Francis Jeanson, l’intellectuel qui réconcilie la France et l’Algérie


Francis Jeanson
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 30/11/2012 PAR Olivier Darrioumerle

« Frère-prêcheur en terre convertie ». C’est ainsi que Thierry Garrel définit sa mission. Durant le mois de novembre l’ancien directeur du documentaire chez Arte a parrainé près d’une centaine de films projetés dans 75 lieux en Aquitaine. Thierry Garrel, aujourd’hui grand artisan du renouveau documentaire en France et en Europe, félicitait le soutien de l’agence ECLA en Aquitaine. En quelques chiffres, la Région a engagé, en 2011, 2 507 000 € pour soutenir la création et la production dont près d’1 million pour l’audiovisuel (près de 500 000 € pour le documentaire entre les aides à l’écriture, les aides au développement et celles à la production).

Thierry Garrel s’étonne toutefois que le film documentaire ne soit honoré qu’un mois sur douze ! Jamais mis en avant dans les salles et les médiathèques, le documentaire est le parent pauvre du cinéma. Les réalisateurs de  « Francis Jeanson, Itinéraire d’un intellectuel engagé » se plaignent notamment des heures de diffusion du documentaire. « Le film est diffusé dans le programme de France 3  » la case de l’oncle doc  » le lundi à une heure du matin. Une heure où, bien sûr, tout le monde est devant son poste ! », ironise Catherine de Grissac. L’action de Francis Jeanson, auteur rebelle et fondateur d’un réseau clandestin pendant la guerre d’Algérie, ne correspondrait il pas au sens de l’histoire racontée par l’intelligentsia française et le pouvoir algérien ? 

Tension dans les relations franco-algériennes 

En octobre du cinquantenaire de l’indépendance algérienne François Hollande reconnaissait la responsabilité de la France dans les massacres à Paris du 17 Octobre 1961. Mais le 1er novembre, à la veille du 58e anniversaire du début de la guerre contre la France, le ministre algérien des moudjahidins (anciens combattants), Mohamed Cherif Abbas, demandait au nom des Algériens « une reconnaissance franche des crimes perpétrés à leur encontre par le colonialisme français ». La polémique sur la culpabilité de la France relancée, François Hollande retourne à Alger, le 19 et le 20 décembre. Le vice-consul d’Algérie à Bordeaux, Hamza Hadj Cherif, sans se prononcer sur la polémique, rappelle que « la personnalité de Francis Jeanson, comme celle de Maurice Audin ou encore celle de Jacques Verges, marquent l’admiration du peuple algérien qui, grâce à l’engagement de ces hommes, ne considère pas que tout le peuple français était contre eux pendant la guerre. »

Francis Jeanson, personnalité algérienne, intellectuel français

Francis Jeanson a toujours travaillé dans le sens de son engagement : « sortir de l’impuissance ceux qui ne pouvaient pas s’exprimer en les amenant à avoir des prises au plus près du réel », explique son fils, Pierre Jeanson. Les lecteurs de Jeanson puisent dans son œuvre le sens de son engagement, pas seulement auprès des Algériens. Et parmi les éditeurs de Jeanson on retrouve les éditions du Bord de l’Eau ( Une exigence de sens, Entre-deux, Escales. ) ECLA et le vice-consul d’Algérie ont ainsi converti cet hommage à cet intellectuel français et personnalité algérienne, en une occasion de se rapprocher. « Bordeaux et Oran sont jumelées, ainsi que Blanquefort et Timimoun, qui ont eu un bel échange entre bibliothèques», témoigne Hamza Hadj Cherif qui voudrait élargir les accords avec la Région. ECLA, de son côté, imagine une collaboration entre la maison d’édition girondine et les éditeurs algériens Barzakh. Preuve que l’esprit de Jeanson continue de pousser les hommes à agir. 

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