Lectures du Vendredi : Les tabous de Bordeaux aux éditions du Festin


Editions Le Festin
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 19/11/2010 PAR Olivier Darrioumerle

Durant des décennies, la bourgeoisie du Port de la Lune n’a pas investi directement dans la traite négrière. C’est vrai, mais certaines familles exploitaient des esclaves noirs dans leurs plantations outre-mer et vendaient le sucre et le rhum à Bordeaux. On s’arrange. De la mémoire sélective au silence consensuel. Le cas d’Adrien Marquet est un exemple du genre dans l’histoire de Bordeaux. Cet illustre inconnu ne fut autre que le maire de Bordeaux de 1925 à 1944, « trois ans de trop », et le ministre de l’Intérieur sous Pétain de Juillet à Septembre 1940, « trois mois de trop ». Mais Adrien Marquet est tombé dans l’oubli. Pas une rue, place ou bâtiment ne porte son nom. Par contre, « Bordeaux, la cité sans sa propre résistance, donne plus de noms de résistants à ses rues qu’aucune autre ville française de sa taille » , remarque un journaliste américain venu jauger l’opinion française lors du procès Papon. C’est un général de la Résistance sans connexions locales, Jacques Chaban-Delmas, qui viendra sceller les secrets.  

Il faut y aller !
« Tout ça on le sait bien, ça a déjà été dit ! » , arguent de savoir les collègues d’Hubert Bonin. « Mais qui l’a écrit ? » , s’étonne-t-il. Inutile de préciser que le professeur d’histoire économique à l’Institut d’Etudes Politiques, et chercheur à Bordeaux IV,ne s’est pas fait que des amis. C’est du passé, mais on ferme les chariots en cercle. Il reste les petites connivences et l’unanimisme d’un système notabiliaire. 
Hubert Bonin a réuni des éléments d’histoire «par petits morceaux en une dizaine d’années» . Des éléments d’une histoire qui n’a pas été construite. Et même si les tabous se brisent aujourd’hui, il reste du travail. Par exemple, les relations d’affaires du système Chaban ou la droite extrême à Bordeaux. Hubert Bonin regrette l’absence de certains pôles de recherche à l’université, constatant le naufrage des sciences humaines. Néanmoins, un vent d’espoir souffle Cours Pasteur. Là-bas, François Hubert, le nouveau directeur du Musée d’Aquitaine, veut rénover; c’est l’occasion de relancer des recherches. Quelques jeunes retraités, vieux thésards ou simples rats de bibliothèques s’aventurent encore dans des travaux d’Histoire. Et voilà Hubert Bonin relançant son cri de ralliement : « des stocks d’archives existent ! Il faut y aller ! »

Les Tabous de Bordeaux, Hubert Bonin, 20 euros; www.lefestin.net

Olivier Darrioumerle

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