont au contact direct de la clientèle BD, ils font remonter les attentes et les tendances du marché », explique-t-il. La demande, le coût du bronze composite et de la main d’œuvre déterminent à chaque fois le type de personnage et le nombre d’exemplaires édités. « Il faut répondre à la demande tout en conservant le besoin de rareté d’un objet, qui fait l’intérêt d’un collectionneur », poursuit l’artiste, « d’ailleurs, je casse toujours les moules à chaque fin de série ». Une façon de garantir l’originalité des pièces à terme.

Cinq personnes composent depuis 2016 l'atelier de Boulesteix, où toutes les étapes de fabrication sont reproduites à la main

Pour l’aider à répondre à la demande, il s’est entouré depuis 2016 de 5 salariés, qu’il a lui-même formé à son art. Au fil du temps, les personnages de BD ont pris complètement le pas sur les autres créations de Boulesteix – des nus, des crânes, des indiens, qu’il vendait beaucoup à ses débuts, dans une boutique du front de mer de Royan. Il ne désespère pas pouvoir un jour pouvoir accorder un peu de temps à d’autres types de créations, même si l’univers de la BD le comble. « Quand j’étais ado, j’adorais lire des magazines sur les coulisses du cinéma. Je rêvais de devenir un jour créateur de masques et effets spéciaux dans les studios californiens », raconte-t-il, avant d’ajouter dans un sourire, « Finalement, mon Hollywood à moi aura été Angoulême ».


A voir, à faire à Angoulême pour cette 46e édition, du 24 au 27 janvier

 

 Spirou revisité par Boulesteix

Spirou, par Boulesteix.

  • 70 ans de figurines BD

Dans une ambiance d’atelier, l’exposition « la sculpture BD des années 50 à nos jours » retrace l’histoire de la figurine et de la sculpture des personnages de BD, de leurs premières créations à aujourd’hui. Des plâtres, des moulages, des sculptures et des vidéos de réalisation de Boulesteix accompagnent les figurines et archives d’un collectionneur. Une quarantaine d’œuvres, dont un Tintin de 1950, sont à découvrir sur cet espace de 1000 m2 composé en 4 univers thématiques.

A la CCI, 27 place Bouillaud à Angoulême.

  • Richard Corben

Comme chaque année, le Grand Prix du Festival se voit consacrer une exposition. À cette occasion, de nombreux collectionneurs se sont mobilisés en vue de constituer la rétrospective la plus complète possible sur Richard Corben, auteur considéré par la profession comme l’un des dessinateurs les plus fascinants de sa génération. Un artiste que Moebius lui-même appelait «Richard “Mozart” Corben» pour souligner son génie sans égal. L’exposition met en avant l’imagination sans limite et le style graphique unique de ce maître du fantastique, à travers 250 planches originales retraçant toute sa carrière, dont certaines jamais exposées jusqu’alors.

A musée d’Angoulême.

  • Batman

La médiathèque du Grand Angoulême propose une plongée dans l’univers de Gotham City. Batman fête ses 80 ans cette année et n’a pas pris une ride, après être passé sous la mine graphite de dizaine de dessinateurs, de Bob Kane à Frank Miller. L’exposition s’attache à montrer l’évolution de ce personnage qui reflète les évolutions de la société, ses espoirs comme ses préoccupations : criminalité, écologie, place de la femme, rôle du politique, etc.

Espace Alpha, derrière la gare.

  • Manara

Très souvent associé à ses grands succès érotiques, Milo Manara est pourtant l’auteur d’une œuvre d’une extraordinaire variété, qui s’étend de la fin des années 1960 à nos jours. Le FIBD lui consacre pour la première fois une rétrospective exceptionnelle. Elle treace 50 ans de carrière, de l’ébullition italienne des années 1970 à la rencontre avec Federico Fellini, en passant par ses collaborations avec Hugo Pratt et son goût de la sensualité.

Espace Franquin, salle Iribe.

  • Tom-Tom et Nana

Ils ont accompagné toute une génération dans leurs bêtises d’enfant, à travers notamment des revues comme J’Aime Lire (Bayard Presse). Quarante ans après leur création, Tom-Tom et Nana restent les héros d’une bande dessinée transgénérationnelle qui ravit autant les jeunes lecteurs d’aujourd’hui que leurs parents. L’exposition donne la parole à son autrice Bernadette Desprès, mais aussi aux écrivains qui ont collaboré aux histoires de Tom-Tom et Nana durant ces 4 décennies. Bon à savoir pour une sortie familliale : les petits festivaliers pourront s’amuser avec des jeux issus de l’imagination de l’autrice, mais aussi dessiner, lire et retrouver les aventures de nos deux héros dans leurs dessins animés, projetés dans l’une des salles.

Quartier jeunesse

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