La Rochelle célèbre 20 ans de fictions télévisées


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/09/2018 PAR Anne-Lise Durif

@qui! : Comment avez-vous préparé ces vingt ans ?

« Pour célébrer les vingt ans, on a mené une réflexion sérieuse et responsable sur ce qu’on voulait faire. Sachant que nous utilisons de l’argent public, je ne trouvais pas correct de partir sur des feux d’artifices ou quelque chose dans ce genre. J’ai préféré misé sur des « cadeaux » concrets, d’ordre structurel pour le festival, comme consacrer une journée entière à la création francophone, un autre moment à la fiction européenne et mettre davantage de moyens dans notre résidence des écritures, lancée cet hiver. Vingt ans, c’est aussi le bon moment pour s’interroger aussi sur ce qu’on fait les prochaines années, comment on se renouvèle… »

@qui! : Comment le festival a évolué en deux décennies ?

« Je dirais qu’il a changé du tout au tout, dans son approche comme dans son contenu. Au début, on essayait juste de promouvoir la création télévisuelle française. Il y avait déjà cette envie des professionnels de ressembler au cinéma… On a évolué en termes de thématiques de débats, de rencontres professionnelles, de qualité de contenus des fictions et par l’ouverture aux autres pays… En fait, le festival a évolué en miroir de la profession audiovisuelle : la série française s’est énormément  transformée ces dernières années ; les chaînes ont investi sérieusement dedans et aujourd’hui chacune apporte son lot d’œuvres de qualité, chacune dans leur style. On se retrouve ainsi avec de vrais succès populaires comme Le Bureau des Légendes, Baron Noir ou Dix pour Cent. Le festival a même gagné une crédibilité européenne ces dix dernières années, comme en atteste la présence d’une dizaine de producteurs européens à notre journée de la création européenne – Allemands, Italiens, etc. »

@qui! : Peut-on dire que la fiction TV française se caractérise aujourd’hui par une « touche française », qui lui permet de se distinguer dans le paysage audiovisuel face au marché américain ?

« A mon sens, le « style » francophone n’est pas encore assez affirmé mais il va dans ce sens. La preuve, c’est que nos séries ayant du succès à l’étranger sont très marquées « françaises », comme Un Village Français ou Versailles. Philosophiquement, nous avons encore à travailler sur un savoir-faire français et une volonté nationale de se vendre comme tel. Mais c’est une réflexion perpétuelle qui ne sera jamais fini. »

@qui! : Aujourd’hui, le festival attire 35 000 à 40 000 spectateurs, quelque 2 100 professionnels de l’audiovisuel et sa fréquentation est exponentielle. Comment comptez-vous gérer cette croissance inéluctable ?

Je ne peux pas et je ne veux pas ralentir la croissance du festival. Il est vrai qu’à ce rythme, dans vingt ans nous n’aurons plus de place pour tout le monde (rires). Mais l’agrandissement d’un festival doit se gérer avec subtilité et délicatesse. Il faut accompagner sa progression en s’adaptant à chaque nouvelle édition. J’espère par exemple que nous pourrons étaler le festival sur un peu plus de jours – nous avons déjà gagné une demi-journée de festival en plus cette année, grâce à l’instauration de la journée de la création francophone. Avec l’équipe, nous avons également réfléchi à d’autres salles pour accueillir des projections : on pourrait augmenter notre présence à l’Olympia, qui accueille déjà quelques évènements ; il y a aussi l’espace Encan, de l’autre côté du port, mais on songe aussi à de petites salles dans le centre-ville, pour garder le festival dans le cœur de la cité. Bref, les possibilités sont multiples, je ne m’inquiète pas.

@qui! : Parlez-nous de la résidence des écritures… En quoi cela consiste ?

C’est une résidence pour jeunes scénaristes, ayant besoin d’un lieu pour se consacrer à un projet d’écriture. Soutenus par le CNC, nous l’avons lancé cet hiver au centre Intermonde de La Rochelle, mais à terme nous comptons l’installer Villa Fort-Louis. Après une première session en janvier, il y en a eu une en juin, il y en aura une autre en décembre. Nous accueillerons 10 auteurs francophones, québécois, belges, africains et bien sûr français. Nous comptons dès l’an prochain lancer un appel à projet particulier, afin de faire venir aussi bien des scénaristes débutants que d’experience…


Quatre jours pour 5000 heures de films

Le festival de la fiction TV se déroule jusqu’au 16 septembre dans différents lieux de projection de La Rochelle comme la Coursive ou le CGR Dragon. 25 œuvres françaises en compétition sont à voir en avant-première cette année, dont 7 téléfilms, 4 séries de 52 min et autres mini-séries. Dix fictions européennes et 7 fictions francophones étrangères sont également à découvrir. Sans oublier quelques projections spéciales, hors compétition. Parmi les fictions très attendues : Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi, jeudi à 21h à La Coursive ; Le Bureau des Légendes, vendredi à 16h au cinéma Dragon ; Dix pour Cent, au Dragon à 16h45 ; Un si Grand Soleil samedi à 14h30 au Dragon ; Ma Mère, le Crabe et Moi, au Dragon à 16h30 sammedi ; Hippocrate, à La Coursive à 17h. Gratuit. Le dimanche, rediffusion des films du palmarès, de 11h à 17h au cinéma Dragon.

Quelques stars annoncées sur le vieux port : Marie Gillain (présidente du jury), Bernard Le Coq, Emilie Dequenne, Alix Poisson, Natacha Lindinger, Marie Kremer, Bruno Debrandt, Olivier Marchal, Matthieu Madenian, Ahmed Sylla et les acteurs de la série Dix pour Cent.

La ministre de la Culture Françoise Nyssen est également attendue vendredi matin pour un débat autour de la réforme de l’audiovisuelle et ses conséquences sur ses acteurs publics et privés. Des élus de la région Nouvelle Aquitaine, partenaire du festival, seront également présents pour une conférence sur les actions de la Région dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel.   

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