Interview : Blitz The Ambassador qui jouera Dimanche 14 août au festival Musicalarue à Luxey (40)


MVMT
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 12/08/2011 PAR Thomas Guillot

@qui – Vous avez créé votre label MVMT . Je me demandais comment vous pouviez gérer tous les aspects de votre musique, les graphismes, la pub ?

Blitz The Ambassador – En musique aujourd’hui, on ne peut plus dépendre des gros labels pour promouvoir la nouvelle musique, les nouveaux sons, les nouvelles idées. Tout le système est réglé pour promouvoir la pop music. Si ça ne rentre pas dans cette boite, c’est plus difficile. Donc nous avons créé notre label parce qu’on savait que si l’on emmenait Stereotype aux labels normaux, ils n’auraient pas su le markété correctement. Parce que ce n’est pas un album normal. Il n’a pas de single. Ce n’est pas facile à vendre. Donc on a commencé très petit, on avait pas prévu d’ajouter d’autres artistes. On a eu assez de succès avec Stereotype pour qu’ils viennent eux même nous demander « Comment vous faites ça ? ». On répond que l’on a pas d’argent, on a pas les moyens de le faire mais qu’on a l’envie. C’est plus comme une famille, on le considère pas comme un label. Ce sont des amis, des gens dont on aime la musique, qui aime notre musique et qui sont regroupés dans une structure qui peut les aider à signer des contrats. Vous avez besoin de marketing, de publicité…

@! – Vous êtes du Ghana, vous habitez à Brooklyn (New York), vous jouez du hip hop avec des musiciens de jazz. C’est un mélange très original comment vous mixez l’Afrique avec l’Amérique ?

BTA – Je considère ma musique comme la suite de l’histoire africaine. Je ne pense pas que les afro-américains, les afro-caribéen, ou les africains du Brésil soient différents des africains d’Afrique. Ce peuple a été enlevé de son continent mais on partage toujours le même sang. Donc dans le processus créatif devient très facile parce que les éléments rythmiques que tu entends dans le jazz, dans la soul, dans le reggae sont les mêmes que dans la musique africaine traditionnelle, l’afro-beat ou le zouk. Il suffit de connecter les points. Et quand tu balances un morceau à la radio, ça vient toujours de ta tête. Il suffit regrouper tout ça en un seul morceau et l’ajouter à toutes les expériences que tu as vécu entre temps. Les expériences en Europe, en Amérique du Sud, en Afrique, en Amérique… Et tu te rends comptes que tu as une expérience humaine plus que seulement africaine ou américaine.
Le but est de faire de la musique que tout le monde peut apprécier, différentes sortes de gens, avec des histoires différentes, des vies différentes.

@! – C’est pour que cela que vous vous appelez l’Ambassadeur ?

BTA – Comme vous le dites : « Voilà! » [en français dans le texte] . Ça a toujours été ma quête en tant que musicien, de connecter les gens, de connecter les idées. J’ai l’impression que l’on vit toujours dans des mondes séparés. Mon but en tant que musicien est de faire faire un pas en avant à tout le monde. Il y a eu un tremblement de terre au Japon et ça touche tout le monde. Ce qui arrive en France concerne ceux qui vivent au Cambodge et vice-versa. C’est ma mentalité en tant que musicien de créer une musique qui nous rassemble.

@! – Pourquoi vous tournez avec tout un groupe et pas juste un DJ ?

BTA – D’abord, j’enregistre avec un groupe donc c’est vraiment impossible pour moi de jouer la musique que j’ai fait sur le disque sur scène avec un DJ. C’est triché. Mon objectif est toujours de recréer cette expérience du studio à la scène. Évidemment, avoir un bon groupe rend ça très facile.

@! – Est-ce que vous aimez quand même le rap avec seulement un DJ et un MC sur scène ?

BTA – J’adore ça. Si tu peux le faire et bien, c’est tout ce dont t’as besoin. Je vais toujours à des concerts où il n’y a qu’une platine et un micro. Je fais toujours des shows comme ça, pour m’amuser. Mais je ne le fais pas quand je suis en tournée parce que ce n’est pas la musique que je fais. Mais en tant que fan de véritable hip hop, rien n’est meilleur que quelqu’un au micro et un DJ. Ça a été fait pendant des années et si je veux être impliqué dans le hip hop, je dois apporter quelque chose de nouveau. Et cette nouvelle chose est d’apporter mon expérience du Ghana, ma connaissance de la musique live et les mélanger avec Rakim, KRS-One, Public Enemy, De La Soul… Amener la même mentalité à un groupe live.

@! – J’ai vu sur Twitter que vous organisez vous-même des livraisons de vos disques en Afrique. Quelle place a le hip hop dans le continent ?

BTA – Le hip hop a toujours été en Afrique, depuis qu’il est apparu aux États-Unis. Il n’y a pas eu assez de voix africaines. On a des des bons MCs en Afrique mais la plupart n’a pas de renommée internationale. Mon but est d’essayer d’utiliser ma popularité avec quelques-uns des gens qui vivent là bas, qui ne passent pas sur MTV, qui ne jouent pas au Garorock. Ils sont tout aussi bons. Je veux créer une structure pour que les gens là-bas aient une chance d’expérimenter le hip hop parce que c’est un phénomène global. J’appelle personnellement les centres commerciaux dans les villes, j’envoie des disques de même manière que je le fais aux USA. Je vais chez les disquaires et je leur file mes CDs parce qu’il n’y a pas le même réseau de distribution qu’en Amérique et en Europe.

@! – On dit souvent que les stars américaines du hip hop font le minimum quand ils viennent en Europe, mis à part Public Enemy. Quelle est votre relation avec l’Europe ?

BTA – Mon premier gros concert européen, c’était aux Transmusicales de Rennes. Si je n’y avais pas joué, je ne serai pas là. Grâce à eux on a 20 dates en Europe. J’adore jouer en Europe. J’aime jouer partout où les gens sont curieux. Je dis tout le temps à mon groupe : « On fait le même concert où que l’on soit. ». On pourrait jouer sur la Lune, ce serait le même concert fou. Pourquoi ? Parce que tout le monde mérite ça. Si quelqu’un paye pour aller un concert, te donne du temps, tu as l’obligation de leur donner le meilleur concert possible. Donc, nous n’autorisons pas de discrimination quand il s’agit de public, de pays. On ne change pas de message pour qui que ce soit. On joue avec la même énergie, les mêmes émotions.
Ce qui attire beaucoup d’artistes en Europe, c’est qu’il y a énormément de gens avec l’esprit ouvert qui, honnêtement, n’existent pas vraiment aux États-Unis. La société américaine n’est pas construite comme ça. Je ne dénigre pas tous les aspects de la société américaine, parce que je vis là-bas. Mais quand il s’agit de liberté d’expression et de pensée, malheureusement ce n’est pas si libre. Tout le monde aime le public européen parce qu’ils comprennent ce qu’il se passe. De plus, j’essaye aussi de jouer devant des publics africains, parce que personne n’y fait attention. Ce message doit être entendu tout autour du monde. Tu ne peux qu’espérer le meilleur show où que l’on joue.

@! – Vous étiez considéré comme une révélation aux Transmusicales.

BTA – Je prends humblement ça comme un très bon compliment et, honnêtement, mon groupe déchire. Moi, je suis juste heureux d’avoir les meilleurs musiciens pour jouer le meilleur concert qui soit.

Propos recueillis au garorock par Thomas Guillot

Crédit photo : MVMT

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