Hommage à Henri Martin au musée des beaux arts de Bordeaux


DR
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 24/10/2008 PAR Piotr Czarzasty

D’origine Toulousaine, Henri Martin (1860-1943), avait fait ses débuts dans la carrière de peintre d’Histoire sous l’influence de son maître et compatriote Jean Paul Laurens (1838-1921). Après avoir été brièvement séduit par le symbolisme et l’entreprise rosicrucienne du Sâr Joséphin Péladan, il se laisse séduire, à la surprise de ses pairs, par le pointillisme de Paul Signac et de Camille Pissarro, vers la fin du XIXème siècle. En demeurant fidèle à cette approche néo-impressioniste, il se voit vite confronté aux critiques de l’avant-garde contemporaine.

Henri Martin revisité
L’exposition propose de revisiter cet artiste, quelque peu hors du commun, en retraçant de manière chronologique l’ensemble de sa peinture. Plusieurs oeuvres emblématiques nous font arrêter un instant pour marquer les étapes de l’évolution de l’artiste, de sa réflexion et de la palette des thématiques abordées. Un des ses premiers autoportraits rappelle son intérêt précoce pour le symbolisme, qui ne disparaîtra d’ailleurs jamais entièrement de ses tableaux plus tardifs. Dans une aura et sous les traits de Saint Jean-Baptiste, Henri Martin fait penser à « un artiste en mission, celui met son talent au profit des autres, un artiste qui se montre comme égal à Dieu. » explique Olivier Le Bihan, directeur du Musée des beaux-arts.

La femme, l’inspiration symbolique
Le changement de technique, que l’on peut apercevoir au fur et à mesure de la visite, se traduisant par le passage d’une peinture lisse et grasse et plus sombre à celle de petits traits, s’approchant du pointillisme, plus clairs et aux couleurs chaleureuses, ne va pas de pair avec l’abandon du symbolisme. Celui-ci a plutôt tendance à rejoindre l’allégorie. On le voit particulièrement dans les portraits de femmes, qui semblent d’ailleurs source majeure d’inspiration pour l’artiste. Dans Madame Sans par exemple, l’héroine tient dans sa main un chardon. (ce qui est souvent le cas dans les représentations de femmes d’Henri Martin), « On l’associe de suite au chardon de Marie » rappelle M. Le Bihan, « cela renvoie à la pureté, la protection, c’est l’image de la fidélité aussi. »

Entre enfer et paradischacun sa chimere
Son penchant pour l’allégorie se fait le plus resentir dans son oeuvre monumentale Chacun sa chimère (280 x 647cm). Un cortège de couples tout-à-fait singuliers défile sous nos yeux. Chacun, homme ou femme, y est donc accompagné par sa « chimère ». Le cortège est mené par St François d’Assises, qui, lui, se voit survolé par ce qui apparaît comme un ange gardien. Derrière lui un homme voûté, donne l’impression d’être écrasé par le poids de sa famille ou d’une femme « trop féconde », comme l’on dirait autrefois. Un autre est mordu par un monstre serpent, faisant sûrement référence à l’orgueil. En contraste à cette vision manichéenne, Henri Martin propose Champs Elysées. Le tableau représente des femmes, vêtues de robes blanches, qui se rassemblent pour exprimer ce qui semblerait un éloge à un esprit divin, pourquoi pas le dieu de la beauté et des arts Apollon ? Et ce dans une mise en scène idyllique d’une nature en plein épanouissement de printemps.

Le charme de la nature
Ce tableau marque un tournant dans la carrière du peintre, qui à cette époque, enchanté par les paysages éblouissants de la virginité d’une nature campagnarde, consacre sa peinture à l’étude des occupations des hommes, aux rites de la société, la transmission des savoirs ancestraux. Il met souvent en avant le bien-être et la sérénité reignant dans le mode de vie des gens de campagne. Son intérêt tourne particulièrement vers les femmes qui semblent représenter pour lui le paradis des hommes sur terre. On retrouve ces objets de fascination à nombreuses reprises dans les tableaux consacrées aux endroits dont le charme l’a incité à s’y installer. Ce sera le cas de plusieurs tableaux sur Colliure, Saint-Cirq-Lapopie ou Labastide du Vert.

Le grand « come-back »
Ce ne sera tout de même pas la première fois que Bordeaux accueillera dans ses parois le célèbre néo-impressioniste. Dans une interrogation sur le choix des lieux qui pourront le mieux entretenir la mémoire de son activité tout inclinait à penser que le musée de Toulouse sera le principal bénéficiaire de sa générosité. C’est néanmoins Bordeaux qu’il choisit, sans oublier Cahors, dont il avait déjà décoré la préfecture et l’hôtel de ville. En 1938, fort de son don de 28 oeuvres, le Musée des beaux-arts de Bordeaux inaugure une salle consacrée à Henri Martin. La déclenchement de la guerre compromet malheureusement l’existence de cette salle. 70 ans plus tard Henri Martin est donc de retour, certes pour seulement quelque temps, mais enfin présent.

Piotr Czarzasty

Musée des beaux-arts
de Bordeaux
20 cours d’Albret,
33000. Bordeaux.
Tel. : 05 56 10 20 56

« Henri Martin, du rêve au quotidien » jusqu’au 1er février 2009
Exposition ouverte tous les jours de 11 heures
à 18 heures, sauf le mardi et les jours fériés
www.bordeaux.fr

Entrée : 5 €
Tarif réduit : 2,50 €
L’entrée du musée est gratuite pour les demandeurs
d’emploi et les jeunes de moins de 18 ans.

Renseignements et réservations visites
Tél. : 05 56 10 25 25
Fax : 05 56 10 25 29
i.beccia@mairie-bordeaux.fr

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles