Guillaume Gallienne est Le Malade Imaginaire à La Rochelle


Christophe Raynaud de Lage
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 03/10/2019 PAR Anne-Lise Durif

Son metteur en scène Claude Stratz (1946-2007), complice de Patrice Chéreau au Théâtre des Amandiers, qualifiait cette pièce de « comédie crépusculaire teintée d’amertume et de mélancolie ». Chez Stratz, le crépusculaire est dans le détail : le bruit des courants d’air soufflant entre les hauts murs de la demeure d’Argan, la lumière de fin du jour tombant des fenêtres, les robes noires et les mines sinistres des médecins. Il y a quelque chose de quasi cinématographique dans cette scénographie pourtant sobre. Tout y concourt bien sûr à renforcer le propos tragique et désabusé que Molière mit dans la dernière œuvre de sa vie, qu’il composa malade et très affecté par la mort de son fils et de son amie Madeleine Béjart.

Scène de présentation de Thomas à Angélique


Mais avec Molière, la farce n’est jamais très loin et Stratz ne l’a pas oublié. Il accentue, ça et là, par petites touches subtiles et colorées, le phrasé d’un personnage, la posture d’un comédien, passant sans cesse, comme dans un mouvement lent de métronome, du tragique au comique et du comique au tragique. Cet équilibre des jeux donne lieu à quelques scènes savoureuses, comme la présentation du prétendant Thomas Diafoirus, fils de médecin, à Angélique, la fille d’Argan, qu’il souhaite marier (photo). Diafoirus père y livre une interprétation hilarante de la piètre vision que Molière avait des médecins de son époque – ronflants, verbeux, grandiloquents, plus comédiens que les comédiens – oscillant entre ridicule et superbe. Guillaume Gallienne/Argan n’est pas triste non plus dans son costume de grand bébé, teint cireux, couche culotte et blouse d’hopital ouverte dans le dos. La caricature n’est jamais loin mais n’est jamais grotesque, et c’est toute la force de la mise en scène de Stratz, qui a su ici redonner du classicisme au Classique, tout en en dépoussiérant les codes pour mettre en exergue l’universalité du texte. Il réussit même à nous surprendre dans la toute dernière scène, avec une note finale inattendue.

Note/ A voir tous les soirs à La Coursive, jusqu’à dimanche inclus. Durée: 2 heures sans entracte. 

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