La soirée R.A.V.E. fait rentrer la techno à l’intérieur du Rocher de Palmer ce samedi 12 mars

Au début des années 90, la France n’avait pas mis longtemps à suivre l’Angleterre dans la folie des rave-parties. S’il n’en reste maintenant que de nombreux clichés, des souvenirs sordides et ces teknivals, à la fois ersatz de la folie de l’ époque, bête noire des maires de campagne et sujet facile pour les journaux télévisés en manque de sensation, ce mouvement a permis à quelques artistes français d’émerger sur la scène internationale. A commencer par Manu Le Malin, pionnier incontesté de la techno hardcore à la française, avec le duo Micropoint aussi présent, qui participe maintenant à de nombreux projets sortant de ses sentiers habituels. Pour un set techno plus traditionnel, il faudra compter sur Laurent Hô qui a commencé sa carrière quelques années avant tout le monde et fera donc office de vétéran/tête d’affiche. Et pour la caution anglaise, Crystal Distorsion, un des initiateurs du mouvement free-party britannique, sera là pour faire parler son éclectisme. Ce quatuor prestigieux sera accompagné de toute une batterie de DJ et sound-systems de la région, dont des membres du clan Arakneed bien sûr ou le jeune bordelais Clarks qui ne prend décidément jamais le temps de se reposer.

Techno juqu’au petit matin
Il est amusant de constater que des deux salles qui seront ouvertes au public, c’est bien la plus grande qui donnera une leçon aux jeunots de la plus petite. Plus habituée à voir les oisillons dicter leur loi dès leur sortie du nid, la musique électronique se civilise, un peu, le temps d’un week-end où les jeunes branchés qui hantent les clubs vont faire allégeance à ceux qui s’installaient en rase campagne quinze ans plus tôt, juste pour pouvoir avoir le droit de jouer leur musique. Une évolution rafraichissante qui vaut aussi pour la perception de cette scène par les autorités. Quand on avait demandé à Patrick Duval, lors du grand entretien publié par Aqui en janvier, plus de précisions sur la soirée, il nous avait dit : « On avait annoncé la couleur dès le départ. Il fallait absolument des soirées électroniques sauf que les habitudes ne sont pas les mêmes. Ça doit commencer à 10h pour finir à 6h du matin.Si on commence à 21h, il n’y aura personne. Il y a des salles qui ne pourraient pas se le permettre à cause du voisinage. » Tout en précisant : « Cette soirée là était intégrée dès le départ quand on a fait valider le projet par le département. Et l’ensemble des partenaires a approuvé. » En espérant que cette expérience soit bénéfique autant dans la perception de la techno par le monde extérieur que dans le plaisir à danser à l’abri dans une salle qui semble taillée pour accueillir une manifestation de cette ampleur.

Thomas Guillot