Le « lion » de La Bastide, les fées de Carbon-blanc… Dans le courant des années 2000, la Cub avait déjà présenté un programme d’installation de plusieurs oeuvres contemporaines le long des lignes de tramway. Certaines sont devenus incontournables, d’autres sont plus décriées, mais elles ont le mérite d’être là. Ce lundi 1er décembre, le comité de pilotage et quelques artistes se sont réunis au CAPC de Bordeaux pour présenter quelques unes des oeuvres du prochain programme de la Cub (qui s’étale entre 2015 et 2018 et réunit une quinzaine d’artistes) d’installation d’oeuvres d’art contemporaines, qui devraient s’installer le long de la Garonne.
Soucoupes volantes et orgues à vapeurParmi les projets présentés, on peut citer le « triptyque » entre science et fiction de l’américaine Suzanne Treister, qui a prévu d’installer un VRIL (sorte de gigantesque soucoupe volante de 15 mètres de diamètre) le long des bassins à flots, à Bacalan ou encore un étrange pavillon octogonal vert de 6 mètres de haut qui rendrait hommage aux ouvrages du philosophe Jacques Ellul, avec un puits situé au milieu du pavillon. Enfin, l’artiste américaine devrait également réaménager l’observatoire de Floirac à la gloire de la science fiction, avec la mise en place de 6 vitrines en bois contenant des livres fantastiques, et d’un télescope pour pouvoir s’immerger au coeur des étoiles.
Plus terre-à-terre mais non moins intriguant, l’oeuvre de l’artiste parisienne Bettina Samson : une orgue qui fonctionnerait grâce aux rejets de vapeur de l’usine d’incinération voisine à Bègles, qui jouerait de la musique deux fois par jour au rythme des marées. Une sorte de sculpture sonore, dont l’artiste explique l’inspiration : « ce projet sera posé sur une structure métallique de 4 mètres de haut, et l’orgue sera composé de 36 sifflets qui couvriront 3 octaves. Cela donnera une musique grave, assez sonore, qui évoque les bateaux à vapeur et fait ainsi un parallèle entre 2 fleuves : la Garonne et le Mississipi. Cela s’inspire aussi de la musique des « brass-band » de la Nouvelle-Orléans ». Une oeuvre qui, selon Michel Duchène, vice-président de la Cub chargé des projets d’aménagement urbain, « apporte une certaine forme de poésie dans une zone industrielle qui ne s’y prête pas forcément ».
Un programme plurielD’autres pistes ont également été évoquées, notamment la réalisation de deux films produits par la maison de production locale Dublin Films. Le premier raconte l’histoire d’un poète étranger qui arrive à Bordeaux, et s’inspire de l’histoire du poète Holderlin. Il mobilisera une équipe d’une vingtaine de personnes et devrait être tourné entre avril et mai. Le second long-métrage en projet est basé sur le texte de « L’île des esclaves » de Marivaux, et sera tourné dès avril prochain sur l’ïle de Trompeloup (à environ 8 kilomètres de Pauillac, en Gironde). Originalité de l’artiste, Peter Friedl : pour l’instant, aucun scénario n’a été écrit, et il devrait s’inspirer du casting et des répétitions, qui devrait réunir 5 rôles castés en Aquitaine, soit en casting sauvage, soit au moyen de personnalités à contre-emploi (ainsi, Bertrand Cantat fait notamment partie du casting potentiel). Autre artiste en lice pour le projet, Danica Dakic travaille sur les « légendes urbaines » et pourrait les mettre en scène… sur un cargo-vraquier.
Pour Michel Duchène, le but d’un tel programme reste clair : « Il vise à transformer l’espace public pour lui donner un petit supplément d’âme à travers des oeuvres perturbantes, fortes ». Le 19 décembre, les deux propositions de longs-métrages de Peter Friedl et Simohammed Fettaka seront présentés au Conseil de la Cub. La mise en oeuvre du programme Garonne, destinée à « s’étaler dans le temps » selon Catherine David, qui participe au comité de pilotage, devrait s’effectuer entre 2015 et 2018. « Dans le contexte actuel de politique culturelle, décrit-t-elle, beaucoup de communes ont tendance à privilégier l’évènementiel, qui dure 3 mois mais qui reste éphémère. Garonne est un projet à long terme ». Reste à savoir si les futures oeuvres éveilleront la « sensibilité artistique » des riverains, qui reste, elle aussi, durablement subjective.