« Berliner Collage », un hommage aux artistes-peintres en marge du réalisme socialiste de la R.D.A.


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 29/11/2008 PAR Piotr Czarzasty

Le public a aujourd’hui l’occasion d’admirer leur création à Bordeaux même, dans le cadre de la troisième édition d’Arts Chartrons. « Berliner Collage » permet ainsi d’appréhender la spécificité de cette scène artistique berlinoise indépendante. Installés à Prenzlauer Berg, les « silencieux » apportent très vite à ces lieux, qui hébergent leurs ateliers de travail, une animation artistique et culturelle ouverte à tous. L’un d’eux, Lothar Lang, désigne même un jour le quartier de Prenzlauer Berg d’un nom évocateur de « Berliner Montmartre ». « Berliner Collage » ne comporte pas cependant de collages, comme l’intitulé de l’exposition pourrait le faire croire. « C’est un assemblage certes, mais d’artistes. » explique Marie-Lys Singaravélou, commissaire de l’exposition. « …d’artistes, intégrant dans leurs oeuvres les différents regards portés sur la peinture d’auparavant. »

Opposition sans provocation
Le réalisme socialiste est le mot d’ordre de l’époque – littérature, arts plastiques, cinéma confondus. On se tourne vers l’homme de la rue, l’ouvrier, le paysan. Ceux-ci sont souvent représentés avec des figures d’athlètes faisant souvent penser aux inspirations de la Grèce Antique, relevant de la perfection divine du corps humain. Les artistes berlinois s’opposent à ces mots d’ordre. « Ils sont imperméables à cette mode et veulent se confronter à la réalité. » raconte Mme Singaravélou. « Ils se réapproprient l’objet en voulant lui rendre sa forme optimale. » Opposants ne veut pas dire néanmoins provocateurs. « C’est pour cela qu’ils ont été appelés les « silencieux » ; pour prendre à contre-pied le régime, qui menait alors une campagne de mobilisation auprès du prolétariat pour l’inciter à la création, cette avant garde berlinoise a créé, par exemple, des galeries destinées aux citoyens ordinaires, qui ne furent qu’une couverture pour leur propre activité artistique. » rappelle Mme Singaravélou.

Le corps humain, la valeur de référence
Quant à leurs oeuvres, si on les regarde de plus près, on y remarque l’attention particulière portée au corps humain. « C’est déjà l’époque où l’homme en tant qu’individu disparaît, laissant la place aux chiffres à la quantification le désignant. » explique la commissaire de l’exposition. « Ces artistes prônent donc un retour à l’humanisme, en s’attachant à la figuration. » On ne revient pas cependant à une peinture photo-réaliste. « On ne veut pas réintroduire des calques du réel ni de faire un remake du traditionalisme, mais plutôt d’intégrer toute une culture picturale. » précise Mme Singaravélou. Par leur opposition à la marchandisation de l’art et au déclin des valeurs humanistes, ils constituent un nouveau courant désigné comme « avant gardisme rétrospectif ».

Comme beaucoup d’autres artistes de l’autre côté du rideau de fer, la suppression de ce dernier a destabilisé un grand nombre de « silencieux » qui n’étaient plus en mesure de retrouver leurs repères dans un monde où les contraintes, qui représentaient un élément constitutif de leur art, avaient disparu, du jour au lendemain.

Piotr Czarzasty

Photo: Galerie MLS; auteur Wolfgang Leber, Liegende, aquarelle

« Berliner Collage » – Jusqu’au 31 janvier

Galerie MLS
123, quai des Chartrons
Bordeaux 09 63 44 32 86
www.123-galerie-mls.fr
galerie.mls@gmail.com

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