Franck Riester : « Nous ferons de 2020 l’année de la BD »


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 29/01/2019 PAR Anne-Lise Durif

Pierre Lungheretti a profité de la venue du ministre le samedi, pour présenter à la presse et à une poignée d’élus les grandes lignes de cet état des lieux, qu’il a mené avec ses collaborateurs auprès des acteurs du monde de la BD. « Le 9e Art vit un moment paradoxal […] lié au contexte économique peu favorable : la BD est elle aussi soumise aux effets de la mondialisation, à l’érosion de la lecture et de l’achat du livre papier, alors qu’elle n’a jamais été aussi qualitative et riche de créations », résume Pierre Lungheretti, « La bonne santé de la bande dessinée dépend directement de la situation économique et sociale des auteurs. Or cette situation s’est dégradée ces quinze dernières années […]  nécessitant d’actionner des leviers propre au ministère.  Il y a une attente forte d’un soutien par une politique publique, qui prendrait en compte les spécificités du secteur et les évolutions qui se sont manifestées ».

Des propositions concrètes des acteurs de la BD

Parmi les pistes de solutions proposées, le rapport préconise une intégration de la BD dans les programmes d’actions menées pour les Arts visuels, notamment pour y faire émerger de nouveaux projets innovants avec le monde des arts plastiques. Le directeur suggère également la création d’un fonds patrimonial, pour  « valoriser, conserver et transmettre » le patrimoine BD français qui émerge depuis 50 ans. Parmi les autres propositions : développer encore les ateliers BD auprès du jeune public, « bénéfiques pour les jeunes sur le plan culturel, de la transmission des savoirs et de l’apprentissage de la lecture », mais aussi à l’étranger, comme vecteur de la francophonie. Le rapport demande également un renfort du soutien aux diverses manifestations autour de la BD, terrains fertiles pour la création de projets connexes et la mise en réseau  des professionnels.

Faire d’Angoulême un pôle de compétitivité des métiers de l’image

Franck Riester à la tribune du vaisseau Moebius, le 26 janvier 2019.

Félicitant Pierre Lungheretti pour son « panorama complet de la bande-dessinée française », Franck Riester a déclaré d’emblée que « les propositions concrètes » proposées par le rapport ne seraient  « pas toujours possibles à mettre en œuvre ». Reprenant plusieurs points du rapport, il a encouragé en premier lieu Angoulême et son festival à poursuivre leurs projets en matière de promotion du 9e Art. Annonçant qu’il comptait pérenniser l’aide biannuelle de l’Etat au FIBD, il a encouragé les acteurs de la Cité de l’image à « créer des structures pérennes pour le festival ». « Ce sont des dossiers qui ne datent pas d’hier, je crois que c’est le moment de les mettre en œuvre. Il est nécessaire que les partenaires publics disposent très vite d’une programmation précise, technique, architecturale et financière », a-t-il lancé, précisant que le projet devra être piloté par une seule des deux collectivités partenaires du festival (à savoir le Département ou la Ville d’Angoulême). Sa vision de l’évolution de « la capitale de la BD française » va même au-delà du festival : «L’écosystème de l’image à Angoulême demande une gouvernance adaptée », rassemblant la Cité, les écoles de l’image, ainsi que la médiathèque Alpha d’Angoulême, « c’est ainsi que vous en ferez un véritable pôle de compétitivité », a-t-il précisé.

Un concours national pour les jeunes auteurs

« Nous ferons de 2020 l’année de la BD », a-t-il encore déclaré, annonçant davantage de manifestations dans les établissements scolaires et les bibliothèques. Une offre d’achat de BD devrait également être ajoutée au PASS culture à l’intention des jeunes, en test actuellement dans cinq départements. « Nous allons également lancer un grand concours national pour les jeunes auteurs, comme il existe des concours pour les jeunes architectes, pour leur permettre de se faire connaître ».

Bien que « conscient de la précarité d’un grand nombre d’acteurs » (scénariste, illustrateurs, coloristes), Franck Riester a renvoyé les éditeurs a leurs responsabilités : « Aujourd’hui, la BD représente 11% du chiffre d’affaires des métiers du livre, avec 9% de croissance par an : ce n’est plus un art mineur. La chaîne du livre doit en tirer des conclusions ». Le ministère a tout de même lancé une étude suite aux Assises des auteurs, dont la conclusion est attendue à la fin du 1er semestre, en vue de repenser le statut des créateurs. « Nous allons prendre des mesures après consultation des auteurs ». Une meilleure rémunération pourrait passer notamment par des activités de médiation et de transmission culturelle dans les milieux éducatifs et socioculturels. 

Suivant une préconisation du rapport, le ministre a également promis la création d’un fonds d’archives pour faire rentrer le patrimoine BD dans les Collections nationales. Il compte lancer prochainement « un recensement des planches originales dans les bibliothèques et les fonds privés, en vue de les confier aux archives de la Maison de la BD ». Cette Maison de la BD verrait le jour à Paris et viendrait non pas en concurrence mais en complément de la Cité de la BD, a promis le ministre. « Elle serait un relais des différentes expositions et salons organisés un peu partout en province », a-t-il explicité.

A l’issue de cette réunion, Pierre Lungheretti a assuré à Franck Riester qu’il « serait totalement engagé aux côtés du ministère de la culture pour contribuer à la mise en œuvre de la nouvelle politique ».


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Angoulême, candidate au réseau des villes créatives de l’Unesco

Franck Riester, Lara Scarlett Gervais et le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont

Franck Riester a fait le tour du festival de la BD le samedi, visitant quelques expositions, dont Odyssée, une exposition supportée par l’Unesco, sur la thématique de la protection du patrimoine (bâti ou environnemental). Soutenue par l’Europe et le Ministère de la culture, cette manifestation s’inscrit dans le cadre de la candidature de la ville d’Angoulême au réseau des villes créatives de l’Unesco. Portée par l’association Héritage et Civilisation, Odyssée a été montée en un mois avec 13 dessinateurs BD, pour la plupart primés au festival d’Angoulême.  Chacun d’entre eux a réalisé une planche racontant une petite histoire incitant à la préservation du patrimoine.  Pour créer leur univers, ils se sont inspirés chacun d’une photo réalisée par la présidente de l’association, Lara Scarlett Gervais. Archéologue de formation, cette angoumoisine, voyageuse au long cours, a photographié des sites patrimoniaux du monde entier, en particulier dans les pays en guerre. Ses photos, notamment de Syrie, ont déjà fait l’objet d’une exposition au musée d’Angoulême l’an dernier, ainsi qu’à l’Unesco. Objectif : sensibiliser les populations à la protection du patrimoine, en particulier les jeunes. Après le festival, l’exposition sera visible dans les écoles d’Angoulême, avant de partir dans les villes du réseau villes créatives de l’Unesco. Du CM2 à la 5e, les jeunes seront amenés à créer une vidéo de 5 à 10 minutes sur leur patrimoine local. Ils le partageront sur une plateforme internet, à l’intention des élèves d’autres écoles, y compris dans d’autres pays. Le meilleur film sera récompensé lors d’un concours annuel.

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