La « Belle au Bois Fleuri » se métamorphose en « pôle culturel »


On appelait l'ancienne bibliothèque municipale du Bois Fleuri le « château de la Belle au Bois dormant ». Petite, vétuste, peu accessible, elle ne répondait pas aux besoins des Lormontais en termes de lecture publique et offrait des conditions de tra

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/06/2008 PAR Vincent Goulet

A Lormont on aime bien les « pôles » : pôle éducatif, pôle d’échange bus-tram-voiture, pôle économie-insertion, pôle animation… Voici un nouveau venu dans la collection : le « pôle culturel » du Bois Fleuri, c’est-à-dire une médiathèque avec espace multimédia, unpetit auditorium pour « l’heure du conte », une salle d’étude et de consultation des Archives municipales, une salle d’exposition, un café littéraire et, à proximité, la salle Léo Lagrange qui deviendra une véritable salle polyvalente pouvant accueillir plusieurs centaines depersonnes pour des activités sportives, des spectacles ou des concerts.

 

Centraliser toutes les activités culturelles sur un même lieu…
Le Bois Fleuri, où est déjà implantée l’école municipale de musique et de danse avec une salle de spectacle de 240 places, deviendra ainsi LE lieu culturel de la ville. Il a été choisi pour sa position centrale entre le Vieux Lormont et la ZUP et devrait drainer les habitants des bords de la Garonne comme ceux des HLM et des pavillons du plateau. L’ambition est de permettre aux Lormontais d’accéder à toutes les formes de culture : livre, musique, arts platiques, vidéo, théâtre et rencontres littéraires.

« L’objectif est également de s’intégrer au schéma culturel intercommunal du Grand Projet des Villes », explique Gilles Mazière, le directeur du service culture de Lormont, « de se placer dans la politique d’équipement global des Hauts de Garonne en jouant la cohérence et complémentarité ». En effet, avec le changement d’échelle du territoire entraîné par le tramway, chaque ville cherche à avoir son pôle d’excellence : la M.270 pour Floirac, le « pôle des musiques du monde » pour Cenon, le pôle culturel du Bois Fleuri pour Lormont. Le but est ainside susciter des déplacements des habitants entre les quartiers et les villes pour donner une identité partagée aux Hauts de Garonne.

… sans négliger les équipements de quartier
Cette vision à grande échelle et à long terme peut néanmoins entrer en contradiction avec les besoins d’équipements dans les quartiers, au plus proche des habitants. Ainsi les habitants de Carriet ont été sensibles à l’installation (provisoire) de la bibliothèque municipale dans l’ancienne école Romain Rolland. Comment vivront-il le départ de ce service ? « L’idée est d’ouvrir, à terme, des espaces de lecture dans les quartiers. Une salle a été construite pour cela dans la nouvelle école Paul Fort de Carriet, mais pour la faire fonctionner, il faut des documents et des moyens en personnels », avance Eliane Lafaye, la responsable de la bibliothèque. « On ne peut pas faire tout en même temps. Mais je ne désespère pas, cela devrait se faire plus tard. On aura ainsi le temps de voir comme évolue le Bas-Carriet avec la renouvellement urbain, si les gens se déplacent plus et quels seront exactement les besoins. »

La question se pose également pour la Cyberbase de Génicart qui a brûlé en décembre dernier. L’équipement fait cruellement défaut au quartier et les animateurs manquent désormais d’outils pour intervenir auprès des jeunes de Génicart. L’ouverture d’une salle multimédia dans le nouveau Pôle culturel ne suffira pas à remplacer la Cyberbase qui était un lieu de rencontre entre les habitants de tous âges et de toutes origines. « Il fautpouvoir offrir des équipement de qualité tout en désacralisant la culture », reconnaît Gilles Mazière, « pour cela, il faut aussi aller à la pêche dans les quartiers ». Toutes les études sur le développement culturel le montrent, un espace central ne peut vivre et se développer que s’il y a des relais dans les quartiers, si des habitudes et des besoins sont créés à petite échelle et viennent ensuite donner l’envie aux habitants d’aller dans des lieux de culture plus importants et parfois plus intimidants.

La construction de lieux emblématiques à l’échelle intercommunales et le maillage culturel au plus près des quartiers ne sont pas contradictoires mais demande des moyens importants, aussi bien en investissement qu’en fonctionnement. La logique de la rénovation urbaine pilotée par Jean-Louis Borloo pousse plutôt du côté des grands équipements bien visibles mais l’on attend toujours un financement suffisant des actions de proximité : le plan Espoir « Banlieues » annoncée par Fadela Amara reste très vague sur les actions éducatives, hormis un accompagnement scolaire renforcé dans les écoles primaires classées en éducation prioritaire.

Le « plan Marshall pour les banlieues » promis durant la campagne électorale présidentielle risque de se réduire à de la démolition-reconstruction, les élus locaux devant se débrouiller par eux-mêmes pour réaliser l’indispensable maillage social.


Vincent Goulet


A voir jusqu’au 14 juin à la Bibliothèque municipale, 1 rue Louis Beydts à Carriet, une très belle exposition de photographies d’Hélène Valenzuela : « Lormont se raconte, la Mémoire de nos Aînés »


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