Festival du film francophone d’Angoulême : les femmes à l’honneur du palmarès


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/08/2019 PAR Anne-Lise Durif

L’ex ministre de la culture Françoise Nyssen, membre du jury, a rendu hommage « au cinéma pour ses histoires qui construisent notre société. La terre brûle, les espèces disparaissent, les sols s’appauvrissent, la violence est partout, les extremismes montent, les inégalités se creusent et nous en connaissons les causes […] Merci aux auteurs qui nous parlent d’un passé, d’un présent et nous permettent d’inventer un futur. » Elle a remis le prix du scénario à Mounia Meddour pour son film Papicha, qui parle de la guerre civile en Algérie, qui dura de 1991 à 2002.

 Prix du public pour Papicha, de Mounia Meddour

Juste avant de recevoir le prix du scénario, Mounia Meddour a reçu le prix du public par Macha Méril (photo). « Le prix du scénario, c’est le meilleur prix qu’un réalisateur puisse recevoir », a confié Mounia Meddour, très émue. Elle a confié avoir fait ce film en espérant que plus aucun pays « ne connaisse le scénario qu’à connu l’Algérie ces années là ». Elle a rendu hommage au festival, pour sa chaleur et son accessibilité au grand public :  « nous avons pu beaucoup échanger avec les spectateurs, notamment sur la situation des femmes dans le monde ». 

 Prix Valois diamant pour Les Hirondelles de Kaboul

 Les réalisatrices Eléa Gobbé-Mévellec et Zabou Breitman ont remporté le grand prix du festival, le Valois de Diamant, pour leur film d’animation Les Hirondelles de Kaboul. « Au moment d’attribuer un prix, évidemment il y a toujours des divergences d’opinion, mais sur celui-ci, il y a eut l’unanimité, c’était un moment évident où le silence s’est fait », a expliqué Jacqueline Bisset. « Faire un film d’animation, c’est long et fastidieux, donc merci », ont commenté les deux deux réalisatrices qui ont mis deux ans à boucler leur film. « Je n’aime pas les codes. Animer les imperfections d’un personnage, les erreurs de vie, ça empêche la rigidité des codes. Merci à l’équipe d’avoir animé avec délicatesse et nuances les caractéristiques des acteurs qui ont prété leurs voix et leurs traits au film », a déclaré Zabou Breitman, qui a tenu à rendre hommage à son père Jean-Claude Deret qui prête sa voix au vieux Nazim dans le film. Les Hirondelles de Kaboul fut sa dernière contribution, à l’âge de 90 ans. Les acteurs Simon Abkarian, Zita Hanrot, Swann Arlaud, Hiam Abbass, Sébastien Pouderoux, Serge Bagdassarian, Michel Jonasz et Pascal Elbé ont également participé. Après une nomination à Cannes et le prix de la fondation Gan au festival d’Annecy, le film sortira le 4 septembre. 

 Prix de la meilleure mise en scène pour Tu mérites un amour d'Afzia Herzi

La révélation de La Graine et Le Mulet a fait bien du chemin depuis 2007. Hafsia Herzi a remporté le Valois de la mise en scène pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Tu mérites un amour. « C’est un film fait avec le coeur commencé il y a tout juste un an – pour sa sélection à Cannes, j’étais encore sur son montage. Un prix est une véritable reconnaissance, car un film, c’est beaucoup de solitude et de questionnement », a remercié Hafsia Herzi, très émue.

 Prix feminin ex aequo

Exceptionnellement au festival d’Angoulême, le prix de la meilleure actrice a été décerné à deux actrices : Lyna Khoudri pour Papicha et Nina Meurisse pour Camille, de Boris Lojkine. A l’instar de sa réalistrice, Lyna Khoudri a rendu hommage aux victimes de la guerre civile algérienne, et dédié ce film aux Algériens descendus dans la rue ces derniers mois pour faire entendre leurs voix. Nina Meurisse a quant à elle dédié son prix à Camille Lepage, dont elle incarnne le rôle à l’écran. Le film de Boris Lojkine raconte l’histoire de cette jeune photoreporter en Centrafrique, tuée en 2015 aux cours d’un affrontement entre groupes armés. « Nous sommes allés tourner en Centrafrique et nous avons découvert des situations et des gens dont la richesse et la complexité vont bien au-delà de tous les clichés que nous avons sur l’Afrique. J’en suis revenue transformée. Ma rencontre avec Camille, avec cet univers, avec ces personnes, m’a bouleversé. Ce film a complètement changé ma vie », a-t-elle expiqué, émue, avant de remercier les photographes de l’AFP qui lui ont permis d’appréhender l’univers du photojournalisme durant deux mois à leurs côtés.

 Le prix meilleur acteur masculin pour Anthony Bajon

Le Valois du meilleur acteur a été attribué à un autre espoir du cinéma français : Anthony Bajon, déjà remarqué dans La Prière (2018), de Cédric Kahn, pour lequel il avait déjà été nommé aux Césars dans la catégorie espoir masculin. Le jury du FFA a confirmé son talent en le récompensant à la fois pour son rôle dans Au Nom de La Terre, d’Edouard Bergeon, et pour Tu mérites un amour, d’Hafzia Herzi, tous deux en compétition sur cette 12e édition. Modeste, Anthony Bajon a tenu à rendre hommage à Guillaume Canet, à qui il donne la réplique dans Au Nom de la Terre : « C’est lui qui porte véritablement le film d’Edouard Bergeon », a-t-il insisté, avant de remercier chaudement Hafzia Herzi pour lui avoir fait confiance sur son premier long-métrage, « C’était un grand honneur de jouer sous sa direction. Pour moi, une grande réalisatrice est née ». 

Le prix de la meilleure musique a été attribué à les hirondelles de kaboul

En plus du premier prix, Les Hirondelles de Kaboul ont également remporté le Valois de la meilleure musique de film, composée par Alexis Rault. « Quand on fait de l’animation, recevoir un prix ici à Angoulême, c’est un peu comme célébrer Noël à la montagne – c’est magique », a déclaré le compositeur, qui a également tenu à remercier Dominique Besnehard : « C’est le premier producteur a m’avoir fait confiance quand je me suis lancé il y a plusieurs années ».

Jacqueline Bisset était la présidente du jury de cette édition

Avant de clôturer la remise des prix, Jacqueline Bisset a tenu à dire quelques mots sur sa toute première participation au festival : « Ca valait la peine de venir. Cette idée de francophonie, ça agrandit le coeur. » La duchesse du Luxembourg, présente avec son mari en fin de semaine, a remercié le festival d’avoir mis son pays à l’honneur de cette 12e édition: « Je sais qu’il n’est pas toujours perçu à sa juste valeur à l’exterieur. Merci de l’avoir montré sous d’autres couleurs et sous d’autres talents » (sept films luxembourgeois étaient à découvrir durant le festival). 

Le FFA Palmarès

Les lauréats de cette 12e édition, dont Maryam Touzani (au premier plan, à gauche), qui a reçu le prix des étudiants pour son film Adam, dont elle a co-écrit le scénrio avec Nabil Ayouch, le réalisateur du multi-primé Much Loved (2015). Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, le film s’attache à la condition des femmes et mères célibataires au Maroc.

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