« C’est la fête de la gendarmerie nationale » : Les artistes font le bilan de la quinzième édition du festival Garorock de Marmande


Simon Cassol
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 22/04/2011 PAR Thomas Guillot

« On était content de passer à Bourges, parce qu’il y a des trucs comme le Garorock… mouais. » King Ju, tête pensante du crew Stupeflip s’amuse avec des journalistes venus là pour rigoler. Une réponse logique, connaissant son aversion pour la scène, malgré une bonne prestation le dimanche. Le groupe français était plus là pour « payer les factures » et jouer gentiment la carte de la provocation. « C’est pas vraiment Garorock, c’est plus Garoflic, Garaladouane ou Garogendarme ». Un point sur lequel le rejoint Tatou de Massilia Sound System : « Tu arrives , on dirait que t’es un criminel. Tu dois passer devant deux cents barrages, on dirait que c’est la fête de la gendarmerie nationale, sauf qu’ils font pas les acrobaties à moto ».
Même les organisateurs du festival ont pris conscience de l’envoi massif de forces de l’ordre puisque qu’ils n’ont pas hésité à le spécifier sur le communiqué de presse final pourtant court : « Pour l’aspect sécuritaire nous tenons à préciser que l’organisation n’est pas en mesure de calibrer et de décider des dispositifs des forces de police, nous en sommes informés mais n’avons aucun pouvoir décisionnel ». Une présence remarquée.

« Escroquerie culturelle » (Tatou de Massilia Sound System) contre « ambiance populaire » (Jamaica)
Les membres de Massilia Sound System étaient les parrains de cette édition. Deux des membres étaient rédacteurs en chef du magazine Paplar dédié au Garorock et il n’ y avait pas moins de trois formations issues de la bande marseillaise : Gari Greu, DJ Kayalik et, bien sûr, les Moussu T e Lei Jovents dont Tatou fait aussi partie. « Je suis allergique aux festivals. Tout ce fric dépensé pour faire un truc sur trois jours, ça ferait peut-être 300 ou 400 évènements dans la région. Là on aurait de l’action culturelle. Je trouve que les festivals sont une escroquerie ».
Il avoue ne pas être la meilleure personne du groupe à qui parler dans ce cas là et quand on lui demande de développer, il ajoute : « C’est de la consommation. (Je vais me faire engueuler). Et je dis ça d’une manière générale, j’en fais beaucoup, tous les étés. Je ne pense pas que la musique s’écoute dans des ses conditions. Je pense que si tu aimes un groupe et que tu veux entendre ce qu’ils font, tu vas dans un endroit approprié. Par contre c’est bien pour faire la fête. C’est populaire. Plus il y a de choses pour faire la fête, plus je suis content. Quand je dis que c’est une escroquerie. C’est une escroquerie culturellement parlant. Comme c’est brillant, comme on en parle beaucoup dans les médias, ça finit malheureusement par suffire. Il n’y a plus besoin d’en faire toute l’année. Et ça c’est pas bon. Parce que pour que les groupes viennent là, il faut quand même qu’ils aient pu jouer toute l’année ».
Les parisiens de Jamaica, par contre, préfèrent au contraire s’en servir. « Les gens ont envie de faire la fête. L’ambiance des festivals est particulière aussi. C’est un petit peu plus facile. C’est populaire. Les gens sont là pour écouter de la musique en général. Ils ne viennent pas spécialement pour un groupe. » Pour les Bewitched Hands, groupe pop de Reims, c’est même une occasion particulière. « Ils nous ont fait jouer il y a trois ans alors qu’on n’ avait pas sorti d’album. On était passé en découverte, on avait joué à 15h je crois. L’année d’après, ils nous fait jouer à 18h. Et cette fois, à 22h. On gagne trois heures tous les ans. L’année prochaine on jouera à minuit. »

The Shelters : « On est plus spectateurs, on est devenus acteurs »
Pour les groupes locaux, par contre c’est évidemment une bonne opportunité. Julien Pras, chanteur du groupe bordelais Mars Red Sky, s’est dit « très content et honoré d’avoir pu ouvrir ». Hangar, le groupe du bassin d’Arcachon, partageait aussi le même sentiment après sa prestation. Alors que c’était la première fois pour les deux groupes de rock, les Shaolin Temple Defenders y faisaient leur deuxième apparition. Leur chanteur nous résume la situation : « En tant que musicien c’est important d’être ici parce que c’est quand même un gros festival, de renommée nationale. C’est une putain d’opportunité pour nous. ». Même s’il finit par tempérer, à raison : « On espère qu’il y aura encore du public, qu’il y aura des courageux qui viendront danser puisqu’on joue tard. ». Avec la faible fréquentation, les groupes avec des horaires trop tardifs ou qui ouvraient pour une scène avaient toujours la possibilité de jouer devant un public restreint.
Mais ce n’était pas la principale préoccupation des cinq jeunes agenais des Shelters. Car s’ils jouaient à 16h, c’était sur la plus grande scène et on pouvait sentir l’appréhension : « Rien que voir la scène sur laquelle on va jouer demain, ça fait quelque chose. On est plus spectateurs, on est devenus acteurs ». Leur manager ajoutant très fier : « C’est le seul groupe non signé à jouer sur la grande scène ! ». Mais vite repris par un membre du groupe, « Faux, il y a Quadricolor aussi » et en ajoutant avec malice «  on est prêt à en découdre avec un public qui nous attendra forcément au tournant ». Une phrase qui déclencha un rire général dans l’assemblée.

Thomas Guillot

Crédit photo : Simon Cassol

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