L’auteur de l’année 2010: Bernard Manteau, l’insoumis.


Mollat éditions
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 30/12/2010 PAR Anne Duprez

Par un après-midi de soleil, je frappe à la porte de Bernard Manteau. Quelques notes de musique se font entendre, il jouait du piano. « J’ai appris tout seul » me dit-il, comme il m’expliquera, au fil de la conversation, sans y toucher, qu’il a un jour démonté – puis remonté!- une moto, entièrement, juste « pour comprendre comment ça marche ». Qu’il a fabriqué sa bibliothèque ( on la dirait sortie d’un magasin de meubles à la mode).

Les théorèmes du port de la lune, aux éditions Mollat
Acheter ce livre chez Mollat.com

Au mur, des tableaux, des sculptures. De lui également. Un vrai talent de peintre, reconnu, qu’il a pourtant remis en sommeil « quand cela devenait trop sérieux ». Capable de sortir un buste Khmer d’un bloc de pierre qu’il taille dans la masse, un dieu Inca ou un masque de sorcier Africain; capable de recarreler toute sa maison, d’en refaire la plomberie; curieux et sans cesse à l’écoute, photographe, infatigable voyageur, captant les visages, les sourires, les regards au travers de photos qu’il regroupe ensuite dans des recueils qui semblent extraits du rayon Beaux Livres d’une grande librairie… Bernard Manteau est un être inclassable, dont les multiples et réels talents sont les garants d’une liberté salvatrice. Lui, l’enfant enfermé à la cave ou au grenier, reconstruit inlassablement sa vie, en même temps qu’ « une certaine estime de soi ». Car, parfois, le bleu des yeux se voile, une phrase est lâchée qui dit, mais là encore sans y toucher, la souffrance contre laquelle il a dû lutter, parfois presque aux portes de la mort, contre laquelle il lutte peut-être parfois encore. Lui, l’enfant qu’on refusait d’écouter, prouve encore et encore que rien n’est impossible. Il ne lâche rien, jamais, surtout lorsqu’un obstacle, fut-il insumontable, lui barre le chemin.

La maison de Bernard Manteau s’ouvre vers l’ailleurs, la forêt, d’autres horizons, d’autres rêves. Cette maison est posée sur le sol: point de cave. Pourtant, il a tenté d’en creuser une, mais les douze centimètres de béton l’ont arrêté. Tous deux, nous regardons l’entaille faite au sol, si minuscule, mais où pourtant se devine la force de ses espoirs. Il sourit. Je comprends qu’il ne lâchera pas l’affaire…  » Voulez-vous un café? » demande-t-il soudain. A ma réponse positive, il ajoute pourtant, déroutant, « je ne sais pas faire le café… »  Etonnant!

Bernard Manteau écrit un nouveau roman. Il prend son temps, a horreur d’être attendu au tournant, et préfère les chemins de traverse, l’école buissonnière et les échappées belles. Qu’il mette le temps qu’il veut, le plaisir sera là. Celui de retrouver un homme atypique et attachant, surdoué et surtout terriblement inattendu. 2010 fut l’occasion d’une belle rencontre, d’un auteur avec ses lecteurs. Que 2011 le porte vers l’aube d’un nouveau destin, vers de nouvelles victoires. Afin qu’on lève, à sa santé, le vin d’une bouteille tirée d’une cave creusée par delà l’ombre et la lourdeur des temps.

Photo Bernard Manteau, tous droits réservés.

Anne DUPREZ

Les théorèmes du port de la lune. Mollat éditions, 2009.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles