La Côte basque installe son Festival Ravel et son Académie dans une formule « open »


Félix Dufour
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 12/09/2019 PAR Felix Dufour

On a pu le lire dans la rubrique « Les choix d’Aqui », en 1960, Pierre Larramendy, maire de Saint-Jean de Luz lançait « la Grande semaine Saint-Jean de Luz », une semaine de musique, théâtre, danse et conférences. Cette manifestation est devenue, au fil du temps et de sa renommée, « Musique en Côte Basque ». L’Académie Maurice Ravel, basée à Ciboure, s’est ensuite jointe à l’évènement. Jean-Philippe Larramendy, son fils, s’est lancé dans une rénovation de la formule. Entretien avec lui avant la clôture de son Académie ce dimanche à 11 heures à Saint-Jean-de-Luz et le dernier spectacle du Festival Ravel donné au Théâtre de Bayonne dimanche à 16 heures avec la célèbre opérette « La Périchole », d’Offenbach ». Au pays de Luis Mariano…

@qui! Le festival fondé par votre père Pierre Larramendy pour pérenniser la mémoire de Maurice Ravel  a connu quelques métamorphoses que la troisième année du Festival Ravel entérine. Quel en était l’objectif?

Jean-Philippe Larramendy – Le Festival Ravel a trois ans d’âge et il a été produit et coproduit par « Musique en Côte basque » et l’Académie Ravel qui date, chacune, de plus de cinquante ans et qui, toutes les deux ont été fondées à Saint-Jean-de-Luz par Pierre Larramendy. Il a été décidé il y a trois ans de regrouper ses deux activités: les Masters Classes, publiques conduites par de grands professeurs qui sont des grands artistes et éminents enseignants et des élèves d’un très haut niveau qui vont aborder leur vie professionnelle. C’est la partie dite de l’Académie Maurice Ravel. Et, très important, le public assiste à ces cours. Cours de violon, de violoncelle, piano et de chant. Et Musique en Côte basque organise, à côté, des spectacles, des concerts. Ces deux activités sont maintenant réunies au sein du Festival Ravel dans une initiative qui a été soutenue par la Région. Depuis l’origine du  Festival Ravel, elle soutient ce Festival par ses subventions, ses initiatives.

@qui! Le Pays basque serait alors devenu le tremplin de son rayonnement?

J.PH. L – Le but est de rayonner à partir du Pays basque en Nouvelle Aquitaine et de faire un tout de la Nouvelle Aquitaine, en allant à l’ex Poitou-Charentes, l’ex Limousin.  La musique est non seulement nationale mais elle est universelle. Ceci est rendu d’autant plus facile que le président de l’Académie n’est autre que Jean-François Heisser,  par ailleurs directeur de l’Orchestre de chambre de la Nouvelle-Aquitaine, ancien orchestre de Poitou-Charentes, basé à Poitiers. À partir de ce noyau, on rayonne. Grâce à cette subvention, qui s’ajoute aux subventions substantielles, et depuis longtemps, des villes de la Côte basque, historiquement de Saint-Jean-de-Luz, mais aussi de Bayonne, Biarritz, d’Anglet, de Ciboure, Urrugne, on a été capable de mettre en place une série de spectacles pendant vingt et un jours, du  25 août à ce dimanche 15 septembre sur la Côte basque. Plus les Master Classes. Pour cette troisième année du Festival Ravel, nous avons passé un stade, à la fois quantitativement et qualitativement, qui fait de ce rendez-vous un grand Festival de France.

@qui! De France certes, mais le sud de la Bidassoa se sent-il aussi concerné?

J.PH. L Nous avons, l’an dernier, fait venir l’Orchestre musical d’Euskadi, nous avons pris langue avec la Quincena musical de San Sebastian, et les liens avec l’autre côté de la Bidassoa se tissent lentement mais sûrement. Ils sont très interessés à mettre de concert nos capacités sachant qu’il est beaucoup plus intéressant, économiquement aussi, d’amortir la venue d’un grand artiste sur deux concerts plutôt que sur un seul. Une façon d’ouvrir aussi ce festival.

