Le nouveau visage du rock bordelais


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/01/2009 PAR Joël AUBERT

Julien Louvel est membre de l’association Let’s panic later, l’une de ces petites associations qui portent à bout de bras le rock à la bordelaise. Et dans le milieu bordelais, ces acteurs-là s’opposent aux entreprises que sont la Rock School Barbey ou le Krakatoa de Talence. Tous les styles sont représentés à Bordeaux, pourvu que chaque groupe emprunte la couleur locale du rock bordelais. Paroles de musiciens et d’organisateurs.
Il y a un terrain sur lequel les acteurs des deux clans ne cesseront de se battre : le financement. « La tradition rock se perd. Cette ville de droite n’aide pas les bons. C’est à se demander comment Noir Désir a pu exister ici ? Alors que nous on a vraiment du mal à s’en sortir », s’interroge Lewis Tuersley, le chanteur d’Osso Bucco. Alors que la Rock School Barbey reçoit des subventions pour ses projets culturel et pédagogique, les petites associations se solidarisent, faute de budget, pour continuer d’exister. Avec pour lot commun : communication « sous-terraine », économies de bout de chandelle et bénévolat à temps plein. « Mais l’indépendance de fonds publics a son avantage : c’est parce qu’elle est autonome que la scène bordelaise est vivante. On est d’autant plus motivée », ajoute le bénévole de Let’s panic late

Underground
Souci d’organisation interne ? C’est ce qu’on croit. Mais c’est oublier que le rock bordelais évolue avec l’action de promotion des associations. C’est avec Bordeaux rock que la nouvelle vague « teenagers » de 18 à 20 ans parcourt les scènes. Quant àl’identité rock bordelaise « elle fonctionne plus par les lieux que par les scènes, en fonction des endroits où les groupes répètent souvent », précise Julien Louvel. Ça, les musiciens le doivent aux salariés de l’ « underground ». Mais leur manque de moyens les pousse aussi à rentabiliser leur salle rock, coûte que coûte. « Quand on veut être trop socialiste et donner sa chance à tout le monde, on fait de la merde. Il y a des groupes qui ne sont pas bons, mais l’avantage c’est qu’ils ne sont pas chers. Et comme il faut remplir les caisses, certains les font venir tous les soirs. Celui qui passe là, par hasard, finit par croire que le rock à Bordeaux, c’est bof ». Le chanteur anglais d’Osso Bucco est amer. Selon lui, il manque au milieu rock bordelais du professionnalisme.

Couleur locale

Osso Bucco« Nous, c’est la promotion du rock de Bordeaux. Tous les six mois, on sort un disque de l’actu du rock, avec 15 nouveaux groupes à chaque fois. Je ne connais pas beaucoup de ville où il y a ce rendement-là ». Selon l’association Bordeaux Rock, il y a entre 300 et 400 groupes qui tournent dans les bars bordelais. Un bon rendement, oui. Mais différent, dans le style, de celui des années 80. « Il n’y a plus ce côté rebelle que j’ai pu connaître. Avec mon groupe, on était prêt à en découdre avec les flics. Aujourd’hui, les jeunes font du rock par identification à un type de culture », explique Denis Fouquet, l’auteur de Bordeaux Rock(s) : 1960-2005 et spécialiste de la question. Et puis il y a l’enracinement bordelais maintenant compromis, les groupes étant de plus en plus mobiles. « Certains se détournent de la marque bordelaise, d’autres le revendiquent par réflexe identitaire parce que le rock fait partie de la culture locale », continue l’auteur.
Explosion. Comme celle provoquée par le mélange des différents courants musicaux. « On est dans une période de fusion entre différents styles. La tradition rock, dans tout ça, est en mouvance. Le métissage de la scène y est pour beaucoup : il y a souvent cinq groupes par soir. Avant, on appelait ça un festival », ajoute-t-il. La culture rock bordelaise, indescriptible, est intouchable. Mais sa musique? Reste à vérifier.

Virginie Wojtkowski

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