Interview : Denis Fouquet et le rock bordelais à l’heure anglaise


Adeline Moresmau
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 14/01/2009 PAR Joël AUBERT

@qui! : Le rock bordelais est fier de ses aspirations anglo-saxonnes. D’où vient ce lien ?
Denis Fouquet : Il y a toujours eu de l’attirance et de la répulsion entre Bordeaux et la Grande-Bretagne. Mais pour le rock, ça remonte aux années 70. A cette époque Bordeaux et sa région sont une terre d’accueil pour tous les groupes anglais qui ne peuvent pas jouer dans leur pays.De très grands groupes de rock progressif se sont déplacés. Les cafés jouaient typiquement anglais. En 1976-77, il y a eu deux festivals « punk » à Mont-de-Marsan. Une vague anglaise débarque dans la région, surtout que le punk est à l’époque interdit en Angleterre. Et puis il y a eu la venue des deux célèbres producteurs anglais, Chris Wilson et Robin Wills, dés 1982. Ils ont façonné à l’anglaise les groupes bordelais. Finalement les Anglais ont retrouvés ici un peu de leurs racines et un public comme ils n’avaient pas ailleurs. Les Bordelais, eux, s’en sont largement inspirés.


@! : Pourquoi le rock a trouvé un terrain si favorable à Bordeaux ?
D.F. : Il y a une très forte culture « underground » dans cette ville.Elle s’est très vite marquée de l’étiquette « rock de cave ». Un rock typique de celui des villes qui n’ont pas de passé ouvrier.La musique ici est revendicative, elle se dresse contre la tradition bourgeoise du Bordeaux intra-muros. Les groupes proviennent majoritairement des communes et banlieues ouvrières avoisinantes. Ils se révoltent contre la bourgeoisie de la ville capitale. Il y a ici un terreau favorable au développement du rock. C’est un peu la même chose à Rennes. Cette ville est l’alter-ego de Bordeaux dans ce domaine : un même passé bourgeois, un même rock revendicatif.


@! Certains groupes bordelais ne veulent chanter qu’en anglais : un hommage au rock anglo-saxon ?
D.F. : Il ne faut pas oublier que le rock a toujours été anglo-saxon. Le vrai rock est anglais avant tout. Le rock français est l’apanage du secteur de l’audio-visuel professionnel. Mais dés qu’il est alternatif et qu’il est produit par des labels indépendants, il est la plupart du temps chanté en anglais. C’est le signe d’un changement : quand le rock est majoritairement anglophone, on est en présence d’un repli vers les racines du rock.

Propos recueillis par Virginie Wojtkowski

Crédit photo : Adeline Moresmau


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