Kad Merad à Biarritz: « Homme politique, c’est épuisant! »


photo F. D.
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 20/01/2016 PAR Felix Dufour

@aqui !: Pour la première fois, vous participez à une série télé pour Canal+. Dans le Nord, un retour aux sources, certes, mais dans un rôle politiquement pas correct qui ne vous ressemble pas…
Kad Merad
: « Les producteurs ont choisi de m’approcher pour me proposer ce projet. Revenir dans le Nord cela me faisait plaisir d’abord. Comme le disait Michel, « l’été ca va, il fait zéro, zéro-1, mais l’hiver ca descend ca descend, moins 15, moins 30 ils te foutent des moins 40 ». C’était un petit hommage à Michel (NDLR Galabru). Sérieusement, le tout m’a paru très tentant. Il m’a plu d’être le Baron noir, le rôle principal, cette responsabilité ça m’a séduit. J’ai lu les deux premiers épisodes et très vite j’ai trouvé cela très vertigineux, très intéressant et surtout très bien écrit et cela m’a aussitôt intéressé. Puis, il y a eu la rencontre avec le metteur en scène Ziad Douéri qui y sera pour beaucoup dans la réussite, si réussite il y a. Il ne connaissait ni la politique, ni les auteurs que nous sommes, ce qui était très pratique. Et j’ai dit, je serai le Baron noir et j’ai fait la place pour trouver les cinq mois pour le tournage dans le Nord. Cela a été à la fois très agréable et très dur, d’autant que je n’avais jamais tourné dans une série.

@!: La politique, vous vous y interessiez beaucoup auparavant?
K.M. :
A dire vrai, pas beaucoup, je ne pouvais tenir que 7 minutes une conversation poitique à table, vous savez quand ca s’emporte, ca s’emballe, moi je me retirais doucement et partais dans la cuisine pour finir le dessert. Ca m’a intéréssé parce que je suis très curieux. Maintenant je connais un peu mieux. Pour préparer le tournage j’ai plus regardé les chaines d’info, la chaîne parlementaire. Comme la série parle beaucoup d’intimité dans la politique, je me suis amusé à imaginer à voir, à imaginer, une fois que les hommes politiques s’exprimaient, ce qu’il y avait derrière. Il s’agit d’une série hyper réaliste, du Parti socialiste, même si certaines ressemblances sont fortuites. J’ai étudié le rôle avec un des auteurs, Eric Benzekri, qui a travaillé 20 ans au PS, a écrit des discours. il m’a drivé sur certains comportements, le reste est venu de mon expérience d’homme.

@!:Ne trouvez vous pas, après ce tournage que les hommes politiques sont d’excellents comédiens?
K.M. :
Je m’attendais à ce genre de question. Je pense que ce ne sont pas des comédiens. Nous, nous sommes des comédiens, on fabrique, eux, ne fabriquent pas. Moi qui ai incarné un homme politique pendant cinq mois, je me suis rendu compte qu’ils ne dorment pas beaucoup. Moi comédien, quand j’ai fini mon métier, je peux dormir, je ne pense pas comme eux, 24h/24 à mon travail, j’ai une vie normale. La politique c’est plus qu’un métier, c’est pas comparable à un métier d’acteur, mais c’est vrai qu’ils jouent la comédie. Et cela en est épuisant. Ils ont une faculté à vous faire croire ce qu’ils ont envie de vous faire croire, mais je le répète c’est pas un métier d’acteur. Moi, un texte je l’apprends, eux ils vous sortent un texte comme ça, ils baignent dans la politique, souvent ils sont militants depuis qu’ils sont jeunes. Mais comme beaucoup de Français, je suis assez conscient des manipulation… une foire, c’est une foire. Pour moi, ca reste des hommes et des femmes à la recherche d’un pouvoir, de la lumière. Ils ont tellement envie d’arriver au bout. Moi ce que j’ai appris et qui m’a amusé, c’est leur intimité, leur vie privée, peut-être de moins en moins privée avec les réseaux sociaux, maintenant, les chefs de cabinet et tout ce qui les entoure.

