Jean-Pierre Alaux fait danser le diable au château d’Ilbarritz


Félix Dufour
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/11/2019 PAR Felix Dufour

« C’était en 2003. Avec mon copain Noël Balen, écrivain et musicien, on tournait un peu en rond. Nous cherchions un personnage de roman. Nous avons bossé toute la nuit pour le mettre en scène dans des aventures qui tiendraient la route l’intrigue. Et en buvant quelques canons! Le Bordeaux nous a inspirés: ce serait un oenologue-enquêteur dans les châteaux du Bordelais. Et des Graves à Saint-Emilion en passant par Margaux, ils ne manquaient pas. Mais avant de présenter le projet et afin de crédibiliser la notion de série, nous avons préparé dans la foulée une dizaine d’ouvrages. Coup de chance, les éditions Fayard ont été emballées par le sujet. Et c’est ainsi qu’est née la série « La Sang de la vigne ». Premières publications: « en 2004, « Mission à Haut Brion » – traduit en anglais — et « Noces d’or à Yquem ». Dans le même cru sera publié « Sous la robe de Margaux »
Jackpot, les enquêtes seront adaptées à la télévision par France 3 qui tourne 23 épisodes des 25 opus. Le premier passionné par le sujet sera Gérard Depardieu, – évidemment — mais finalement c’est Pierre Arditi qui tiendra le rôle de l’oenologue avec le succès que l’on sait.

Du Bordelais au château d’Ilbarritz sur la Côte basque

Les différents crus presque bus jusqu’à la lie, Jean-Pierre Alaux, tourne la page, change d’éditeur et crée pour  la collection Le Geste noir  son nouveau personnage. Séraphin Cantarel, « un personnage que j’ai créé, un perspicace conservateur des Monuments de France », évoque l’auteur. « C’est un roman policier où le château d’Ilbarritz est au cœur de l’intrigue, comme ce Biarritz des années 80-90  soumis aux promoteurs immobiliers. Il apprend donc que le château d’Ilbarritz, la création du fantasque baron de l’Epée, va être vendu par ses propriétaires pour être détruit dans le cadre d’une juteuse opération immobilière: disparition de deux surfeurs, et meurtre maquillé en suicide, chers à Colombo, ébranlent la paisible station balnéaire. »
Le roman a tellement  tapé dans l’œil du célèbre historien de la Côte basque mondaine et russe,  Alexandre -Miller- de la Cerda et avocat littéraire du château et de son défunt orgue, que celui-ci lui a décerné le Prix des Trois Couronnes. Ce prix littéraire créé au Pays basque en 1958 par les préfets et hommes de lettres Pierre Daguerre (1891-1971) et Gabriel Delaunay (1907-1998), fut décerné pour sa première édition à Hasparren, « en hommage à la mémoire de Francis Jammes ». Excusez du peu.

« J’ai découvert le château par une galerie souterraine qui y menait »

L’ouvrage a connu un tel succès qu’il est en cours de réimpression, ce qui ravit l’auteur du Lot qui sévit également sur Radio Totem. Et laisse présager une adaptation à la télévision, comme sa précédente collection. Elle vient d’être rediffusée. L’auteur en raconte l’étonnante aventure:
« J’aime écrire sur les régions que j’aime, comme j’aime ce rapport à l’écriture. Je suis avant tout journaliste. La fiction me permet de traiter des sujets parfois graves, car sur ce dernier ouvrage j’évoque le terrorisme, la pression immobilière. Depuis, le Baron de l’Epée on dirait qu’un sort a été jeté sur ce château qui n’a cessé de générer des fantasmes. Ce qui est assez fabuleux est que quand j’ai fait des repérages pour le bouquin, pendant une semaine, c’est en me baladant sur le golf d’Ilbarritz qui jouxte le château que j’ai retrouvé une galerie qui permet encore d’y accéder et je me suis retrouvé dans les caves, puis dans la salle de l’orgue. Heureusement que j’avais une lampe à mon téléphone qui m’a permis d’avancer. C’était impressionnant car j’entendais s’écouler de l’eau et c’est cette étonnante expédition qui m’a permis d’écrire le premier chapitre du livre.
« Quand j’ai créé le Sang de la vigne le héros était un œnologue un peu un flic. En même temps qu’il fait les vins, il découvre les malversations qui se produisent dans la propriété et l’autre Maison d’édition  m’a demandé de créer un personnage dans le même esprit et c’est ainsi qu’est né Séraphin Cantarel qui est un personnage de fiction, officiellement conservateur de musée. Je me suis inspiré d’un que je connaissais qui n’a rien à voir avec celui de Bayonne. Tous les Basques reconnaîtront les lieux car l’enquête passe par le salon de thé Miremont, l’Hôtel du Palais, l’Hôtel Régina, près du phare, etc. »
Derrière l’auteur de fiction, se cache un véritable amoureux du patrimoine, devenu président d’Albas patrimoine, un superbe village du Lot situé aux confins des dernières pentes du Massif Central, Albas-bourg, berceau du vin de Cahors, un port et place forte. Cette vieille bourgade épiscopale édifiée sur la falaise, rive gauche, au-dessus du Lot, forme un site des plus pittoresques en aval de Cahors, entre Luzech et Prayssac. Il se dit que Jean-Pierre Alaux, – qui vit dans l’ancien château des Évêques — pourrait en devenir le maire aux prochaines municipales. Mais Séraphin Cantarel s’est bien gardé de confirmer la nouvelle tout en lui apportant sa bénédiction.

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