Le Festival des Arts de Bordeaux Métropole cherche son paradis


FAB
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/10/2018 PAR Romain Béteille

Des paradis fiscaux à l’îlot culturel

Le paradis, ou plutôt les paradis. C’est la thématique principale choisie pour l’édition 2018 du FAB (Festival International des Arts de Bordeaux Métropole) dont les portes sont ouvertes jusqu’au 24 octobre prochain. L’occasion, autour d’une trentaine de spectacles (20 compagnies internationales et dix régionales), d’évoquer cette idée du bonheur rêvé, autant dans la dimension sociétale de sa recherche perpétuelle que purement philosophique. Mais cette idée de thématique n’est pas venue de nulle-part, comme le confirme Sylvie Violan, directrice du FAB. « Au départ, ce qui m’a intéressé, c’était les paradis fiscaux puisqu’on était en plein Panama Papers. En creusant, je me suis mis à penser à toutes sortes de paradis. Est-ce qu’il est perdu, encore à conquérir ? En perse ancien, le paradis définissait un jardin fermé, réservé à une élite en plein désert. C’était l’endroit derrière les murs, de tous les plaisirs. La question qui se pose aujourd’hui, c’est : peut-on continuer à chercher des paradis comme celui des Trente Glorieuses au détriment des autres populations ou de l’écologie. Est-ce que c’est tenable ? A travers les spectacles, on essaie de poser ces questions plutôt que d’y apporter des réponses. Les artistes sont toujours un peu à l’avant-garde des questions que l’on peut se poser, que ce soit autour des frontières comme l’an dernier ou du paradis cette année. Je pense qu’ils sont précurseurs et ont une façon de répondre aux questions qu’ils se posent qui va être foncièrement différente des autres ».

Un club pour les fédérer tous

Le paradis est ainsi recréé à travers le Club Paradiso, qui devient du 11 au 20 octobre le QG officiel du festival, le tout avec la complicité de l’IBoat. On y retrouvera des propositions aussi éclectiques que des DJ Sets, un marché des créateurs, un loto, un thé dansant, un spectacle de cabaret ou encore un vide-dressing, dans le décor très « années 20 » du chapiteau Magic Mirror, sur la Plaine des Sports du quartier Saint-Michel, une certaine notion de l’épicurisme à la Fab et de la diversité, qui réservera l’un des temps forts de l’évènement. En effet, l’installation « Bains Publics », pilotée en partenariat avec le Centre National des Arts de la Rue, est participative : bonnets, serviettes et maillots de bain seront de rigueur dans ce petit cocon urbain de balnéothérapie à la bougeotte facile  : déjà passé par Saint-Médard-en-Jalles début octobre ou Bessines-sur-Gartempe et La Rochelle en septembre, l’installation « Bains Publics » devient bordelaise entre le 11 et le 14 octobre. Cette proposition va d’ailleurs dans le sens de l’ouverture à un public plus familial et plus large, un choix plus qu’esthétique selon Sylvie Violan. « L’idée, c’est que les gens ne se retrouvent pas dans un endroit cloisonné avec une typologie de public particulière. On attend tout le monde, c’est aussi un endroit de rencontre où chacun va prendre ce qu’il voudra. Il y a une dizaine de propositions autour du paradis qui sont choisies ou « commandées », mais si beaucoup de spectacles ne sont pas centrés autour de cette thématique, ils parlent quand même de notre société ».

Société, tu m’auras pas

La société dans ses grandes largeurs et largesses, c’est bien là la thématique qui se dégage de la plupart des spectacles et rendez-vous proposés à l’occasion de ce cru 2018 du Fab. Qu’elle passe par la Belgique très personnelle et subversive de Jan Fabre (théâtre, danse et surréalisme) au Carré-Colonnes de Saint-Médard ou son interprétation de la mort au TnBA, qu’il s’agisse de la vision partagée qu’ont Catherine Marnas (directrice du TnBA) et le philosophe Guillaume Le Blanc de l’interprétation du monde contemporain que pourrait avoir le poète et réalisateur italien Pier Paolo Pasolini ou de la Supernova Trilogy (théâtre, danse, multimédia) traitant de l’emprise des nouvelles technologies sur notre monde (les fans de la série Black Mirror devraient y trouver leur compte), l’ensemble des propositions mises en avant par le Fab s’interrogent. Et elles le font même au-delà des frontières purement bordelaises, à travers une quinzaine de représentations étalées sur la métropole : qu’il s’agisse du domaine de Sybirol à Floirac, de la Cité Frugès de Pessac ou de l’Eglise de Saint-Aubin de Médoc, l’ouverture et le décloisonnement sont pris au mot. Le dernier point important à savoir, c’est que si l’ensemble des animations du Club Paradiso sont gratuites (sauf le spectacle de cabaret), seules cinq propositions sont gratuites, le reste des spectacles oscillant entre un tarif d’entrée compris entre quatre et trente-huit euros pour le spectacle de danse franco-japonais Triple Bill pour sa première tournée française (les 23 et 24 octobre au Pin Galant de Mérignac). Et pour les plus accros, il est possible d’acheter un pass (cinq euros) pour bénéficier de tarifs réduits sur la plupart des spectacles. A vous, maintenant, d’y trouver votre propre paradis.

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