« Te Deum » – le nouvel album de Sagittarius, un hommage au compositeur bordelais Charles Levens


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/06/2008 PAR Piotr Czarzasty
Charles Levens, peu connu aujourd’hui, se classe néanmoins parmi les compositeurs les plus éminents de son temps. Né à Marseille en 1689, il fait une brillante carrière en tant que maître de musique à Toulouse et Vannes. C’est en 1739 qu’il s’installe à Bordeaux pour devenir maître de chapelle de la Cathédrale Saint André, un poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1764. Deux chefs-d’œuvre l’ont hissé au rang des grands compositeurs « provinciaux »: son interprétation originale de l’hymne traditionnel de louange et d’acclamation de Dieu « Te Deum », ainsi qu’un autre motet, « Deus Noster Refugium », plus classique, véritable consécration de l’artiste.

200 ans d’oubli
Chantés plus particulièrement à l’occasion de victoires militaires, naissances et mariages princiers ou du passage d’un membre de la famille royale, le Te Deum de Levens aurait été écrit pour le sacre de Louis XV en 1722. Il fut joué ensuite à la Cathédrale de Bordeaux sous la direction même du compositeur le 4 juin 1758, pour célébrer, cette fois, l’entrée en ville du gouverneur, le Maréchal du Plessis de Richelieu. Un dernier témoignage évoque la date du 12 août 1789, en pleine révolution, lorsque l’œuvre est rejouée dans l’église des Jacobins (maintenant Notre Dame) « dans l’espoir que la paix revienne dans le royaume » comme le rappelle Michel Laplénie. Il fallut attendre deux siècles pour l’entendre une nouvelle fois et ce grâce à Edith Deyris, qui est d’ailleurs, pour le moment, l’auteur de l’unique ouvrage consacré à Charles Levens. Sagittarius a décidé de reprendre le flambeau.

Le baroque, une passion
Cet intérêt particulier de Sagittarius pour un compositeur phare de musique baroque en Aquitaine ne vient pas seulement d’une rencontre plutôt inespérée avec Edith Deyris. C’est surtout le résultat d’une passion pour la musique baroque, un vrai domaine de prédilection pour cet ensemble vocal et son fondateur Michel Laplénie. Ce dernier, après des études de violon et d’allemand, s’oriente définitivement vers le chant baroque grâce à sa rencontre avec William Christie. En 1986 il crée son propre groupe vocal Sagittarius, du nom latinisé de Heinrich Schutz, maître absolu de la vocalité allemande du XVIIème.

La musique baroque repose sur un paradoxe selon l’artiste « …elle est éloignée dans le temps et arrive à trouver parallèlement un écho plus large. » Ce qui serait le résultat d’une grande marge de créativité offerte au compositeur. « C’est comme si on vous donnait un canevas de partitions, mais c’est à vous de décider si vous souhaitez 20, 40 choristes, un orchestre petit ou grand, des baritons ou des basses etc. » explique M. Laplénie. Un autre aspect important selon l’artiste est le sentiment de faire partie d’un « univers privilégié ». « C’est un esprit de famille et de grande solidarité qui règne dans ce milieu, une ambiance très conviviale. »

Entre virtuosité italienne et tradition provençale
Et Levens dans tout ça ? Nombreux sont ceux qui qualifieraient ses œuvres comme témoignages d’originalité, d’inventivité et de variété qui les démarque de Versailles. « Ce que j’ai aimé chez Levens c’est son tempérament du sud qui ressort dans ses compositions. » raconte M. Laplénie « son écriture est en même temps jouissive et optimiste ; d’une esthétique et virtuosité italiennes, en compagnie d’éléments populaires comme les rythmes de danse et de ballet, marqués par ses origines provençales. » L’enregistrement de « Te Deum » n’est d’ailleurs qu’une nouvelle étape dans une démarche de découverte du compositeur, entamée il y a quelques années.

C’est ainsi qu’en 2003 Sagittarius enregistre ses « Messes des Morts » et trois ans plus tard, à l’occasion du vingtième anniversaire de la formation, il jouent déjà « Te Deum » à Blaye et Bordeaux. Alors que son dernier album est en vente depuis plusieurs semaines, le public aura l’occasion de découvrir le groupe Sagittarius jouer la « Messe de Bordeaux » à l’église Sainte Croix, pour le 400ème anniversaire de la fondation de la ville de Québec, le 3 juillet prochain.

Piotr Czarzasty

 

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