@!: Mais le choix du Nord, c’est quand même quelque chose, il y a une signification, vous auriez pu tout aussi bien aller tourner dans le Vaucluse?
K.M. :
Il faudrait voir cela avec les auteurs et les producteurs, ce n’est pas moi qui ai choisi le Nord. Ce qu’il y a de formidable dans le Nord, c’est ce décor, cette pierre, ces usines, ce passé industriel tellement omniprésent aujourd’hui. C’est ce qui donne un caractère très réaliste à mon rôle, je suis un fils d’ouvrier, de mineur. Je suis plus près des ouvriers que des patrons. Le Nord, c’est très particulier. Il se dégage quelque chose de très beau, très ouvrier aussi, on n’a pas ça partout. Le metteur en scène l’a ressenti et voulait donner un caractère, un décor particulier, à cette série avec la mairie de Dunkerque.

@!: Votre personnage n’est pas vraiment sympathique dans ce paysage non?
K.M. :
Cet homme politique que j’incarne est plus près des ouvriers que du patronat et a subi une énorme, une immense trahison. Il a une soif de vengeance assez impressionante, il est prêt à beaucoup de choses, mais il est fort et fidèle. Malheureusement quand il veut arriver à ses fins, il manipule ses proches, il le fait en ne pensant pas à mal. Je le défends dans mon rôle, sa phrase de campagne: « La voix forte et fidèle ».

@!: Ce rôle a-t-il éveillé en vous une vocation?
K.M. :
Non, pas spécialement. Oui j’ai adoré faire un discours à l’assemblée, ce genre de chose. On aime bien se montrer, mais la politique, c’est autre chose. Je peux changer très vite. Je ne soutiendrai jamais un candidat, il y a une chose que j’aimerai chez l’un, une autre fois chez l’autre. Je ne m’engagerai pas. C’est compliqué parfois, mais je vote. J’ai une carte d’électeur. A toutes les élections. Mais moi, je serais président, j’irais puiser de bonnes idées chez les uns et chez les autres.

De Marseille… à la Côte basque

@!: Avant cette série, vous avez réalisé un film « Marseille », votre deuxième en tant que réalisateur
K.M. :
Juste avant de commencer la série, j’ai écrit, réalisé, produit et interprété un film sur Marseille qui n’est pas sur la politique même s’il y a un maire de quartier, un maire d’arrondissement, maintenant je ne peux plus m’en empêcher. Pour en revenir à la série du « Baron noir », c’est de voir, le militantisme, cette façon de faire de la politique sans avoir fait les grandes écoles. Dans « Marseille », il y a aussi un personnage, comme ça. Ce sont des retrouvailles entre un homme et sa fille. Qui l’a quittée à 25 ans et qui ne voulait pas revenir dans cette ville. Je voulais montrer autre chose de Marseille, que j’aime profondément. C’est un film touchant, tendre et drôle.

@! – Le Pays basque, vous connaissiez auparavant?
K.M. : Pas vraiment, j’ai fait une thalasso chez Serge Blanco à Hendaye il y a quelques années. De plus, un des producteurs de « Marseille » Richard Grandpierre a une maison à Anglet, comme mon ami Olivier Baroux y a des attaches. Je devrais d’ailleurs revenir sur la Côte basque pour présenter « Marseille » le 12 février et j’espère passer le week-end chez Grandpierre. J’aime bien la mer, mais chez vous, l’océan ne fait pas toujours de cadeau. Je me souviens d’être venu à Biarritz avec mon fils que je portais tout petit dans mes bras, et on a failli se faire emporter par une vague. Ah le Pays basque! Vous avez des clubs de rugby qui sont pas très en forme actuellement non? Je peux parler du rugby, d’abord parce que je l’ai pratiqué comme poussin, au club de Ris Orangis à 10 ans. J’étais demi-de-mélée. Et puis c’est un sport qui a un esprit qui me plait vraiment. On ne se fait pas de cadeaux pendant tout le match et on se salue respectueusement, quel que soit le résultat, ensuite. Et ça j’aime vraiment. Mes clubs préférés actuellement? Toulon et le Racing. Et moi, ce Dan Carter, il me plaît vraiment!

Tout le Fipa de Biarritz: www.fipa.tv

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