Le Musée de la Mer veut prendre le large


MMM
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 16/05/2018 PAR Romain Béteille

Monet, Monet, Monet

À entendre Norbert Fradin, le fait que le MMM soit situé dans le quartier maritime de Bordeaux, en pleine requalification, sonnait comme une évidence. « Ça paraissait cohérent d’avoir un lieu dédié à toute cette culture de la mer, d’autant qu’on ne va pas aborder un seul sujet mais plusieurs à travers des prismes particuliers, il y a en fait plusieurs musées dans le musée », énonce-t-il, volubile, devant l’entrée principale de ce qui ressemble encore pour l’instant à un vaste chantier dans lequel les ouvriers sont encore en pleine action. C’est que la pression monte un peu pour l’établissement qui se définit lui-même comme le « plus grand musée privé dédié à la mer et à la marine en France ». Le 15 juin prochain (en même temps que l’arrivée à Bordeaux de la Tall Ships Regatta), il ouvrira ses portes pour la première fois au public (du moins les 800 mètres carrés de l’auditorium et salle d’exposition temporaire) qui pourra y découvrir de nombreuses oeuvres de Monet prêtées par le Musée Marmottan jusqu’au 26 août. 41 tableaux, 13 dessins dont trois esquisses et dix caricatures et même des objets personnels de l’artiste, de sa palette à sa paire de lunettes en passant par… sa pipe. Pour les amateurs, sachez que les Nymphéas seront bien au rendez-vous, de même que « Le Train dans la neige » ou « Le Voilier. Effet du soir », le tout coordonné par l’historienne de l’art Marianne Mathieu. Les oeuvres du maître de l’impressionnisme ont été regroupées pour la première fois en France à Bordeaux (elles ont déjà été regroupées et exposées à Vancouver ou Rome notamment) sous la thématique de l’intimité, logique puisque la plupart des pièces étaient exposées au propre domicile du peinte. « Cela retracera une certaine évolution de sa peinture, jusqu’à cette espèce d’abstraction finale adoptée à la fin de sa vie. Certains tableaux font jusqu’à trois mètres de long », continue Norbert Fradin entre deux cloisons temporaires. 

C’est pas l’homme qui prend la mer…

Le peintre ne sera pas la seule star, à terme, du MMM, puisque l’univers de la mer et de la marine y seront bien sûr convoqués. « On y retracera l’Histoire de la navigation de la Préhistoire jusqu’à nos jours, de la constitution des empires jusqu’aux évolutions technologiques actuelles avec les bateaux à hydrogène autonomes. On s’intéressera aussi à l’archéologie sous-marine, à la conquête des mers, à l’histoire de la plaisance et des courses… Un étage sera dédié aux océans autour de travaux réalisés en partenariat avec des historiens, notamment de l’Université de Bordeaux, de la Rochelle ou de la Sorbonne, qui font partie du comité scientifique du Musée. Nous sommes aussi en train de nouer un partenariat avec l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) et le laboratoire EPOC (Environnement et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux) autour de l’actualité de la mer, que l’on n’a longtemps vu qu’en surface, pour porter à la connaissance du public tout le suivi des découvertes et les enjeux écologiques de la protection des océans. On n’est pas là pour faire de l’écologie de bazar mais essayer de faire toucher au public les réalités de ce grand milieu naturel », décrit ainsi Norbert Fradin. Transversal, donc.

On se résume : le MMM, ce sera, à terme, 13 000 mètres carrés dont 6500 dédiés à des salles d’exposition au sein de laquelle on retrouvera un aspect autant muséal que scientifique. Au sein de la partie « histoire de la navigation », que l’on retrouvera au rez-de-chaussée et au premier étage, pas moins de 10 000 pièces, en incluant la réserve, sont attendues pour tenter de retracer cette relation entre l’homme et la mer. Le deuxième étage consacré à la découverte des océans, proposera des recherches modelisées accessibles à tous et permettra aux visiteurs de découvrir les fonds marins pris sous tous les angles par des explorateurs et des navigateurs du monde entier. Un espace « Course au large » (salle de 800 mètres carrés) est aussi prévu, dans lequel on pourra retrouver le navire China Team, long de 25 mètres, ancien navire aux couleurs françaises ayant disputé plusieurs fois la Coupe de l’America. Le navire servira de symbole central pour découvrir les régates et compétitions, en solitaire ou en équipe. Mais le China Team ne sera pas le seul navire à être convoqué : dans une partie hors-les murs, plusieurs navires emblématiques seront mis à l’eau aux Bassins-à-Flots (une vingtaine en tout) dont certains ont éré restaurés et réhabilités, notamment en partenariat avec la Fondation Hermione ou l’Aérocampus (Le « Cupidon Fou », par exemple, a été restauré à Rochefort dans les formes de radoub ayant servi à celle de l’Hermione).


Comme le confie encore Norbert Fradin, le Musée de la Mer et de la Marine ne compte pas rester uniquement à Bordeaux: une antenne extérieure est prévue en juin 2019 au coeur de la Citadelle de Blaye (plus précisément dans l’ancien Pavillon du gouverneur), dont le programme devrait être adapté et consacré, grâce à l’aide d’associations locales, à la vie de l’estuaire. Et comme ci cela n’était pas déjà assez riche, le musée permettra d’accueillir de nombreux évènements extérieurs : projections de films, rencontres, conférences ou simple déambulation dans ses « jardins suspendus » (3000 mètres carrés sur un plan incliné à plusieurs niveaux offrant une vue panoramique sur le quartier). L’intégralité du troisième étage sera d’ailleurs proposé à la location pour des évènements professionnels ou privés, et un restaurant devrait être inauguré à la fin de l’année 2019, avec en cuisine Vivien Durand, débauché du restaurant étoilé Le Prince Noir, à Lormont. Bref, il y aura de quoi faire. Et même si le chantier, de l’aveu même de son mécène, sera probablement arrêté pendant les deux mois d’été pour accueillir le public dans de bonnes conditions au sein de l’exposition Monet, il reste encore fort à faire pour que l’ouvrage puisse être terminé dans les temps. Le MMM aura-t-il autant de succès que la Cité du Vin ? Réponse en 2019, pour la cinquantaine de personnes qui y travailleront autant que pour le public…

L’info en plus : Si le tarif d’entrée du Musée dans son entièreté n’est pas encore connu, on sait déjà qu’il faudra débourser quinze euros pour profiter de l’exposition temporaire consacrée à Monet, du 15 juin au 26 août (dix euros en tarif réduit et gratuit pour les moins de sept ans). Le Musée sera même ouvert en nocturne le jeudi et le samedi tout l’été entre 10h et 21h. 

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