L’actualité du roman noir – Lori Roy : De si parfaites épouses


Editions Le Masque
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/04/2016 PAR Bernard Daguerre

Ce sont alors des battues systématiques par les hommes, menées  jusqu’au grand ensemble occupé par une population noire. La police dissuade les types, qu’on sent remontés,  de s’en approcher. Mais pendant les 8 jours que dure le roman, son déroulement est assuré par  les actes, les actions criminelles subies et réalisées, et les comportements de trois  femmes : Malina, d’abord, la plus âgée, mariée au directeur de l’usine et de ce fait organisant avec  toute l’autorité ainsi conférée les œuvres caritatives traditionnelles ; et dans l’état d’urgence actuel, le ravitaillement des  équipes masculines sur la brèche du matin au soir. Puis Julia, qui ne se remet pas de la mort de sa petite fille, emportée par une maladie, et qui s’applique à gérer la vie quotidienne de ses deux nièces, des jumelles un peu turbulentes ; elle est amie avec Grace, la plus jeune des trois, enceinte de 8 mois, radieuse de sa future maternité et en apprentissage de son statut de mère et épouse.

Voici que la violence délite la communauté: le socle des valeurs traditionnelles vacille, sur fond de tensions raciales. Dans le contexte de crise économique naissante, les Noirs moins bien payés concurrencent les Blancs. La monochromie sociale de la communauté se fissure : qu’il s’agisse de l’importance de la bonne cuisine  pour les hommes au labeur – trop de plats ratés, toute cette nourriture gâchée –  ou encore, des odeurs de graisse et d’huile des maris rentrant de l’usine, voire de soupçons de relations adultères reniflées à partir de parfums sur les chemises masculines ( ce qui déclenchera un assassinat)….un cran plus haut et c’est la question de la maternité désirée, ratée ou impossible pour chacune de ces 3 femmes. Le roman chemine ainsi dans l’auscultation méticuleuse des béances grandissantes de ces vies, ouvrant la voie au crime et à la folie. L’art de l’auteure est de semer  tout au long du récit les petits cailloux du doute, les indices fragiles jusqu’à l’évanescence, à tel point que le doute subsiste encore sur la réalité de ce qui s’est vraiment passé dans ce quartier, une fois le livre refermé.
Une réussite.

Lori Roy : De si parfaites épouses – (until she comes home, 2013 traduit par Valérie Bourgeois) – le masque – 314 pages – août 2015 – 20€ – O1/16

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