« Résurgences, femmes en voie de resociabilisation », quand l’auteur de BD devient journaliste reporter


La boite à bulle
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/04/2010 PAR Piotr Czarzasty

Résultat ? C’est un vrai récit documentaire journalistique qui est sorti de la plume et du crayon de Sandrine Revel. Rigueur du noir et blanc pour une mise en page très souple se libérant des contraintes des cases, ce sont les bulles qui guident le cours de l’histoire. Relatées de manière très fidèle, le récit ne laisse rien échapper des étapes de la formation qu’un inventaire sur fond d’arbre évoque régulièrement tout le long du livre.

De la télé-réalité
L’album met avant tout l’accent sur la manière dont les 12 participantes arrivent ou non, à gérer la situation durant huit mois de formation pour retrouver un emploi ou créer son entreprise. Il rend compte, ainsi, de la méfiance et de la timidité des premières séances; des inquiétudes ou incertitudes, nombreuses, concernant le projet professionnel; des prises de tête des débuts, des crises de nerfs, des « engueulades »; mais aussi des moments de bonheur, de satisfaction et de regain de confiance qui se multiplient au fur et à mesure. Diversité des émotions qui évoquent souvent pour Sandrine Revel des scènes de télé-réalité. « Afin de prendre mon temps pour noter ce qui était dit, pour dessiner ces femmes, je me suis volontairement tenue à l’écart », avoue Sandrine Revel. « En adoptant cette stratégie je me suis aussi aperçue que je ressemblais de plus en plus à quelqu’un regardant un show de télé-réalité, avec big brother qui voyait certaines personnes quitter « le plateau » et d’autres y entrer ».

Au coeur des évènements
L’auteur ne peut cependant se limiter au rôle de pure observatrice. Elle a besoin d’en savoir plus, d’interroger ces femmes qui doivent devenir plus tard les héroïnes de son album. « C’était très dur pour moi », reconnaît-elle. « Avant je travaillais seule tranquillement dans mon atelier, j’étais enfermée dans ma bulle, j’étais bien; mais là j’ai dû complètement changer de méthode, je devais m’inclure dans l’expérience, j’étais obligée de m’ouvrir à ces femmes, de leur parler, poser des questions; ce qui m’a beaucoup aidé à sortir de mon état un peu « sauvage » ».

Une auteur-héroïne dans la peau… d’une souris
Sandrine Revel, tout en gardant son rôle principal de narrateur le long du récit, devient à son tour l’une des héroïnes de l’album volontairement transformée en souris au visage masqué. « Elle servait d’une part à montrer le caractère de mon rôle dans le groupe, donc d’une personne qui se fait toute petite, qui observe et qui veut éviter d’attirer l’attention; et puis d’autre part elle était tout simplement pour moi une astuce pour ne pas être obligée de me dessiner », explique Sandrine Revel.

Profondeur et épaisseur humaine
Le 9 avril dernier, Sandrine Revel a dédicacé son livre sur les lieux mêmes de son scénario, le CIDFF ou centre d’information sur les droits des femmes et des familles, soit 80m2 dévolus à des domaines d’intervention multiple pour un objectif commun : l’Égalité. Un service gratuit, confidentiel et ouvert à tous est ainsi dispensé sous forme d’information juridique, d’accompagnement vers l’emploi ou la création d’entreprise, de soutien psychologique ou d’actions contre les violences dans le couple,

Armelle, Julia, Marité, Zoulika étaient là, en chair et en os, pour témoigner de ce que ces huit mois avaient provoqué dans leur vie et l’impulsion que le stage leur avait permis de réaliser. Trace d’une aventure humaine au résultat imprimé à jamais grâce à une dessinatrice, dont le nom, à une lettre près donne le mot rêve.

Vous pouvez retrouver l’album « Resurgences… » aux Editions La boîte à bulles.

Piotr Czarzasty et Isabelle Camus

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