Autour de Karfa Sira Diallo, président de Mémoires et Partages, l’association souhaitait mettre en lumière un événement trop souvent oublié de l’histoire française, le naufrage du paquebot « L’Afrique » le 9 janvier 1920. Ce jour-là, 602 personnes quittent Bordeaux, dont 200 tirailleurs sénégalais qui viennent à peine d’être démobilisés, un an après l’armistice de la Première Guerre Mondiale. Deux jours plus tard, l’eau s’engouffre dans le bateau et engendre la mise à l’eau des canots de sauvetage. Mais peu de passagers embarquent sur ces canots et on dénombre seulement 34 rescapés à l’issue de la catastrophe. Surnommé le « Titanic français », ce paquebot reste le théâtre du plus grand naufrage français.
Une fiction pour se souvenir
99 ans jour pour jour après le naufrage, la librairie Georges à Talence accueillait ainsi l’écrivain Nicolas Michel, prix Goncourt du premier roman en 1999. Son dernier ouvrage, « Le chant noir des baleines », raconte l’histoire de Tierno, tirailleur sénégalais qui, à la suite du naufrage, s’échoue sur la plage de Saint-Clément-des-Baleines, sur l’île de Ré. Il y rencontre le jeune Léon, orphelin de père. Une véritable amitié va naître entre les deux personnages, qui vont chacun apprendre de l’histoire de l’autre.
A travers sa fiction, Nicolas Michel souhaitait relater un événement historique, tout en restant à sa place d’auteur : « Mes romans ont toujours un décor historique pour appuyer la fiction, mais je n’écris pas pour raconter l’histoire ». Une tragédie qui fait également écho à la problématique actuelle des migrants, « j’écris en connaissance des problématiques du XXIe siècle », admet Nicolas Michel.
Le 12 janvier, en présence de Roland Mornet, seul historien à avoir travaillé sur la catastrophe, l’association de Karfa Sira Diallo proposait également une conférence au musée Mer Marine de Bordeaux. « C’est un lieu essentiel, qui évoque notre histoire maritime, c’est très important qu’il y ait un travail en partenariat avec ce musée ». L’an prochain, le centenaire du naufrage du paquebot « L’Afrique » sera l’occasion pour Mémoires et Partages de se souvenir toujours plus d’un drame trop souvent oublié.