La mission du centenaire: Pourquoi commémorer 14-18?


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/04/2014 PAR Leslie Queyraud

La Mission du centenaire : mise en place et fonctionnementNicolas Offenstadt est agrégé et Docteur en Histoire, Maître de Conférences habilité d’Histoire du Moyen-Âge à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il revient sur les origines de la mise en place de cette Mission suite à la revendication de plusieurs institutions. Sa création remonte à l’époque du quinquennat de Nicolas Sarkozy mais depuis, a subi les divergences de points de vues du gouvernement Hollande. Cette impulsion est donc majoritairement sociale en France où les poilus ont toujours fait l’objet d’écrits, de reportages et de documentaires. Elise Julien (Maître de conférences en Histoire contemporaine à Sciences Po Lille, chercheuse à l’IRHIS) parle même « d’initiatives locales décentralisées ».

Quelle place tient la commémoration dans l’espace public des pays européens? Nicolas Offenstadt décrit quatre catégories de pays dont le rapport à la première guerre mondiale diffère. Certains pays comme la Tchécoslovaquie sont nés de la guerre et leur histoire se confond avec leur naissance nationale. D’autres comme la France et l’Angleterre ont développé une mémoire sociale et culturelle marquée par les productions cinématographique et littéraire. La Russie et l’Allemagne, quant à elles, font partie des pays qui ont créée une mémoire récente autour de 14-18 car ce conflit ne les concerne pas vraiment. La commémoration en Allemagne, par exemple, est majoritairement axée sur les faits de la Seconde Guerre Mondiale, même si, comme le précise Jakob Vogel (Professeur d’Histoire de l’Europe au Centre d’Histoire de Sciences Po Paris) « sur le plan régional, le système éducatif tend à initier des discussions autour de 14-18 ». Enfin, des pays comme la Belgique qui ont subi des clivages politiques importants ont une mémoire cloisonnée.

« Il faut rappeler que nous parlons d’affrontements de nations et donc de points de vue différents » ajoute Elise Julien. Certaines expériences, même si elles ont été communes, ont été replacées dans les récits nationaux. Par conséquent elles ont été comprises et expliquées différemment.

Pourquoi choisir de commémorer ?En fonction des contextes de développement des pays, les dates clefs de commémoration divergent et ne signifient pas les mêmes choses. Elise Julien prend les exemples des français et des allemands. En France, le choix s’est porté sur la commémoration de la fin de la guerre avec l’Armistice du 11 novembre alors que les allemands ont opté pour la révolution, ce qui témoigne d’un clivage entre société et gouvernement.

Jakob Vogel ajoute qu’il existe différentes périodes de commémoration comme celle qui a succédé à la disparition des poilus en France. La question posée est alors de savoir comment continuer à commémorer et quel sens lui donner ? Cette dernière période historique fait référence aux années 80-90 pendant lesquelles on assiste à « un retournement mémoriel » explique Nicolas Offenstadt. Une ère précédée de deux périodes : les années 50-60 avec un rejet collectif de la guerre, des affrontements et donc du souvenir de ces événements. Et les années 60-70 où les mouvements deviennent pacifistes, critiques et prennent de la distance par rapport à ce passé peu glorieux.

Au-delà de cette considération commune qui s’accorde à dire que la guerre 14-18 est fondatrice du XXème siècle, cette table ronde a tenté de répondre aux grandes questions qui subsistent encore : qu’en est-il du sentiment national dans l’Europe des années 2010 ? Comment ont été considérés tous les combattants originaires des colonies des empires français et britanniques ? Comment enseigner l’histoire des guerres à l’école ? Comment se sont opérés les processus de mobilisation des peuples ? Quelles résistances, quels refus des combats et de la « boucherie » ont été manifestés ?

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