@qui! C’est à dire un dessein, un projet aussi pour l’évolution du Festival Ravel?

J.PH. L On a décidé de l’ouvrir. Parce que, historiquement, ce festival était façonné de musique dite classique. Nous l’avons ouvert au jazz  l’an dernier avec  Laurent de Wilde, pianiste de jazz. Cette année, il s’est associé avec l’accordéoniste Vincent Peirani. Avec un trio, ils ont donné au Théâtre Quintaou d’Anglet un magnifique concert. Cette salle est magnifique d’ailleurs. Nous manquions de salles, car il y a un véritable manque sur la Côte basque, et c’est  la raison pour laquelle nous donnons essentiellement nos concerts dans les lieux existant que sont les églises. Sans oublier évidemment le Théâtre de Bayonne.

Autre ouverture, le cinéma. Ainsi avons-nous organisé un spectacle à la salle du Select de Saint-Jean-de-Luz en projetant le film muet « Le Mécano de la générale » de Buster Keaton, accompagné au piano par Thomas Ospital, le grand organiste de Saint-Eustache,(NDLR: né à Ayherre au Pays basque, il est un ancien élève du Conservatoire de Bayonne) et qui a accepté d’improviser pendant une heure vingt neuf sans arrêt au piano. Les organistes sont de grands improvisateurs. Enfin troisième ouverture, l’opérette. Nous donnons, ce dimanche, au Théâtre de Bayonne, « La Perichole » d’Offenbach. Nous ferons venir deux ou trois solistes et les élèves des Masters Classes qui apprennent à chanter à l’Académie y seront associés. 

Pourquoi avoir intégré Pier Pol Berztaitz dans le prgramme?

C’est la dernière ouverture auprès de la clientèle basque des deux côtés de la frontière qui se sentait un peu exclue de fait, on a fait un spectacle pour eux avec Paul-Pier Bertzaitz et l’orchestre symphonique du Pays basque. Et on a vu que les spectateurs qui s’y rendaient n’était pas forcément les mêmes que ceux qui étaient venus écouter Renaud Capuçon en ouverture de cette édition ou l’ensemble Pygmalion. J’ai reçu beaucoup de réactions positives sur cette programmation. Pier Pol va sortir un disque d’ailleurs avec un excellent arrangeur Joël Merah, professeur de sciences musicales de Bayonne. Ce conservatoire de Bayonne est très interessant, car tous les professeurs sont membres de l’orchestre. Autrement dit, ce sont des professeurs qui jouent. Des artistes qui sont professeurs en somme. Et c’est rare.

Cette modification des structures Master Classes-spectacle de l’Acédémie Ravel que vous avez pris en main, ne s’est-elle pas effetuée sans remous?

Réunir deux institutions qui ont plus de cinquante ans d’âge, chacune d’elles, indépendante, ayant développé sa propre culture fondamentalement différente était un peu compliqué. Dans un cas, on organise des concerts professeurs et élèves – il y a soixante  à soixante-dix élèves qui logent dans des familles – et ce fait se constitue une communauté entre profs et élèves. Ça, c’est la culture de l’enseignement, de la pédagogie, de l’Académie. Et d’un autre côté, il y a la culture du spectacle, l’événement: trouver un plateau artistique, une salle, établir une jauge de spectateurs cohérente suivie du spectacle. Et c’est assez différent. Il y a eu forcément des tensions qui sont en voie de résolution. Ça s’est bien passé cette année. Et la Ville de Saint-Jean-de-Luz s’est retrouvée actrice active de ces changements. L’ancien et regretté maire de Saint-Jean-de-Luz Peyuco Duhart s’est entendu avec la Région pour apporter cette nouvelle impulsion. Relayé par Jean-François Irigoyen. Aujourd’hui l’Académie a sa structure avec Jean-François Heisser, avec Evelyne Renoux, vice-présidente. et le Conseil d’administration de Musique en Côte basque est composé de tous les élus de la Côte basque, sans oublier le président de la Communauté Pays basque et maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray. Et tout cela est de bon augure pour la pérennité du Festival Ravel. 

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