Google, un ami-ennemi de votre cerveau


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 04/02/2009 PAR Joël AUBERT

Un titre accrocheur, une thématique autour de « la mémoire court-circuitée » par l’immense ressource du moteur de recherches. Hervé Morin est journaliste au Monde ; Benoit Le Blanc, directeur adjoint de l’Institut de cognitique à l’université de Bordeaux. Le débat est mené par l’AEC, Aquitaine Europe Communication. Tous les trois, ils ont épluché les ressorts du célèbre Google. Et quand tout le savoir du monde sera accessible sur le Net, est ce que notre cerveau devra pointer au chômage ?

Les aficionados de la toile se reconnaîtront. Les internautes du week-end aussi. Chacun de nous a déjà vérifié l’orthographe d’un mot sur Internet, parce que le gros dictionnaire sur l’étagère est bien plus lourd à porter. Le copier-coller depuis Wikipedia, qui ne s’y est pas laisser tenter ? Et l’énorme angoisse de l’utilisateur « amputé » par un matériel informatique qui lui fait soudain défaut.
L’arrivée des nouvelles technologies numériques a très largement modifié les comportements sociétaux. Le cador des moteurs de recherches, Google, a bouleversé l’apprentissage. « L’arrivée des technologies est un bien. Avec le GPS, le service d’annuaire en ligne : on se décharge pour finalement se consacrer à autre chose », explique Hervé Morin. « Sauf qu’il ne faut pas oublier la critique de ce modèle de société », lui rétorque Benoit Le Blanc.

Un support de savoirs
Le constat est là : les dernières générations « zapping » ont vu leur culture générale régresser. Leur pensée imaginative a suivi le même chemin. Même chose en ce qui concerne leur capacité de jugement. Mais s’il énumère les conséquences cérébrales de l’utilisation inintelligente d’internet, Benoit Le Blanc n’en oublie pas les avantages. « Le support numérique reste avant tout un support de savoirs. On demande aux jeunes enfants de connaître un certain nombre de mots : peu importe l’endroit où ils les trouvent. »
L’important étant l’interconnexion. Sous ce terme habile, les deux intervenants parlent de multiplication des sources d’information. « Pour qu’il y ait capacité d’assimilation, il faut faire travailler la mémoire. Et travailler son cerveau, ça veut dire mettre une information en relation avec d’autres et synthétiser l’ensemble. Il n’y a que comme ça qu’on retient quelque chose. » Et c’est là que Google pose problème. A chaque recherche de mot clé, il propose un même type d’information.
Le succès du moteur de recherche aidant, c’est le consommateur qui se met alors lui-même en danger. « Google ne devrait être qu’une source d’information parmi d’autres. Sauf que la plupart des internautes prennent pour argent comptant ses réponses et ne vont pas chercher plus loin », ajoute le journaliste du Monde. Oui mais, la génération d’aujourd’hui, celle qu’on surnomme « Y », se lasse vite. Elle veut du « tout de suite, maintenant ». Le moteur de recherche s’accorde sur ce besoin. Sauf que son information est uniformisée et qu’elle répond aux objectifs d’une société marchande.
Amis-ennemis de notre cerveau, les moteurs de recherche sont à utiliser avec parcimonie. C’est la morale du débat numérique. L’internaute intelligent est celui qui tire profit des nombreuses ressources d’Internet. Il est celui qui donne du sens à l’information brute, celui qui la met en perspective. Google dialogue par suites informatiques de 0 et 1. Le cerveau humain réfléchit.

Virginie Wojtkowski

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