Le « Trésor de Montesquieu » à la Bibliothèque de Bordeaux


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 10/07/2009 PAR Solène MÉRIC

Ainsi que l’a expliqué le Professeur Jean-Pierre Changeux, Président de la Commission des dations, lors de la conférence de l’après-midi : « la dation, est un dispositif fiscal, permettant, aux contribuable de s’acquitter des droits de certains impôts (droits de succession ou ISF par exemple) par paiement en nature et plus particulièrement en œuvres d’art de haute valeur artistique ou historique ». Par ce procédé l’Etat devient le propriétaire de l’œuvre d’art et s’assure ainsi du maintien du patrimoine culturel national à l’intérieur de ses frontières. Mais une fois la dation réalisée, l’Etat va devoir mettre l’œuvre en dépôt, soit dans un musée national, souvent situé à Paris, soit dans un musée d’une collectivité locale. Marie-Christine Labourdette, Directrice des Musées de France, insiste : « cette étape est très importante, le choix de tel ou tel lieu de dépôt relève de la cohérence entre aménagement du territoire et politique culturelle nationale. C’est ce qui permet par exemple de garantir l’attractivité des musées de Province ».

Bordeaux héritière du Trésor de Montesquieu
On comprend particulièrement la pertinence du système lorsque l’on constate que c’est grâce à la dation que Bordeaux s’est retrouvée héritière du « trésor Montesquieu », comme se plaît à le rappeler Catherine Volpilhac-Auger, enseignante à Normale Sup à Lyon et grande spécialiste de philosophe. Ce « trésor » est en réalité un fond documentaire exceptionnel qui composait la bibliothèque du Château de La Brède : des livres imprimés mais aussi des manuscrits de Montesquieu ou de ses secrétaires, ainsi que divers notes et brouillons du grand penseur. Cette histoire à épisodes remonte à 1993, date à laquelle la Comtesse de Chabanne, descendante du philosophe, choisit de régler son imposition sur les grandes fortunes en optant pour le procédé de la dation. De 1994 à 2004, elle va transférer 10 lots d’imprimés et de manuscrits issus de la bibliothèque du Château de La Brède vers la Bibliothèque de Bordeaux.

« Un moment important et émouvant »
A sa mort, la Comtesse lègue à Bordeaux toute la collection d’imprimés restant dans la bibliothèque mais ne précise rien pour les manuscrits. Ce sont alors ses héritiers qui, à leur tour, proposeront en dation un lot des 644 manuscrits non encore cédé à l’Etat, en lieu et place de leurs droits de succession. Cette proposition ayant été acceptée par l’Etat en 2008, c’est à la signature de la convention de dépôt de ces précieux manuscrits à la Bibliothèque municipale de Bordeaux, à laquelle on a pu assister hier en fin de journée. « Un moment important et émouvant » selon Dominique Schmitt, Préfet de la Région Aquitaine. Grâce à cette dernière procédure de dation, la bibliothèque du Château de La Brède retrouve son unité originelle, telle qu’elle avait été constituée par Montesquieu lui-même… mais désormais entre les murs de la Bibliothèque de Bordeaux!

Solène Méric

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